cerai ici les observations que j ’ai pu faire et les renseignements
que j ’ai pu recueillir sur l’histoire du Sistan,
sur son lac, sur l’Hirmend et les Béloutches.
En lisant les historiens d’Alexandre, et en comparant
leurs récits aux notions géographiques que nous
possédons actuellement, il est bien difficile de les faire
concorder exactement ensemble. La difficulté de déterminer
la portion de territoire occupée par tel ou tel
peuple ancien est d’autant plus grande qu’il n ’est resté
sur le sol aucun vestige qui puisse servir de preuve à
l’appui, et ce n’est que par induction que l’on arrive à
un résultat souvent douteux. Le Sistan ne fait point
exception à cette règle, et là, peut-être plus que partout
ailleurs, on en est réduit à des suppositions très-
vagues sur les populations comme sur le pays habité
par elles. La moitié appartient aujourd’hui à la race
béloutche, l’autre moitié se compose en majorité de
tribus afghanes et arabes et de quelques familles
turkes et mêmes kurdes, qui ont été poussées là par
le flot des révolutions. Des modifications de race sont
certainement résultées de cet amalgame ; mais on
peut pourtant, sans crainte de rien hasarder, mettre
les populations des trois dernières races dont il vient
d’être question en dehors de celles qui habitaient le
Sistan au temps d’Alexandre. Il resterait alors les
Afghans et les Béloutches, et la difficulté serait encore
grande pour déterminer avec certitude lequel de ces
deux peuples était les Zarangéens ou Dranglies, les
Agriaspes ou les Arrachosiens.—Arrien dit ; « En
« quittant Artakoana (Hérat), où il était allé réprimer la
« révolte de Saribarzàne, Alexandre rejoignit son
« armée, alors commandée par Craterus,et vint direc-
« tement à la capitale des Zarangéens.» Voilà tout
ce que nous dit cet historien sur cette ville importante.
Parmi les auteurs modernes, d’Herbelot est un
peu moins obscur. — « C’est, dit-il en parlant de Za
« rangoe, une ville peuplée et marchande de la pro-
« vince de Sistan. Yacoub-ben-Leïs y fit conduire
« des eaux par plusieurs canaux qu’il fit creuser,
« en sorte que la ville abonde en toute espèce de
« denrées et de marchandises, quoique le sol soit slé-
« rile el inculte.» Le récit d’Arrien indique que le pays
des Zarangéens était limitrophe de celui des Ariens,
et, par conséquent, placé au Sud de la ville de F errah;
mais rien, dans ce qu’il dit, ne peut déterminer la
position de leur capitale. On peut donc la chercher
dans le cercle assez étendu des ruines que j’ai indiquées
plus haut, ou bien dans les localités qui ont encore
aujourd’hui un peu d’importance, comme Cheïkh-
Nassour, Lâch, Djiànc-Abad, Dechtak et Sékoukèh. La
version de d’Herbelot laisse supposer qu’elle était
éloignée des rivières, sans cela il eût été inutile de
faire creuser des canaux pour y amener l’eau, qu’on
ne pouvait tirer de son sol stérile et aride; ces derniers
mots doivent naturellement éloigner la pensée qu elle
pouvait être enclavée dans le delta formé par les d iverses
branches de l’Hirmend, près de leur embouchure
dans le lac. Nulle ville ne répond mieux à
ce que dit d’Herbelot que la forteresse de Sékoukèh.
Quant aux anciennes villes de Ram, de Prophtésia
et autres, il est encore plus difficile de dire si ce
furent des cités distinctes de Zarangoe,ou seulement