
vernement avec sa fermeté toule 'virile; mais, étant
mal secondée par des chefs ambitieux, il lui fut
impossible de ramener Tordre dans le pays, et ne
pouvant plus s’opposer à une prise d’armes contre les
Anglais, prise d’armes réclamée avec furie par les
troupes, elle dut la souffrir pour préservei sa
propre vie et celle de son fils. Le moment était arrivé
où les destinées du Pindj-âb allaient enfin s accomplir.
Ces événements avaient lieu en partie avant et pendant
mon séjour à Kandahar ; voici ceux qui suivirent
mon départ de ces contrées :
Les Siks, ayant traversé le Sutlège pendant le mois
de décembre suivant pour attaquer les Anglais, furent
battus et acculés par ceux-ci contre cette rivière, près
de Sobraon : ils opérèrent leur retraite en désordre
après avoir perdu beaucoup de monde. L’armée
hindo-britannique entra dans Lahor, sans rencontrer
de nouvelle résistance ; alors s’opéra la première
phase de l'asservissement de cette nation si fière
et si hostile aux Anglais. Ceux-ci, afin de se donner
jusqu’au bout les apparences, fort bien conservées
jusque-là, de la modération, ne se posèrent
d’abord simplement qu’en protecteurs de la royauté
et en pacificateurs du pays. Dhalip-Sing fut maintenu
au souverain pouvoir et pourvu de ministres de sa
nation ; mais leur nomination étant subordonnée au
bon plaisir des Anglais, il en résulta que le résident
britannique à Lahor devait être et fut en effet 1 o rdonnateur
suprême de toutes les mesures gouvernementales.
L’armée réorganisée dut être exclusivement
commandée par des officiers anglais *, e t,
comme le vieux Serdar Goulab-Sing avait eu l’adresse
de se conserver l’amitié des protecteurs, on lui donna
le gouvernement indépendant du Kachmir, à la condition
de payer annuellement, et seulement pour
constater une espèce de vassalité, un impôt d’un
châle et d’une chèvre. Cette province était aussi difficile
à envahir qu’à conserver, et les Anglais avaient
bien déjà assez de besogne dans le Pindj-âb, sans aller
là en chercher de nouvelle ; Goulab-Sing servit donc
de moyen mixte pour établir des droits de souveraineté
sur le Kachmir, en attendant qu on fût en mesui e
de réduire cette province, comme le Pindj-âb, à un
complet état d’esclavage.
Il était évident qu’un peuple aussi irrité que
Tétaient les Siks contre les Anglais ne pouvait que
tourner contre eux le reste de liberté dont on le laissait
jouir; aussi les agents britanniques vécurent-ils
pendant deux ans au milieu d’une agitation continuelle,
ce qui ne déplaisait pas trop à leurs vues secrètes.
Ils laissaient faire, mais sans se départir de
la vigilance nécessaire en pareil cas. Pourtant, et
afin de ne pas paraître trop faibles, la reine Chauda,
surprise par eux en flagrant délit de conspiration, fut
exilée et le bruit courut bientôt après qu’elle était
1 M. Ferrier se trompe sur ce point. 11 est vrai que les officiers
étrangers avaient été forcés de quitter ou avaient abandonné
d’eux-mêmes l'armée des Siks, mais il n’y eut point d officiers
anglais mis à leur place à la tête des bataillons. Les
troupes furent dès lors commandées par des natifs du Pindj-âb,
en qui le Durbar avait mis toute sa confiance —L.