
tion avait amené la connaissance de ce fait aux habitants
du pays, et ils ont été à même d’en vérifier une
fois l’exactitude depuis le commencement de ce siècle.
Un fossé sec, large et profond, qui peut être
inondé au besoin, défend les approches de cette fortification.
La citadelle occupe l’angle Nord de la place.
La ville n’a que deux portes d’entrée : celle de Hérat,
située au centre de la face du Nord, et celle de Kanda-
har, placée en droite ligne, vis-à-vis, du côté du Sud.
Les chroniques écrites et les traditions conservées
dans la contrée s’accordent à reconnaître que Ferrah
a été une ville très-ancienne et très-florissante
jusqu au jour où elle fut saccagée par le Tartare
Djenghiz-Khan, qui détruisit ses habitations de fond
en comble. Mais ses fortifications, aussi solides alors
qu’aujourd’hui, résistèrent à tous les efforts tentés
pour les anéantir. Ce conquérant fit quartier à plusieurs
centaines de familles et les transporta à une
heure plus au Nord, sur la rive droite et à une demi-
heure du Ferrah-Roud. A en juger par les ruines assez
considérables qui existent aujourd’hui à cet endroit,
la nouvelle ville qui s’éleva alors devait avoir un immense
développement. La citadelle et plusieurs autres
fortifications, ses dépendances, sont encore debout
et couronnent une éminence de terres rapportées ;
mais les habitations sont toutes ruinées ; le sol est
envahi par d’épaisses broussailles, qui recèlent une
grande quantité de gibier, particulièrement des
lièvres, des francolins et autres variétés de perdrix.
D’énormes briques, en terre cuite au four, ayant
près d’un mètre sur chaque face et huit centimètres
d’épaisseur, sont éparses çà et là autour de la citadelle.
Leur origine est certainement très-antérieure
à celle de la ville, comme l’indiquent les inscriptions
cunéiformes1 dont elles sont couvertes. Elles appartenaient
sans doute à des monuments de l’ancienne
cité, dont les débris furent utilisés dans la forteresse
construite par Djenghiz. La nouvelle ville s’agrandit
rapidement ét fut l’une des plus imporlantes du
Sistan,.jusqu’au jour où le grand Châh-Abbas, Séfévi,
vint en faire le siège. Elle lui résista longtemps avant
d’être prise de vive force, et fut démantelée; sa population
rentra alors dans la vieille ville, dont les fortifications
étaient toujours en très-bon état, et les malheurs
attirés sur elle par la guerre firent bientôt
place à la richesse et à l’abondance. Elle prospéra
jusqu’à la chute de la dynastie des Séféviyès. Avant
même de l’avoir complètement renversée, Nader-Châh
soumit cette place à sa domination. Le siège fut long
et meurtrier. Ferrah y perdit les deux tiers de sa
population. On voit encore à la base intérieure de l’é-
paulement une quantité de niches enfumées, creusées
par les assiégés avec des peines infinies, pour s’abriter
contre les bombes lancées par l’artillerie de Nader-
Châh. A l’extérieur de Fa ville, à peu de distance de
l’angle Nord de la place, on voit aussi deux énormes
* L’existence de briques couvertes de caractères cunéiformes
à Ferrah est une découverte très-importante, et l’auteur de ce
livre est le seul voyageur qui en fasse mention. La grandeur de
ces briques est aussi remarquable. Le seul endroit où l’on en ait
trouvé de cette dimension, c’est à Kalah, autrement dit à Nim-
roud, dans les cuisines du palais de Sardanapale.~Ed.