
de lui, parce que sa morale est par trop facile. Si la
force du préjugé ou de l’habitude le porte à respecter
l’étranger sous sa tente, il oublie la qualité d’hôte dès
qu’on a quitté son toit, et il considère comme très-
légitime de dépouiller, à deux heures de son logis,
celui qui le matin encore y recevait l’hospitalité.
Narbend 1. — 20 juillet. — Parcours de 12 farsangs,
à travers un steppe désert où l’eau est fort rare.
Deux ou trois villages et quelques tentes sont tout
ce qu’on y rencontre. Un peu après le lever du soleil
nous arrivâmes à Narbend, moulin situé sur un
petit cours d’eau saumâtre.
Parsi. — 20 juillet.—4 farsangs de distance. Après
nous être reposés deux heures à Narbend, nous allâmes
à Parsi, gros campement de nomades Eïmaks,
autour de quelques maisons en terre. On trouve des
ruines modernes considérables dans les environs.
Hérat. — 21 juillet. — Marche de 11 farsangs. Nous
cheminâmes presque toute la nuit dans des montagnes
assez basses, et ne traversâmes point sans difficulté
la rivière d’Adreskian-Roud. Au point du jour,
un massif d’arbres se dessina au loin dans la plaine ;
neuf minarets et une coupole, situés au milieu de
cette forêt, nous révélèrent Hérat, où nous arrivâmes
à sept heures du matin. Le domestique du Serdar,
qui avait pris une heure ou deux d’avance sur moi,
pour aller prévenir le Yézir-Saheb de mon arrivée,
m’attendait à la porte de la ville et me conduisit de
nouveau chez le Sertip, ainsi qu’il en avait reçu l’ori
C’est-à-dire l'ormeau sauvage.
dre. Qui m’aurait dit un mois plus tôt que je reviendrais
dans ma prison ?
Un moment après mon arrivée, le Sertip La’I-Mé-
hémed-Khan vint me faire visite et se montra très-
affectueux pour moi. Il était accompagné d’un mirza
(secrétaire) du Vézir-Saheb, auquel je devais communiquer
les incidents de mon voyage. Après avoir pris
note de toutes mes réponses, ce secrétaire alla les
soumettre à son maître. J’attendis avec anxiété que
celui-ci eût décidé quelle conduite il tiendrait à mon
égard, car les mesures de précaution dont on m’avait
entouré lors de mon prèmier passage furent
de nouveau mises en pratique. Le Sertip ne revint
cependant que vers le soir ; il m’apportait l’heureuse
nouvelle que Yar-Méhémed-Khan, bien informé des
motifs de la guerre existant entre les chefs de
Khoulm et de Kaboul, avait admis la sincérité de toutes
mes déclarations, et m’autorisait en conséquence à
continuer mon voyage vers l’Inde. Le Sertip fit aus-
J sitôt retirer le piquet d’infanterie chargé de .me gar-
I d e r , et me prévint qu’à dater de ce morne ,it j ’étais
■ libre de sortir quand je le voudrais, sans être accom-
K pagné, car le Yézir-Saheb me considérait comme un de
■ses amis. Ce furent effectivement les mêmes paroles
■ que ce prince eut l’obligeance de me répéter quand
I j allai le voir une heure après. Il approuva la résolu-
jtion où j ’étais de continuer mon voyage par Kandahar
■et Kaboul, et me promit des lettres de recommanda-
ition pour les souverains de ces principautés ; il ajouta
toutefois : « Laissez-leur ignorer le voyage que vous
1« venez de faire dans le Turkestan et la Paropami