
sa continuation. Du reste, toutes les ruines éparses
autour du lac et sur les bords du fleuve peuvent également
les représenter.
Du pays des Zarangéens, Alexandre passa dans celui
des Agriaspes, où, dit Quinte-Curce, il séjourna deux
mois. Pour rester aussi longtemps dans cette contrée,
il la fallait suffisamment fertile et approvisionnée
pour fournir aux besoins de son armée. Les déserts du
Sistan se sont certainement étendus plutôt que réduits
depuis cette époque : on peut donc en conclure que le
seul pays dont les ressources n’aient pas diminué,
depuis qu’il a suffi à l’alimentation de l’armée
d’Alexandre, se trouve sur les bords de l’Hirmend,
entre Mala-Khan et Girishk. C’est donc là qu’il
faudrait placer le pays des Agriaspes, dont celui
des Arrachosians serait la continuation en courant
vers le Sud et l’Est jusqu’à la mer d’Oman et l’Indus.
Quant aux Dranghes, leur position serait peut-être
un peu plus difficile à déterminer, pourtant on
pourrait leur assigner avec quelque probabilité les
districts de Bakoua, de Gulistan et de Wachir. Pour
ce qui est des Agriaspes, il reste à dire que s’ils sont
les ancêtres de ces Béloutches établis aujourd’hui aux
lieux qu’ils habitaient, il n ’y a pas de contrée où les
siècles aient plus profondément transformé les moeurs
d’une population. Arrien dit qu’on les surnommait
évergètes ou bienfaiteurs, parce qu’ils avaient secouru
Cyrus, fils de Cambyse, dans son expédition
contre les Scythes (Skythes) et qu’Alexandre les traita
avec distinction en mémoire de la conduite de leurs
aïeux et par égard pou rieurs institutions. « En effet,
« ajoute-t-il, ces peuples ne vivent point comme des
« barbares ; mais, à l’exemple des Grecs civilisés, ils
« connaissent la justice. Alexandre leur accorda la li-
« berté et le territoire qu’ils voudraient lui deman-
« der : ils n ’en choisirent qu’une très-petite étendue.»
Aujourd’hui c’est bien différent. Là où jadis régnaient
la justice et la civilisation, on ne trouve plus qu’a narchie;
chacun y vit à sa guise, n’obéissant qu’aux
instincts d’une nature barbare, ignorante et perverse.
Le Sistan est un pays plat, coupé çà et là par des
collines peu élevées. Un tiers de sa surface se com -
pose de sables mouvants et les deux autres sont formés
de sables compactes, mêlés d’une petite partie d’argile,
très-riches en humus et couverts de bois de
tamariscs, de saghès, de tag et de roseaux, au milieu
desquels pousse une herbe abondante. Ces bois se
trouvent surtout dans la partie centrale de cette province,
qui est traversée par le fleuve Hirmend et ses
affluents. Les détritus et le limon qu’ils déposent sur
le sol pendant la saison des inondations le fertilisent
d’une prodigieuse manière ; il en a probablement été
ainsi de tout temps, du moins les nombreuses ruines
dont leurs rives sont jonchées suffiraient pour le faire
croire. Celles de l’Hirmend sont cultivées de chaque
côté sur une largeur de 2 kilomètres, depuis Girishk
jusqu’à Mala-Khan, n a is depuis cet endroit jusqu’à
la tour d’Alem-Dar, il n’y a guère que des prairies
et plus de bois que de cultures. Le Serdar de Kandahar
a soumis à sa domination la partie du Sistan comprise
entre Kaléhi-Bist et Roud-Bar; celle qui y fait suite,
jusqu’à Alem-Dar, est un sujet de discordes incessantes
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