
autant sa partialité pour celui-ci que pour Méhèmed-
Akbar-Khan. Aussi, par un sentiment d’opposition
facile à concevoir, affichent-ils ouvertement leurs
sympathies pour Méhémed-Efzel-Khan, qui représente
à leurs yeux le parti du peuple par sa mère et celui
de la noblesse par son père. Efzel-Khan, sentant très-
bien tous les avantages de sa position, s’est posé en
homme sérieux. On vante beaucoup son intelligence,
son courage et la noblesse de ses sentiments.
Ces princes ne seront pas les seuls à se disputer le
pouvoir. .On peut encore en citer plusieurs, frères
ou neveux de l’Émir Dost-Mohammed, parmi lesquels
il faut placer en première ligne : 1° Zémàne-
Khan, qui occupa plusieurs mois le trône de Kaboul,
après les désastres des Anglais en 1841 ; 2° son fils
Choudjà-ed-Dooulet, le meurtrier de Châh-Choudjà-
el-Moulk; 3° Chems-Eddin-Khan,. ayant la réputation
d’être le plus brave parmi les princes Méhémedzéhis;
4° enfin Nawab-Djabbar-Khan, frère de l’Émir1. C’est
1 On lit dans Burn’s Travels into Bokhura, vol. I, p. 134
et 435 :
a Nous avions déjà entendu parler du caractère aimable de notre
hôte, le Nawab Djabbar-Khan, et quand on nous présenta à lui,
nous nous trouvâmes devant un véritable patriarche. Il diffère
essentiellement de ses frères, qui sont très-turbulents, et,
quoique étant l’aîné de la famille, il n'a aucune ambition. 11 n’en
a pas moins été le chef du royaume de Kachmir et d’aulfes provinces
de l’Empire Douraui. Son père, le chef actuel de Kaboul,
l’a remercié des services qu’il lui avait rendus en confisquant ses
États; mais Djabbar-Khan ne parle jamais de cette ingratitude.
Il dit que Dieu a suffisamment pourvu à ses besoins, de manière
à pouvoir récompenser ceux qui sont ses serviteurs. Il y a, selon
l’homme le plus délié et le plus habile de tout l’Afghanistan.
Il fut pendant vingt ans l’ami des Anglais
et leur correspondant, avant qu’ils envahissent son
pays; mais après leur arrivée à Kaboul, ceux-ci le
mécontentèrent et il prit alors parti contre eux dans
les rangs des insurgés. Son fils, Abdul-Ghyaz-Khan, a
aussi de la réputation. Tous deux sont les rois de l’intrigue
à Kaboul.
Tels sont les hommes dont Méhémed-Akbar-Khan
doit combattre les sourdes menées, en attendant que la
mort de son père les mette en sa présence, les armes
à la main. Mais d’ici là , que d’événements, que de
revirements peuvent encore surgir et changer la
lui, peu de plaisirs aussi doux que celui de faire des heureux et
de vivre sans exercer de pouvoir. J ’ai été à même de voir,
pendant mon séjour à Kaboul, que ce Nawab n’est point hypocrite
et qu’il parle comme il sent, avec la plus grande sincérité.
Il serait difficile de trouver un homme plus modeste et qui soit
plus aimé. Il ne se fait accompagner que par une seule personne,
et tous ceux qui se trouvent sur son passage le bénissent.
Les gens politiques de l’Afghanistan l’accablent de visites pour
1 entraîner dans quelque intrigue ; malgré cela, tout le pays le
respecte, et, à 1 heure qu’il e s t, son influence est extrême et
bien supérieure à celle des autres membres de la famille des
Barukzëhis. Ses moeurs sont douces et agréables, et à en juger par
ses vêtements, on ne dirait jamais qu’il appartient à une famille
de guerriers et qu il est lui-même très-puissant. Sa société
est charmante et sa conversation spirituelle. Il aime particulièrement
les Européens ; ceux qui entrent à Kaboul deviennent
aussitôt ses hôtes. Tous les officiers français de Pindj-âb
habitaient chez lui et se plaisaient fort dans sa compagnie.
Tel est le patriarche de Kaboul, qui est aujourd’hui âgé de cinquante
ans; tel est le maître de la maison où nous avons été fort
heureux d être reçu. » — Burnes's Travels inio Bokhara.
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