cavaliers de tranchée, construits à la môme époque
pour battre la muraille en brèche.On reconnaît tout de
suite trop de science dans la manière dont ces ouvrages
ont été élevés pour les attribuer au génie persan.
Ils furent probablement construits sous la surveillance
des officiers d’artillerie français qui servaient
Nader-Châh. Constamment prise, reprise et pillée par
les Persans, les Tartares et les Afghans, depuis cette
époque, Ferrah a toujours été en déclinant; et pourtant
elle comptait encore 6,000 habitants en 1837;
mais ils furent enlevés et conduits dans le Kandahar,
l’année suivante, par le Serdar Méhémed-Sédik-Khan
qui, sur l’ordre de son père, l’envahit alors avec un
corps de cavalerie, pour faire une diversion en faveur
de Méhémed-Châh, occupé au siège de Hérat. Quand
ce souverain se retira en Perse, après avoir échoué
contre cette place, les troupes du Kandahar se retirèrent
à Girishk ; et Ferrah, veuve de sa population,
rentra de nouveau sous la domination du prince de
Hérat. Aujourd’hui on ne compte pas plus de soixante
maisons habitées dans l’intérieur de la ville, qui
pourrait facilement en contenir quatre mille cinq
cents. Elles sont en partie cachées dans les ruines, et
quelques jets de fumée s’élevant dans diverses directions
indiquent seuls la présence d’êtres animés au
milieu de cette cité désolée. Des bazars s’étendaient
dans toute sa longueur, depuis la porte de Hérat ju squ’à
celle de Kandahar ; leur tracé est encore parfaitement
indiqué par les fondations des boutiques. De
grandes mares entourent intérieurement la ville;
elles se desséchent en été, et produisent de très-beau
salpêtre, dont Yar-Méhémed-Khan se sert pour fabriquer
sa poudre.
Toute ruinée qu’elle e s t, la ville de Ferrah est
encore, au point de vue militaire, une place d’une
grande importance justifiée par l’état de ses fortifications.
L’insistance mise par les princes afghans à s’en
disputer la possession prouve surtout combien sa position
est avantageuse. Celui qui la possède a un pied
dans le Kandahar, l’autre dans le Hérat, et commande
l’entrée septentrionale du Sistan. Cette position deviendra
surtout importante pour les Persans et les
Russes, si jamais ils forment une alliance offensive
contre les possessions britanniques dans l’Inde.
Ferrah est un des exemples de la difficulté qu’il y
a à préciser quelque chose sur la géographie de
l’Asie centrale. Tel endroit est aujourd’hui un grand
centre de population et très-florissant, qui deviendra
en vingt-quatre heures désert et aride. Ces d é placements
forcés des populations ont depuis longtemps
habitué les Afghans à ne pas s’attacher au sol ;
la tente est leur patrie. En deux jours une famille se
construit une maison voûtée en terre, dont la porte
seule est de bois. Cette facilité à se loger explique
comment tant de villes ont disparu sans laisser de
traces, et comment d’autres, dont on ne soupçonnait
pas l'existence* sont tout à coup signalées par des
voyageurs dont les récits se publient de loin en loin.
Il n’y aurait donc rien d’étonnant à ce que l’Européen
qui passera après moi à Ferrah trouvât cette ville ou
tout à fait déserte, ou bien peut-être dans un complet
état de prospérité. Cette manie des chefs de dé