
de largeur, très-profondes et enfermées entre deux
épaulements formés avec le sable enlevé des excavations.
Cette précaution a été jvrise contre les débordements
de la rivière, dont la campagne avait beaucoup
à souffrir antérieurement. Quel que soit le volume des
eaux, elles s’écoulent aujourd’hui par les voies qui
leur ont été nouvellement ouvertes. Les crues du
Héri-Roud sont considérables au printemps, mais telle
est la quantité des saignées qui ont été pratiquées sur
ses rives pour en tirer l’eau nécessaire à l’irrigation
des cultures situées entre Obèh et Hérat, qu’il
était presque à sec quand nous le traversâmes au Peul-
Malàne. Les cultures s’étendent à 2 farsangs au sud
de Hérat; elles sont parsemées de debris de monuments,
d’aqueducs et d’habitations qui peuvent encore
donner une idée de ce qu’étaient anciennement
les environs de cette ville. La résidence royale de
Roouz-Bagh ferme la longue série des habitations de
plaisance de la banlieue.
De là, nous aurions dû gagner le caravansérail
de Mir-Davoud, situé à A farsangs de Hérat, en suivant
la route directe ; mais, comme Djabbar-Khan
devait- prendre les ordres du major Habib-Ullah-
Khan, dont la résidence était à Ziaret-Guiah, nous
fîmes un détour d’une farsang, en obliquant à droite,
pour nous y rendre. Je vis, en passant dans cette localité,
les ruines d’une très-b lie mosquée, qui renferme
le tombeau d’un saint personnage, et où les
musulmans viennent en pèlerinage.
Le caravansérail de Mir-Davoud, situé à mi-chemin
du gîte, est pourvu d’un puits qui est à sec pendant
l’été et l’automne, et le sol dont il est environné
à 2 farsangs à la ronde est aride et abandonné.
Après l’avoir dépassé nous nous engageâmes dans une
chaîne de montagnes qui se prqjonge en s’abaissant
vers l’ouest jusqu’au delà de la ville de Khaff-Rouye;
c’est une continuation du Kouh-Siah que j ’avais traversé
près de Dooulet-Yar, et j’acquis encore cette
fois la certitude de l’impossibilité totale qu’il y avait
à ce que cette haute montagne eût livré passage sûr
un point quelconque au Héri-Roud.
Les eaux qui en descendent, au lieu de prendre
leur direction vers le sud, tombent au contraire dans
le Héri-Roud au nord.
Comme je l’ai déjà dit précédemment,‘c’est la ressemblance
de nom existant entre cette rivière et
le Herroud-Roud qui aura amené la confusion et des
suppositions inexactes.
Chabith, caravansérail-châh inhabité, où nous
arrivâmes à minuit, est situé tout près d’un torrent
dont les bords sont recouverts de joncs et d’un
peu d’herbe, seule nourriture qu’on y trouve pour les
chevaux. Les environs sont tout à fait incultes et inhabités.
Des perdrix rouge^ et grises y vivent par
milliers.
On compte 120 farsangs de Hérat à Kandaliar, mais
les steppes arides en été qui séparent ces deux villes
ne contiennent pas toujours des lieux habités, désignés
à l’avance au voyageur comme un gîte où il pourra
se procurer ce qui lui est nécessaire. L’on est souvent
obligé de camper dans un lieu sans nom, dépourvu
de tout, ce qui, joint à l’ardeur excessive du soleil