jours. Une fois les Russes à Hérat, qui peut prévoir
où ils s'arrêteront1 ?...
1 Depuis que ces lignes ont été écrites, les choses se sont
modifiées en Afghanistan à peu près comme nous l’avions
prévu. Seulement, à Kaboul, la carrière de Méhémed-Akbar-
Khan s’est terminée au moment oü il allait s’engager dans une
guerre contre les Anglais: il est mort empoisonné en 1848!
Son frère, Goulam Haïdar-Khan, lui a succédé dans le poste de
Yézir, et il se trouve exactement dans la même position vis-à-vis
de son frère ainé, Méhémed-Efzel-Khan, que son frère défunt.
P ourtant, comme il s’est moins compromis qu’Akbar avec les
Anglais, il a la ressource de transiger avec eux, saus toutefois
pouvoir leur faire de trop grandes concessions, car les Afghans
ne le souffriraient pas. Les Anglais, de leur côté, après avoir
franchi l’Indus à Pechaver, se sont portés en avant, chez les
montagnards Mohmends, et leur font une guerre soutenue et
meurtrière. Leurs montagnes sont le boulevard du Kaboul, et
leur assujétissement sera probablement suivi de près par l’envahissement
de la contrée qu’ils défendent.
Dans le Kandahar, malgré la mort de Kouhendel-Khan, les
affaires sont toujours ce qu’elles étaient, et cela se comprend,
parce que les Anglais peuvent se porter sur ce point de l’Afghanistan
avec plus de facilité et de promptitude que partout
ailleurs.
Yar-Méhémed-Khan, de Hérat, est mort en 1852 et les Persans
se sont aussitôt préparés à enlever cette importante position,
malgré les protestations de l’Angletc-rre, que ce mouvement
militaire préoccupait d’autant plus qu’il coïncidait avec
une invasion de 5,000 Russes dans la Turkomanie. Ces derniers
ont remonté les rives de l’Attrak, dans le Gourghan, pour châtier
les hordes de Turkomans-Yamouds, q u i, en mai 1851,
avaient ravagé leur établissement d’Achouradèh, situé à l’entrée
de la baie d’Aslerabad. Les Anglais, redoutant avec raison de les
voir s'avancer, de concert avec les Persans, jusqu’à Hérat,
envoyèrent un ultimatum à l’armée ru sse , qui suspendit sa
marche. A mon avis, ce temps d’arrêt n’est que momentané,
et je suis certain qu’un peu plus tôt ou un peu plus ta rd , certains
événements se produiront, qui réaliseront ma manière de
voir.
Pour que mes lecteurs ne s’imaginent pas que j ’ai prophétisé
après coup, je les prie de vouloir bien lire le Journal de
Coiislantinople, aux dates des 6 et 11 juillet 1847, qui contient
deux articles signés par m o i, renfermant le sommaire de mes
opinions sur l’Afghanistan. Il va sans dire qu’elles sont les mêmes
que celles qui précèdent. [Note de l'auteur.)
J ’écrivais ce post-scriptum en 1852, et en 1854 les journaux
viennent d’annoncer que les Russes ont définitivement pris possession
de Khiva !