
fleuve. Elle est construite en briques ayant la même
forme et la même grandeur (un mètre carré) que celles
de Ferrah. Un peu en arrière de cette digue et des
deux côtés de FHirmend s’élèvent de hautes et antiques
murailles également en briques, se reliant à des
monticules sur lesquelles existaient probablement
autrefois des fortifications dont il ne reste que peu ou
point de vestiges. En fouillant dans ces ruines, je
trouvai une médaille séleucide en cuivre.
Goullchin.—27 octobre.—Nous marchâmes encore
douze heures pendant cette journée en longeant l’Hir-
mend, à travers des fourrés de tamariscs. Les taillis
qui bordentle fleuve nous indiquaientlès sinuosités de
son cours ; nous coupions d’un coude à l’autre, pour
raccourcir la distance, mais nos chevaux enfonçant
les jambes dans le sable se fatiguaient beaucoup. Nous
éprouvâmes nous-mêmes toutes les tortures de la
faim, mais surtout une soif ardente, provoquée par
une chaleur excessive qu’augmentait encore un simoun
impétueux. Dans la matinée, nous aperçûmes à
distance Khair-Abad, petite forteresse d’assez belle
apparence. A midi, nous évitâmes encore un lieu
nommé Trakou et passâmes à un quart d’heure de là
sur l’autre rive du fleuve, au moyen d’un radeau de
roseaux reposant sur des outres gonflées de vent :
nous nous mîmes dessus, en tenant par la main nos
chevaux, qui nageaient autour.
L’Hirmend coule au S.-O. depuis sa source jusqu’en
cet endroit ; mais là, arrêté par des collines sablonneuses,
il se courbe brusquement vers le N.-O. et coule encore
quinze à vingt farsangs dans cette direction,-en
se fractionnant en diverses branches, qui vont se perdre
dans le lac du Sistan par diverses embouchures,
Daus l’après-midi, nous passâmes successivement
devant Seïnabad, Kaléhi-Pat1, puis Poulkèh ■*, vieille
forteresse dont les indigènes attribuent la fondation
aux génies. Cette dernière ville a été construite
au milieu d’immenses ruines qui s’étendent aussi
très-loin sur la rive droite de l’Hirmend, jusqu’aux
sables mouvants qui en ont recouvert une partie. Un
pâtre, auquel nous nous adressâmes, nous dit qu’elles
provenaient de l’anciênne ville de Homédine3. Ne se-
raient-ce point celles de Ram, de Prophtésia ou Zaran-
goe. On trouve dans ces ruines de ces énormes briques
que j ’avais déjà remarquées à Ferrah et à
Roud-Bar ; nous y vîmes aussi des mosquées et au tres
monuments en partie détruits : des fragments de
vases et de briques émaillées étaient mêlés aux décombres.
Le pâtre que nous venions d’interroger
nous avait dit aussi que le Pehlevàne Roustem avait
été le fondateur de cette ville, détruite par Timour-
Leng 5 mais en cela il ne faisait que suivre l’exemple
des Persans, qui attribuent à ce héros, dont l’histoire
i Les ruines de Kaléhi-Pal sont les plus considérables du
Sistan et c’est probablement là que se trouvait l'ancienne ville
de Zarangæ.—Ed. . .
s Poulkèh, autrement dit Pulaki est l’endroit où le capitaine
Christie aborda sur l’Hirinend pendant son voyage de Kélat à
Hérat en 1808.
3 Toutes les traditions locales du Sistan renvoient aux anciens
contes de Roustem , Z al, Zohrab, Àfrasiab, etc. Le berger voulait
parler probablement de Kliandan, cette ville fabuleuse du
Chàh-Nameh. —Ed.