
tant, mais ils ne l’atteignirent point. Ce prince leur
adressa alors les plus lâches supplications, leur promettant
de leur abandonner de riches joyaux et des
sacs d’or dont il était porteur, s’ils consentaient à
épargner sa vie; mais ceux-ci, altérés de vengeance,
lui répondirent qu’ils prendraient les uns et les autres
après l’avoir tué. Sitôt qu’ils eurent rechargé leurs
armes ils recommencèrent le feu et ne le manquèrent
point cette fois. Avec ce misérable, dont la vie était
souillée de crimes, moururent deux de ses principaux
officiers, conseillers et complices de toutes ses
iniquités. A l’issue de cette exécution, qui donnait satisfaction
aux troupes, il fut permis à la reine et à son
fils de retourner au palais après avoir passé la nuit au
camp; toutefois on lui signifia de nouveau, et pour la
centième fois, de bien se garder de traiter avec les
Anglais, si elle tenait à sa vie et à celle de son fils, car
la mort la plus affreuse leur était réservée, dans le cas
où elle contreviendrait à cette injonction.
Maharani-Chauda, accablée par la mort de son
frère, refusa d’abord de diriger les affaires du gouvernement
; et, comme le bruit d’une très-prochaine
invasion des Anglais dans le Pindj-âb était alors généralement
accrédité chez les Siks, la position parut
assez critique à quelques chefs pour les décider
à une démarche collective. Us écrivirent à Goulab-
Sing, retiré à Yambou, de venir se mettre à leur
tête, lui promettant d’amener les troupes à une obéissance
passive, de les forcer à renoncer à toute augmentation
de solde et au payement de leur arriéré.
Mais le vieux Radjah avait déjà été pris une fois au
piège par une pareille promesse ; sa vie avait couru
de grands dangers au milieu de cette armée indisciplinée
et n’avait été préservée que par une espèce de
miracle ; il refusa donc de se rendre à l’appel des Ser-
dars. Il leur dépêcha cependant un de ses lieutenants,
nommé Miyâne-Perthi-Sing, chargé de leur faire
connaître les conditions auxquelles il accepterait la
régence, conditions dont voici la teneur :
1° Remise entre ses mains du pouvoir absolu ;
2° Droit de vie et de mort sur les grands, le peuple
et l’armée;
3° Réduction de la solde au taux en vigueur sous le
règne de Rindjit-Sing.
Telle était alors l’anarchie et si grand était le besoin
d’une direction puissante à Lahor, que ces dures
conditions furent à peu près généralement acceptées.
Goulab-Sing avait espéré le contraire, et se voyant à
court d’arguments, il prétexta son état maladif pour
rester dans ses montagnes et ne vint pas à Lahor.
Force fut donc aux Serdars de recourir de nouveau
à la reine pour la prier de reprendre la direction des
affaires. Elle y consentit, non sans exprimer le ressentiment
qu’elle avait conservé de la mort de son
frère et l’intention où elle était de punir ses assassins,
Laissant voir ensuite le déplaisir qu’elle avait éprouvé
en apprenant les démarches tentées près de Goulab •
Sing, elle promit de n’y plus penser, à la condition
pourtant que son lieutenant, Miyâne-Perthi-Sing, serait
interné et surveillé de manière à ce qu’il ne pût
se mêler des affaires de l’État. Les Serdars ayant encore
cédé sur ce point, elle reprit les rênes du gou