
Anglais y entretenaient un pelit corps de troupes, et
l’empreinte laissée sur le sol par les roues de leurs
canons était encore parfaitement visible en 1845 *.
A deux farsangs au-dessus et au-dessous de Girishk,
sur les deux rives de l’Hirmend, on voit encore
d’immenses ruines et des éminences qui marquent
les emplacements d’anciennes villes qui ont dû être
très-considérables. Les habitants du pays croient
qu’elles étaient florissantes du temps d’Alexandre,
particulièrement celles situées au nord de Girishk,
au pied des montagnes de la Paropamisade.
* Pendant le séjour des Anglais dans l’Afghanistan, l'occupation
du fort de Girishk fut toujours considérée comme un point
important, car cette place domine le grand chemin et sert de
refuge aux voyageurs; de plus, c’était un poste militaire très-
bon à opposer aux forces du Hérat. A l’époque, en effet, où la
guerre se déclara dans l’Afghanistan, en 1841, le gouverneur de
Hérat était peu l’ami des Anglais; il était donc nécessaire de
conserver Girishk. Ce fut dans ce but que le major Rawlinson,'
agent politique dans le Kandahar, déclara non-seulement être
prêt îi guider sur les rives de l’IIirmend les troupes aux soins desquelles
la forteresse devait être confiée, mais encore crut nécessaire
de faire venir de Kandahar des soldats pour renforcer sa
garnison. Le général Nott fut pourtant d’avis que l’occupation de
la forteresse de Girishk était une mauvaise position militaire
dans les circonstances actuelles ; il prétendait même qu’elle
était impraticable. 11 insista donc pour qu’on ramenât dans
Kandahar les troupes et les canons, avant que tout le pays ne se
fût levé contre les Anglais, et rendît la retraite impossible. Dans
ces conjonctures, le major Rawlinson se détermina à envoyer
Méhémed-Kouli-Khan prendre possession du gouvernement de
Girishk en lui donnant pour escorte un rorps de cavalerie Baruk-
zéhis, auquel il adjoignit plus tard un peloton de deux cents mousquetaires
Scindions, Béloutches, Pindj-àbies et Hindous, ayant
pour commandant un excellent soldat, nommé Buhvunt-Sing.
La prison qu’on me donna à Girishk n’était guère
plus habitable que celle que j ’occupais à Mahmoud-
Abad,mais elle avait au moins l’avantage inappréciable
d’être située loin du poste des Sipahis, ce qui
ine promettait plus de tranquillité pour l ’avenir. Je
me berçais de ce consolant espoir, lorsqu’à peine
installé, un nouvel incident vint faire évanouir mes
espérances. Le naïb (lieutenant) du Serdar, nommé
Gul-Méhémed-Khan, étant resté à Girishk, ne m’avait
pas encore v u ; il accourut donc un moment
après mon arrivée pour satisfaire sa curiosité. Il entra
Celle petite garnison, renforcée de deux canons fournis par le
gouvernement afghan , conserva Girishk pendant toutes les
guerres de l’Afghanistan, de novembre 1841 au mois d’aoftt suivant,
malgré les Douranis, dont le nombre s’élevait à environ
15,000 hommes, qui en firent une sorte de siège en livrant de
temps à autre des assauts, en coupant la place de ses communications
avec Kandahar, e t, â différentes reprises, en attirant l’armée
du général Nott sur le champ de bataille. Cette défense de
Girishk était d’autant plus difficile, qu’il fallait approvisionner
la garnison de vivres et de munitions e t y faire parvenir les
ordres de Kandahar; ce fut un des plus brillants exploits de la
guerre, et elle valut les éloges les mieux mérités h ceux qui la
firent, Méhémed-Kouli-Khan et Bulwunt-Sing. Pendant ce siège,
les Douranis restèrent trois mois devant la forteresse de Girishk.
11 est bon d’ajouter encore que ce fut seulement à l’influence
de Méhémed-Kouli-Khan, dans l’Hirmend ou le Oulour
(tribu de l’Afghanistan fort distincte des cultivateurs parsivans),
que les Anglais durent les approvisionnements nécessaires pour
se ravitailler. Quelque temps avant l’évacuation de Kandahar, le
major Rawlinson ramena, sans malheurs, la garnison de Girishk
à Kandahar, lui fit payer l’arriéré de sa solde et la fit entrer au
service de Seïf-Der-üjing, qui fut laissé dans ce gouvernement,
lorsque les deux colonnes de l’armée anglaise marchèrent à la
fois sur Kaboul cl le Scinde.—Ed.