les lâcher et ils trouvent eux-mêmes leur pâture. On
leur donne une fois par jour une boulette de farine
d’orge, grosse comme le poing, mais cela n’est pas
indispensable et ils s’en passent très-facilement. On
trouve aussi des chameaux à deux bosses dans le Sis-
taiij mais ils s’y acclimatent difficilement et dépé-
îissent au point qu’à la troisième génération ils deviennent
étiques, malingres et rabougris ; ils ne se
maintiennent en bon état que dans les contrées moins
chaudes situées au-dessus du 32e degré de latitude.
Dans la Bactriane surtout, ils atteignent un développement
et une force dont il est difficile de se faire
une idée. On s’en sert seulement comme bêtes de
somme, et ils portent des fardeaux qui s’élèvent parfois
à 120 ou 130 battements (le battement pèse 3 kil.}.
Mais c’est un animal dont on ne peut se servir avantageusement
que dans les pays de plaines et sur un
terrain sec et uni ; son pied n’étant pas préservé par
un sabot, comme celui du cheval, ne peut point
reposer d’une manière aussi sûre sur le sol accidenté
des montagnes ou dans les terrains défoncés, dans lesquels
il tombe, le plus souvent pour ne plus se re lever.
Ses membres se brisent, en effet, ou se disloquent
très-facilement; il faut alors le tuer sur place
pour profiter de sa chair, dont les Asiatiques mangent
sans dégoût.
Niguiari.—24 septembre.—Distance de 14 farsangs.
Nos dromadaires étaient forts et dispos ; nous les ménageâmes
cependant pendant les trois premières journées,
les réservant pour les suivantes, où nous devions
parcourir un pays à peu près désert et très-difficile.
Nous allâmes coucher le premier jour à 14 farsangs
de Girishk, et traversâmes les localités suivantes,
situées sur les bords de l’Hirmend : Malguin'i,
Baba-Hadji, Bolah, Ahinak, Kaléhi-Bist Kosrabad,
Guiov-Régui et Niguiari, où nous nous arrêtâmes.
Toutes ces localités sont sur la rive droite.
Miyân-Pwhtè.—25 septembre.—Nous partîmes au
point du jour et passâmes par Kalatch, Jarest, Surk-
douz et Chemalàne. Là nous traversâmes le fleuve à un
gué, et continuâmes notre route sur la rive gauche,
par Haizar-Djeuft, Khar-Akou, Djouï-Gouroum, Basa-
bad, Dervichàne-Ser, Dervichàne-Païn, Kutchèh et
Miyân-Puchtè, où nous passâmes la nuit. Vis-à-vis le
gîte était un gros village sur la rive droite, nommé
Kirlaka. La traite de ce jour avait été de 14 farsangs.
Bénader-Kélàne2. — 26 septembre. — Nous fîmes
9 farsangs, toujours sur la rive gauche de l’Hirmend,
en passant par Djouï-Djumè-Khan, Léni, Sapar,Djouï-
Djanè, Bénader-Reïs, et Bénader-Kélàne, où nous
couchâmes. J’arrivai au gîte avec un peu de fièvre et
me couchai immédiatement; mais à peine pus-je sommeiller,
car il s’éleva une discussion très-animée entre
les Sipahis de mon escorte et les habitants du lieu,
1 Kaléhi-Bist est une très-ancienne forteresse pittoresquement
placée sur une île au milieu du fleuve. Les anciens la nommaient
Abesie où Beste, et les Arabes la désignent sous le nom de
Bost. Jadis cette ville était une place très-considérable, et ce
fut Timour-Leng qui la réduisit en ruines. Les restes de Kaléhi-
Bist sont encore très-considérables>^-Ed.
2 Kèlàne, mot presque inusité en Perse ; il veut dire grand
en langue afghane. Bènader signifie un port sur une plage de la
mer ou un havre dans une rivière.—Ed.