
à Méhémed-Wali par le gouverneur anglais de Çhi-
karpour : dans cette lettre celui-ci lui mandait que
les Anglais, n’ayant pas renoncé à la possession de
Kandahar, y arriveraient très-incessamment avec un
corps de troupes; il l’invitait donc à faire l’achat d’une
grande quantité de paille, d’orge et de blé pour les
besoins de l’armée, lui prescrivant aussi de prévenir
leurs partisans de se tenir réunis à Kandahar et prêts
à se saisir des Serdars au premier signal. Une fois
cette pièce fabriquée, Méhémed-Sédik-Khan prévint
son père de la trahison de Méhémed-Wali et l’engagea
à faire aposter des espions aux environs de sa maison
pour se saisir de sa correspondance, ce qui fut
exécuté. La fausse lettre ne tarda pas à être interceptée
et portée à Kouhendel-Khan, qui fit aussitôt
mourir l’infortunée victime de cette odieuse machination.
Méhémed-Sédik-Khan s’empressa alors de demander
à son père le don de la maison du supplicié,
en récompense de la découverte qu’il avait faite de ses
mauvais desseins, et ce don lui fut octroyé, ainsi qu’il
l’avait espéré.
Les Anglais, il faut leur rendre cette justice', sqnt
grands et généreux pour ceux qui les servent bien
ou qui souffrent pour leur cause. Quand la nouvelle
du supplice de Méhémed-Wali arriva à Calcutta, les
directeurs s’empressèrent de décréter une pension
annuelje de 60,000 francs pour ses neveux survivants,
car l’un d’eux avait été tué en même temps que Méhémed
Wali J.
1 Un autre chef du parti parsivan, Djan-Méhémed, kotivul
(chef de la-police) de Kandahar pendant le- séjour des Anglais,
U»', § et 3 septembre.—Quels que fussent les agréments
du logis que j ’habitais, il m’était impossible,
en définitive, d’oublier qu’il me servait de
prison, et cette pensée unie au souvenir du sang de
son propriétaire, versé d’une manière si tragique,
était bien faite pour apporter du trouble dans
l’âme la mieux trempée. Puis, le retard que mettait
Kouhendel-Khan à m’accorder une audience m’inspirait,
je ne sais pourquoi, un sentiment profond de tristesse;
à cela près et sauf ma réclusion, je n’avais pas
cependant eu à me plaindre de lui pendant les premiers
jours de mon séjour à Kandahar, car on m’apportait
régulièrement soir et matin, de ses cuisines,
un repas assez confortable; les Sipahis préposés par
lui à ma garde, sans être plus sociables et mieux élevés
que ceux de son fils, étaient pourtant moins grossiers
envers moi; ils se contentaient d’envahir ma
chambre, de me rire au nez avec stupidité, mais, du
moins, ils ne m’adressaient pas d’injures et de menaces
; c’était une amélioration notable dans ma posileur
avait rendu de très-grands services pendant tout le temps de
la guerre. Après que les troupes se furent retirées, Djan-Méhémed
réussit h se maintenir dans les bonnes grâces des Serdars
plus longtemps encore que ses nutres confrères. En 1854, il
perdit tout son bien, jusqu’au dernier sou, grâce au pillage de
sa maison, ainsi que plusieurs membres de sa famille qui s’étaient
ruinés en aidant le Kolival. Il parvint alors à s échapper
et se rendit à Bagdad en passant par la Perse. Le colonel
Rawlinson l’envoya de là à Bombay et lord Elphinstone, gouverneur,
le nomma , en considération de ses services, chef de la
police de Chikarpour. Il mourut en se rendant à cette résidence^
La famille de cet homme reçoit encore une petite pension
du gouvernement auglais. —Ed.