des Persans. Selon eux, Plman Réza, auprès duquel
les miracles de Mahomet et de Jésus-Christ ne sont
rien, y fit rôtir un millier de Ghèhres sur quinze cents
qui 1 habitaient alors. Il convertit a la vraie foi, par ce
moyen efficace et persuasif, les cinq cents qui restaient.
Il serait trop long de relater tous les prodiges
opérés dans ce lieu par l’Im an , les deux suivants
pourront donner une idée de la valeur des autres.—
Il arrêta, en levant seulement le doigt indicateur de
la main droite, une pierre pesant quinze à vingt milliers,
poussée du haut de la montagne par les Ghèbres
dans l’intention de l’écraser. Cette même pierre aujourd’hui
entourée d’une barrière en argent doré,
est l’objet d’une grande vénération de la part des
Musulmans. Une autre enceinte renferme l’empreinte
laissée par le pied de l’Iman Réza dans le ro c , à
une profondeur de trois pouces, pour perpétuer le
souvenir de son passage en ce lieu. C’est de là d’où
vient le nom du village (Kadem pas, Guiah lieu).
Chàh-Abbas l’avait embelli, mais on n’y voit plus
qu’un groupe de très-beaux sycomores et une mosquée
à moitié ruinée.
Nichapour.—23 décembre.—4 farsangs dans une
plaine sablonneuse très-fertile. Je n’avais jamais
auparavant ressenti une impression plus pénible que
celle dont je fus saisi à mon arrivée à Nichapour :
le choléra n’y avait épargné aucune famille, toutes
étaient dans la désolation. Le ciel était obscur, la
neige couronnait les montagnes voisines et se reflétait,
par un bizarre effet de lumière, d’une manière sombre
et lugubre sur l’atmosphère. Je me sentis pris d’une
tristesse qui s’harmonisait en tout point avec la désolante
scène dont je fus témoin. Au milieu d’un cimetière,
précédant la porte orientale de la ville, plus de
cent cadavres étaient étendus dans la neige, la face
découverte, attendant qu’on leur rendît les honneurs
de la sépulture, entourés de leurs parents désolés qui
poussaient des cris lamentables. Les bras des fossoyeurs
n ’étaient pas suffisants pour celte besogne,
qui allait très-lentement. Quel sujet de tableau c’était
là ! J’entrai le plus vite possible dans le beau caravansérail
situé à côté pour me soustraire à ce pénible
spectacle; mais là, encore, se passaient des scènes
lugubres. Les chambres étaient.remplies de cholériques
et de malheureux terrifiés par la peur du
fléau, adressant au Ciel des supplications déchirantes
pour désarmer son courroux. Je me retirai dans le
coin le plus reculé d’une écurie, espérant m’isoler
de ces infortunés; mais là comme ailleurs je ren contrai
des victimes, j ’entendis des pleurs et j ’assistai
à toutes les angoisses que provoque la terreur. Le
sous-gouverneur de la ville avait transporté ses pénates
dans un balakhanè (belvédère) de ce caravansérail,
où il croyait l’air pur ; il jeûnait, priait, et faisait
toutes les momeries inspirées par la peur de la mort.
Cependant, au moment où il pouvait toucher à son
heure suprême, il commettait une escroquerie envers
moi. Après m’avoir fait demander et avoir reçu le bon *
des vivres auquel mon taliguèh me donnait droit; il
disparut tout à coup sans qu’il me fût possible de le
retrouver, et je ne reçus point ce dont j ’avais besoin.
Zafferani. 24 décembre.—Le gouverneur ne se
n- ’ 29