confort britannique : ils se contentent de peu et ne se
surchargent point d’un bagage et d’un personnel de
domestiques inutiles. Un soldat pris dans les rangs
de l’armée et y occupant sa place, soit pendant la
marche, soit pendant le combat, suffit au service de
chaque officier. De quel avantage cette simplicité
militaire rie serait-elle pas pour eux ? Ajoutons aussi
que l’armée du Czar pourrait se dispenser d’amener
de Russie de l’artillerie de siège ; l’arsenal de Téhéran,
où elle abonde, lui en fournirait suffisamment :
ce serait plus expéditif et moins dispendieux *.
Plusieurs personnes, entre autres M. Mac-Donnald-
Kinnear, ont pensé que l’effectif d’une armée marchant
à la conquête de l’Inde devrait être au moins
de trente-cinq à quarante mille hommes. Mon opinion
personnelle diffère, en ce sens,- que je croirais dangereux
pour elle-même qu’elle dépassât ce chiffre,
dont deux tiers de Russes et un tiers de Persans. Il faut
d’abord calculer toutes les chances, et elles se partagent
assez pour que les Russes puissent se croire
suffisamment forts avec un pareil nombre de combattants.
Le point essentiel serait de les bien choisir
et de les assujettir à une exacte discipline. Leurs généraux
devraient être des gens, spéciaux, avant tout
désintéressés et versés dans les détails de l’administration
asiatique, afin de pouvoir contrôler avec sévérité
les comptes et les actes des agents comptables
1 L’artillerie persane est excellente et réellement formidable.
Sous la direction d’Européens, avec les fonds nécessaires, on
pourrait obtenir, en très-peu de temps, plus de cinq cents bouches
à feu prêles à entrer en campagne.—E d .
russes, auxquels on reproche, non sans raison, d’être
d’une vénalité excessive. La maraude entraînerait de'
grands malheurs; mais Userait d’autant plus facile de
la réprimer que tous les aliments sont à vil prix dans
l ’Asie centrale, et que les soldats pourraient en être
abondamment pourvus à peu de frais. Une fois les
populations satisfaites, leur concours ne manquerait
pas aux Russes, si ceux-ci savaient tirer parti de leur
avidité. C’est une *, question d’argent. Comme les
Anglais pourraient user du même moyen, ce serait
une lutte du plus pauvre au plus généreux et non
du plus faible au plus fort. A vrai dire, les Russes,
n’ayant jamais eu de démêlés avec les Afghans ,
auraient plus de chances de s’en faire écouter. Les
Anglais, au contraire, s’étant compromis vis-à-vis
d’eux, courraient le risque de donner leur argent,
comme cela leur est déjà arrivé, a des gens qui se
battraient contre eux après avoir été payés pour les
défendre.
Ainsi que je l’ai déjà dit, les Anglais ne pourraient
pas opposer plus de vingt mille soldats natifs aux
Russes, car il faudrait qu’une bonne partie d’entre eux
tînt garnison dans les contrées où les menées russes
iraient provoquer une révolte, et cette mesjtre de
précaution les affaiblirait notablement. Il leur serait
impossible de trop dégarnir l’Angleterre, qui pourrait
elle-même être attaquée ou avoir l’Irlande à contenir;
et puis, en outre, des révoltes ne peuvent-elles pas
éclater dans d’autres colonies ? Ne doit-elle pas se
garder sur tous les points du globe? Comment faire
face à tout? Comment trouver tout de suite des sol