
Zablestan, qui renferme Ghaznèh et Kaboul, forment
une autre contrée nommée par eux Hindouslan, et ils
appellent Indi les habitants de l’Inde, Hindouslani
ceux de l’Hindoustan. Cette classification paraît être
fort ancienne. Il n’est pas étonnant d’ailleurs que
Kandahar, se trouvant si rapproché de ces contrées et
leur ayant souvent été adjoint par la conquête, ait été
considéré tour à tour comme faisant partie de l’une
d’elles par les auteurs anciens, dont quelques géographes
modernes ont adopté la version. Ils pensent aussi
que cette ville est l’une des sept cités construites dans
l’intérieur de l’Asie par Alexandre le Grand, se basant
sur la faible preuve que Kandar ou Kandahar1 ne serait
qu’une abréviation du mot Iskandar, nom sous lequel
Alexandre est connu en Orient. Cependant ceci
n’a rien d’improbable, car ce doit être, en effet, le
point jusqu’où s’avança le conquérant macédonien, en
quittant Ferrah pour aller dans l’Arrachosie 2, d’où il
retourna ensuite vers le nord. Comme il y trouva un
pays riche e t une position heureuse sur la pointe méridionale
des montagnes dont elle commande les
diverses routes, il ne pouvait faire un meilleur choix
pour construire une forteresse destinée à abriter ses
soldats et à maintenir les populations.
* Le nom de Kandahar a élé donné à la ville par les Gandhar-
ras (en grec Gandharihoe), qui vers le ivc siècle émigrèrent dans
la province de l’ouest venant du Gandharra sur l’Indus. — Ed.
2 Arrachosia, comme l'on peut s’en convaincre par les auteurs
grecs, devait se trouver à l’endroit où l’on rencontre les
ruines de Cbehr-Zohâk ou bien encore à Glan-Robat,-entre
Kélat-Ghaldjéhi et Makour.—Ed.
Après Alexandre, Kandahar passa aux Séleucides,
dont l’histoire est environnée d’épaisses ténèbres. On
ne saurait guère préciser ce qu’il fut sous la domination
des Parthes et des Sassanides : l’obscurité dans laquelle
il resta enseveli pendant ce temps ne commence
à se dissiper qu’au moment où les successeurs de Mahomet
envahirent la Perse, et il paraît certain que
les Arabes y pénétrèrent dans le premier siècle de
l’hégyre. C’est ce que confirme d’Herbelot qui a puisé
ses renseignements dans le Kawam-el-Moulk. Voici sa
version : « L’an de l’hég. 304 et de J.-C. 916, sous le
« khalifat de Moktader, l’on trouva, en creusant les
« fondements d’une tour de Kandahar, une cave sou-
« terraine dans laquelle il y avait près de mille têtes
« d’Arabes, attachées à une même chaîne, qui
« s’étaient conservées fort entières depuis l’an de
« l’hég. 70 et de J.-C. 689; car l’on trouva cette date
a écrite sur un papier qui était attaché par un fil de
« soie à l’oreille des vingt-neuf plus considérables
« d’entre eux avec leur propre nom. » Ceci indiquerait
que les Arabes n’eurent pas d’abord un grand
succès dans leurs entreprises contre cette ville; cependant
ils s’en rendirent bientôt maîtres ?..
En l’an 259 de l’hég. (865 de J.-C.), Yacoub-ben-
Leïs, fondateur de la dynastie de Soffarides *, s’en em-
1 Les premières campages des Arabes contre Kandahar sont
racontées tout au long d’après Beladeri, dans l’ouvrage de
M. Reinaud, Fragments de l’histoire arabe.—Ed
* Soffar veut dire un ouvrier en cuivre. La dynastie des
Soflarides a commencé, si l’on en croit les historiens, en l’an