
propre artillerie, ils tuèrent et blessèrent involontairement
beaucoup de monde, renversèrent des pièces
et des caissons, et mirent leur parc dans le plus grand
désordre*. Cette affaire coûta aux Anglais six canons,
huit drapeaux et deux mille cinq cents hommes,
parmi lesquels quatre-vingt-dix-sept officiers de tous
grades. Quand la nouvelle de ce désastre arriva en
Angleterre, il n’y eut qu’un cri d’anathème contre le
malheureux général qui avait si imprudemment compromis
la réputation des armes britanniques, et, au
milieu de la panique qui les saisit, MM. les Directeurs
de la Compagnie, qui dirigeaient les affaires de leurs
comptoirs de Londres, lui donnèrent coup sur coup
deux successeurs dans son commandement. D’abord
sir W. Gomm, gouverneur de l’île Maurice, puis quelques
jours après sir Charles Napier, l’avide vainqueur
du Scinde, le même qui boudait la Compagnie depuis
plusieurs années parce que sa part de prise , provenant
du butin fait dans cette dernière province, ne
s’était monté qu’à 2 millions de francs, tandis qu’il en
avait espéré quatre. Mais, dans leur précipitation,
les Directeurs avaient oublié de révoquer les pouvoirs
du général Gough; il s’en suivit, quelque temps
après, la réunion de trois généraux anglais à Calcutta,
qui prétendaient chacun au commandement en chefa.
Les pouvoirs de sir Ch. Napier étant les plus réi
M. Ferrier se trompe, il n’y avait qu’un seul régiment
européen.—L.
* Cette nomination de commandant en chef comme toutes
celles des fonctionnaires importants de l’Inde, dépend du cabicents
entraînèrent la décision du gouverneur général
en sa faveur. Toutefois il arriva trop tard pour
venger lui-même l’affront subi par les armes britanniques
à Tchilliàn-Walla ; le général Gough ne
lui en avait pas laissé le temps, car le 21 février suivant,
prenant une éclatante revanche sur Chir-Sing, il
lui avait livré une nouvelle bataille à Goudjerate et
l’avait mis en pleine déroute, lui enlevant toute
son artillerie. Cette action avait été décisive et les
vaincus,'vivement poursuivis dans leur fuite, chefs
et soldats, avaient fini par se soumettre complètement
à l’autorité britannique. Ce fait d’armes changea
la flétrissure dont on avait voulu entacher le général
Gough en un éclatant triomphe, que la Reine récompensa
par le titre de comte de Goudjerate et de Lime-
rick. La précipitation avec laquelle il avait été condamné
à Londres était absurde, car évidemment
l’armée anglaise placée comme elle l’était, dans
un pays de plaines, maîtresse de l’embouchure et du
cours de l’Indus jusqu’à ses plus hautes ramifications,
adossée à la province de Lahor qui la fournissait
d’hommes, de vivres et de munitions de toute espèce,
net de Londres. Dans celte circonstance, celui qui fut le premier
nommé fut sir William Gough. Quelque temps après, quand on
apprit les revers de Tchilliàn-Walla, le public se prononça
tellement en faveur de sir Ch. Napier, comme étant le seul
homme capable de conjurer cette crise, que le gouvernement
crut devoir l’envoyer en Orient. La guerre fut pourtant terminée
avant son arrivée. 11 eut ensuite quelques difficultés
avec lord Dalhousie, abandonna son commandement et fut remplacé
par sir William Gomm. —Ed.