
La population de Kandahar est composée de la manière
suivante :
1« Un quart d’Afghans de la tribu des Barukzéhis;
2° Un huitième d’Afghansde la tribu des Ghaldjéhis;
3° Un huitième d’Afgbans des diverses autres tr ibus
Douranis;
4° La moitié de Parsivans et d’Hindous Y;
On n’y trouve ni Juifs ni Arméniens.
Le commerce du pays est presque entièrement
entre les mains des Parsivans et des Hindous; il a été
considérable jusqu’en 1841; les marchandises y affluaient
de l’Inde et se répandaient ensuite chez les
Hézarèhs, les Béloutches, dans le Kaboul, à Hérat, à
Bokhara et même jusqu’à Khiva. Mais depuis que
Kouhendel-Khan a de nouveau pris les rênes du gouvernement,
après la retraite des Anglais, les mesures
tyranniques et spoliatrices qu’il a employées pour
augmenter ses richesses et se mettre à l’abri du
besoin en cas d ’un nouveau revers en ont éloigné les
principaux négociants, ou les ont forcés à réaliser
leur argent pour l’enfouir dans la terre en attendant
le retour de la sécurité.
La population de Kandahar se montait à 60,000 âmes
il y a huit ans : elle est maintenant réduite de moitié
et diminue tous les jours par suite de l’émigration à
laquelle l’ont poussée les avanies qui pèsent sur
elle. C est en vain que Kouhendel-Khan a donné
1 Un vaste quartier de la ville, celui qui en occupe la partie
nord-est, est entièrement habité par des Afghans de la tribu des
Berdouranis.
les ordres les plus séveres à la frontière pour arrêter
les émigrants ; le plus grand nombre d entré eux
s’échappe toujours et va chercher la tranquillité à
Hérat ou dans l’Inde; mais malheur à ceux qui sont
arrêtés: ils payent pour les autres ! Ramenés à Kandahar,
ils sont d’abord dépouillés de tout ce qu’ils
possèdent; la torture même est mise en oeuvre pour
les forcer à reveler le lievrou ils ont cache leur bien,
on les emploie ensuite à des travaux dont les bénéfices,
excédant les besoins de leur entretien, sont saisis
par le souverain qui, par mille autres exactions non
moins odieuses, s’aliène de plus en plus ses malheureux
sujets. Son oppression ne s’était d’abord appesantie
que sur les classes industrieuses parsivanes et
hindoues, mais depuis 1844 il ne ménage pas davantage
les Afghans. Il pourra lui en coûter cher.
Kandahar doit avoir eu, depuis l’antiquité la plus
reculée, une grande importance en Asie : sa position
géographique l’indique suffisamment, car c e st le
point central où viennent aboutir les routes du Hérat,
de Gour, du Sistan, de l’Inde et de Kaboul, et il sert
d’entrepôt à ces diverses localités. Quelques auteurs
classent cette ville comme appartenant à l’Hindoustan,
tandis que d’autres la placent en Perse; les Afghans
eux la comprennent dans le Khorassan, auquel ils
assignent l’Indus (aussi appellé Attock et Scind) pour
limite. Suivant ces derniers Y Inde ne commence
qu’au delà et au sud de ce fleuve, à partir de l’endroit
où il reçoit les eaux du Sutlège, c’est-à-dire au nord
du territoire des Mahrattes et des Mongols; le Pindj-âb
comprenant le Kachmir et le pays des Siks, avec le