
En regard de ce tableau des conquêtes faites par
les Anglais depuis un siècle, il convient de mettre
un relevé qui vient d'être dressé des populations et
des territoires que la Russie s’est successivement adjoints
pendant le même laps de temps.
Milles. Ilakilanls.
Provinces directement enlevées à la
Pologne......................................... ......... 10,i98 11,950,000
Provinces allemandes enlevées à la Pologne
et à la Suède............................ 733,000 2,715,000
Provinces conquises sur les Turcs en
E u ro p e........................................ 1,517,000 1,902,000
Provinces conquises sur les Cosaques et
les Tartares en Europe....................... 4,893,000 3,289,000
Provinces conquises en A sie . ........... 115,000 1,500,000
10,270,498 21,356,000
J’ai dit ci-dessus que les chefs du Béloutehistan, du
Scinde et du Pindj-âb avaient formé, en 1845, une
ligue armée contre les Anglais; cette raison me porte
à donner quelques détails sommaires sur les événements
qui ont amené l’annexion de deux de ces Étals
à ceux de la Compagnie britannique des Indes. Ils
étaient encore au commencement du xixe siècle des
annexes considérables du royaume des Afghans, et
s’en sont successivement détachés après la mort de
Timour-Châh, deuxième roi de la dynastie des
Sudozéhis.
Les Béloutches de Beïla, de Khozdar, de Kharân et
Népaul qui ait conservé son libre arbitre en 1850; les autres
ont été successivement agglomérés dans les catégories d’alliés
et tributaires qui n’ont guère plus d’indépendance les uns que
lés antres,
de Kélal, mettant les premiers à profit les avantages
naturellement défensifs présentés par la nature aride
et déserte de leur pays, donnèrent, avant les autres,
le signal de la révolte contre les Afghans. Un moment
dominés par les Anglais, à l’époque de leur expédition
dans le Kaboul, les Béloutches ne tardèrent pas à recouvrer
sans secousse leur indépendance à la suite de
la retraite volontaire de leurs dominateurs; ceux-ci
jugèrent le pays trop pauvre pour pouvoir fournir
aux frais d’une occupation qui devait être stérile et
leur devenir onéreuse. Mais il n’en était pas de même
du Scinde, contrée riche, belle et fertile arrosée
par l’Indus, coupée par de nombreux canaux, offrant
des avantages variés, productive, et possédant plusieurs
villes manufacturières importantes.
On verra dans les Documents pour servir à l’histoire
des Afghans, joints à ce voyage, que, d’abord dépendant
du Grand Mogol, le Scinde, moyennant un tribut
annuel payé à ce souverain, se gouvernait lui-même
par des chefs appartenant à la tribu des Kaloras. Il en
fut de même lorsque le sort des armes eut fait passer
cette province sous la domination afghane, pendant
le règne d’Ahmed-Châh, Sudozéhi. Mais sous celui
de son fils Timour-Châh, la dynastie des Kaloras fut
renversée par quatre chefs de la tribu des Talpours
qui les remplacèrent et donnèrent au gouvernement
du Scinde la forme fédérative : ils conservèrent
cependant une espèce d’indépendance les uns des
autres et quelque apparence de vassalité vis-à-vis du
Châh des Afghans, dont ils finirent bientôt par décliner
complètement la suzeraineté.