largeur, à partir du flpuve jusqu’aux sabirs mouvants
du désert; l’abandon où se trouvent ici les
rives de cette rivière provient de leur fertilité même,
qui attirait les pillards dans le temps où elles étaient
habitées par des populations riches et laborieuses. Aujourd’hui,
décimés ou dégoûtés de ce séjour, leurs
anciens habitants sont allés s’établir dans des localités
moins accessibles, sous la protection de chefs qui puissent
les défendre, ou se sont concentrés sur quelques
points, tels que Peul-Alek, Roud-Bar, Khair-Abad,
Trakou, etc. Et cette concentration leur permet de
résister aux pillards avec plus de chances de succès.
La fertilité du pays abandonné, la facilité d’v trouver
d’abondants pâturages et les eaux de l’Hirmend,
y attirent, de mai en décembre, un grand nombre de
Béloutches que la sécheresse chasse des oasis situées
au milieu des sables du Sistan, au Sud du fleuve : ils
restent toujours, cependant, sur le qui-vive, afin de
se réunir à temps pour résister aux attaques des petits
chefs afghans, qui réclament d’eux un droit de
pacage sur ces terres dont ils s’arrogent la propriété.
Aussitôt les premières pluies de décembre arrivées, ils
rentrent dans les oasis où ils sont à l’abri des vexations.
Les conditions dans lesquelles vivent ces Béloutches
contribuent plus que toute autre cause à les rendre
farouches, cruels et ennemis de toute civilisation.
La tour d ’Alem-Dar, construite en terre, est d’un
assez vaste développement ; les ruines modernes au
centre desquelles elle se trouve indiquent que c’était
anciennement une forteresse, servant d’habitation à
un chef important. Quand j ’y passai, on ne voyait plus
que vingt à vingt cinq tentes d’Afghans Nourzehis
disséminées tout autour. A partir de cette localité ,
l’Hirmend laisse échapper de son lit de forts courants
d’eau à quelques kilomètres de distance les uns des
autres; il y a surtout trois canaux principaux qui,
pendant la saison des pluies, déversent le trop-plein
de leurs eaux sur les terres environnantes avant
d’aller se jeter dans la partie supérieure du lac, et
déposent beaucoup de détritus très-riches eir humus
sur le sol, dont ils augmentent encore la fertilité naturelle.
Alors aussi les cultures ne sont plus limitées
aux rives du fleuve; les terrains ainsi arrosés
forment un delta de plusieurs farsangs de circonférence,
que protège naturellement le fleuve qui en
défend les approches. Ce delta est planté en tout sens
de haies de nombreux tamariscs au feuillage épais,
qui servent de clôture aux espaces cultivés. C’est là
que se trouve la plus grande agglomération de population
du Sistan : on y compte plus de vingt villages,
très-riches et bien peuplés. Leurs habitants ne logent
point sous la tente; ils dédaignent cependant la brique
et la pierre pour la construction de leurs maisons, qui
sont faites de roseaiîx et de branches de tamariscs
recouverts d’une épaisse couche de boue. Ces villages
sont situés sur les points les pfus élevés du
sol, pour les mettre à l’abri des inondations. Les
moustiques sont le principal fléau des hôtes de ce
delta. Ces insectes, d’une prodigieuse grosseur, torturent
bêtes et gens pendant huit mois de l’année ;
leur trompe traversera couverture la plus épaisse et
trouve encore lé moyen d’entamer la peau sous les