
personnes, eût eu à suffire pour sept; puis, sans manifester
plus de colère, je plumai mes trois perdrix, les
lis rôtir et en dévorai deux. Quant à lu troisième, je
la mis dans ma poche, au grand scandale des trois
misérables qui composaient mon escorte, me proposant
de la manger seul, en cheminant à cheval, vers
le coucher du soleil.
A trois heures de l’après-midi, nous remontâmes
à cheval et continuâmes notre marche à travers des
vallées très-encaissées. Deux heures après, nos chevaux
ne voulaient plus avancer, tant le simoun avait
augmenté d’intensité. Ce vent est connu sous diverses
dénominations, telles que simoun, sàm ,
kamsine, sirocco l. Lorsqu'il souille, on éprouve
l’un des plus cruels supplices qu’il soit possible
d’imaginer; les animaux en sont incommodés aussi
bien que les hommes. En Arabie, en Egypte, à
Damas, à Bagdad, etc., il sévit par rafales qui s’annoncent
par certaines perturbations de 1’atmosphère :
l’air est rempli d’une masse de vapeurs livides,
opaques, voilant l’horizon et dérobant à la vue
les objets situés à une faible distance ; la clarté
du soleil n’arrive plus que comme une lueur
1 M. Ferrier fait ici allusion au vent brûlant clu désert, qui
n’est pas en Asie le simoun véritable, aux émanations délétères
quelque peu électriques qui causent une mort instantanée et qui
régne seulement eu Arabie. Ce veut ne produit aucun effet sur
1a végétation, parce que, selon toute probabilité, il n'est pus en
contact avec elle, car il souille en général à deux pieds au-dessus
du sol. Les cbumeuux, qui sentent sou approche, s'agenouillent
et placent leur léle sur la terre même, uilu d'éviter ses effets
meurtriers. » E d .
rougeâtre, occasionnant une crainte visible aux animaux,
qui se cachent le nez dans le sable ou présentent
le dos au vent,jusqu’à ce qu’il soit |>assé. Les
hommes sont suffoqués, la transpiration est subitement
arrêtée, un sable impalpable bouche les pores,
remplit les yeux, le nez, les oreilles et la bouche qu’il
dessèche, le pouls bat avec violence et souvent on
tombe comme foudroyé par une attaque d’apoplexie.
Le cadavre de ceux qui meurent se putréfie à l’instant,
les membres se séparent du corps au moindre
attouchement, tout enfin est singulier, exceptionnel,
énergique, dans les effets de ce vent meurtrier.
Dans les vastes steppes méridionaux de l’Asie centrale,
il se produit rarement par rafales, si ce n’est
dans les déserts du Sistan; ailleurs, il dure habituellement
trois jours et se soutient avec une force modérée
dont on souffre beaucoup, mais qui donne rarement
la mort, ûn ne connaît pas, dans cette contrée
de préservatif contre le simoun; la seule ressource
pour échapper à ses atteintes est de s’abriter dans
une maison hermétiquement fermée du côté où il
souffle.
Nous eûmes beaucoup à souffrir de ce vent pendant
les sept farsangs que nous fîmes de Guerm-
Aô à Tchâh-Guèz, d’autant plus que notre outre étant
déchirée depuis la veille, nous ne pouvions y conserver
l’eau, ([ui fuyait de toute part. Cependant en
la tournant dans le sens où elle était le moins détériorée,
j ’étais parvenu à en réserver une éeuellée
que je gardais précieusement pour le cas possible où
lu n de nous, atteint par le simoun, serait frappé