
cite ne tarda pas à avoir le sort de sa devancière1.
Ahmed-Châh, Sudozéhi, la dépeupla à son avènement
à la royauté des Afghans, après la mort de Nader, et
installa ses habitants dans une nouvelle ville qu'il
construisit dans la même plaine à trois quarts d'heure
plus à lest. Il la fit entourer de fossés et flanquer
d ’une citadelle ; tout cela existe encore aujourd’hui
sur un terrain plat où l’on peut s'avancer en toute
sécurité jusqu’à 30 ou 40 mètres des murailles, à la
faveur des nombreux vergers et jardins dont elle est
entourée. Kandahar est aussi dominé sur plusieurs
poinis par les collines rocheuses dont les dernières
pentes arrivent tout près des fossés de la place. C’est
» La ville ancienne a été, suivant quelques assertions, fondée
par Lohrasp, roi persan qui vécut dans des temps très-reculés.
C’est encore à lui que l’on attribue la fondation de Hérat. D’au- ■!
très personnes assurent, e t avec plus de probabilité, que celte
ville a été bâtie par lshander-Roumi, c’est-à-dire par Alexandre
le Grand. En cela les traditions des Persans sont d’accord avec
les conjectures des géographes d’Europe, qui placent dans celle
partie du globe une des villes nommées Alexandria.
« La ville ancienne fut debout jusqu’au règne des Ghazis, à
l’époque ou Châh-Hussein fonda une nouvelle cité qu’il appela
Hussein-Abad. Nader-Châb essaya encore de changer l’emplacement
de la ville et construisit Nader-Abad. Enfin Ahmed-Châli
éleva la ville actuelle en l’an 4753 ou 1754, et lui donna le nom
de A hmedShihâ et le titre de Ashrefoul-Belàd,. ce qui veut
dire la plus noble des cités. C’est ce titre qu’on lui attribue
encore dans les pièces officielles et dans le langage de la cour,
car on ne se sert plus de nos jours de l’appellation qu’on lu!
donnait de Dâroul-Carrar, qui signifie la demeure des gens
tranquilles. Ahmed-Châh fixa lui-même les limites de la ville
actuelle, et en traça le plan que Ion admire encore de nos
jours. 11 entoura la cité d'une muraille' et il aurait voulu encore
une forteresse facile à réduire, et pour laquelle rien
ne compense l’admirable position qu’elle occupait
primitivement *jj Ses environs sont très-pittoresques :
la ville est, pour ainsi dire, étouffée au milieu de
cultures, de jardins, de vergers et autres plantations
d’arbres coupés çà et là par des cours d’eau limpides
et parsemés de collines de rochers, sur la pente desquelles
les habitants ont pratiqué des glissoires où
ils viennent se récréer les jours de fête. Les fruits et
les légumes poussent abondamment à Kandahar et
sont meilleurs que partout ailleurs dans l’Afghanistan,
ses grenades surtout n’ont pas leurs pareilles dans le
monde ; ses pastèques et ses raisins méritent aussi
y ajouter un fossé; mais les Douranis, dit-on , s’opposèrent à
ces fortifications en déclarant que leur meilleur fossé était le
chemen de Bistan, autrement dit le marais situé près de Bistan
dans la partie sud du Khorassan de Perse. Kandahar était la
capitale de l’Empire Dourani, à l’époque d’Amed-Châh, mais
Timour-Châh, son fils, transporta à Kaboul le siège du gouvernement.
» i^ÿ (Elphinslone’s Kaboul, vol. II, p. 129.)
' Au pied des ruines de l’ancienne ville de Kandahar se trouve
l’une des reliques les plus illustres de l’antiquité, c’est le pot à
eau de Fo, autrement dit de Bouddha, transporté à Kandahar
par les tribus qui s’enfuirent, au ive siècle, de la ville de Gan-
dharra, sur l’Indus, pour échapper aux invasions des Yutchi qui
s’avançaient de la ’Tarlarie chinoise dans le seul but de s’emparer
de ce vasei Le pot à eau en question est la plus ancienne re lique
de l’Asie et les mahométans de Kandahar l’apprécient au
plus haut degré, comme un symbole miraculeux. On l’appelle
Kash-Gouli-Ali, autrement dit le Pot d’Ali. Ce vase en pierre
dure peut contenir environ vingt gallons. — Ed.
1 Suivant l’opinion de tout stratégiste militaire, une position
en plaine est toujours préférable à une position établie sur le