
pressa de le soutenir (bien qu’il n’eût pas raison),
afin de lui assurer la souveraineté des provinces
afghanes dont il s’était emparé sans droit ni griefs.
Toutefois, il est bon d’ajouter que si les Directeurs de
la Compagnie donnèrent leur appui au Maharadjah
en cette occasion, ce fut bien moins ‘par sympathie
pour ce prince que pour se ménager à eux-mêmes la
possession des provinces spoliées par les Siks,
dont l’assujettissement à leurs lois était depuis longtemps
résolu; cependant ils furent assez prudents
pour ne pas essayer cette conquête du vivant de
Rindjit-Sing. Si après la mort de ce souverain, arrivée
en 1839, le Pindj-âb tomba rapidement dans la
décadence, la faute en fut à ses héritiers et succes-
seurs, qui ne mirent en pratique aucune de ses traditions.
Son fils, Karrak-Sing, le premier d’entre eux, était
d’une nullité désespérante et mourut empoisonné
après un an de règne, au moment où sa sotte conduite
allait l’engager dans une lutte sérieuse contre
les Anglais qui, au nombre de 25,000, marchaient
contre lui et s’arrêtèrent seulement quand ils apprirent
sa mort. Son frère, Nahal-Sing, dont le caractère
avait fait concevoir quelques espérances, périt le lendemain
de son avènement au trône, écrasé par une
poutre qui se détacha au-dessus de sa tête, d’une
porte de la ville sous laquelle il passait. Ces deux décès,
si rapprochés l’un de l’autre, éteignirent, suivant
l’opinion générale des Siks, la descendance légitime
de Rindjit, car le vieux Maharadjah avait
toujours, à tort ou à raison, renié la paternité de
Cliir-Siug, le troisième et dernier de ses fils, considéré
par lui comme le fruit du commerce adultère d’une
de ses femmes avec un des employés de sa cour, disent
les lins, avec un palefrenier, disent les autres.
Chir-Sing n’en fut pas moins élevé au souverain
pouvoir à la mort de Nahal-Sing, et parvint à
étouffer, non sans quelque peine, les révoltes partielles
opposées à sa domination. Ce prince possédait
des qualités réelles et suffisantes pour affermir sur
des bases solides la monarchie fondée par son père
putatif; mais les excès auxquels il se livra, surtout
l’usage immodéré des boissons alcooliques, le détournèrent
de la bonne voie où il s était d abord engage.
Dès lors les liens de l’obéissance se relâchèrent parmi
ses sujets; on conspira dans toutes les villes du Pindj-
âb, et après trois ans de règne, Chir-Sing mourut prématurément
comme ses prédécesseurs, assassiné par
ses sujets. Ce fut un général de son armée, nommé
Achit-Sing, qui se rendit coupable de ce forfait. Le
15 septembre 4843, sous prétexte de faire apprécier
au Maharadjah une amélioration introduite dans
l’habillement des troupes, ce chef lui présenta six cavaliers
revêtus de l’uniforme modifie, équipés, armés
et rangés en bataille dans la cour du palais. Le
Maharadjah s’étant placé sur un balcon pour les voir
plus à son aise reçut une déchargé de mousqueterie,
faite par les mêmes soldats qu’il venait inspecter : une
balle l’atteignit au front et le renversa roide m o rt1.
i Achit-Sing tua le Maharadjah de sa main, à l’aide d’une
carabine à deux coups qu’il avait prié le prince d’examiner, afin
de l’empêcher de faire attention à ce qui allait se passer.—L.