
laient la franchir, et en leur imposant des amendes
considérables; mais ce moyen est encore dangereux
: les populations mécontentes, retenues par
force, donneront les premières le signal de la révolte.
Kouhendel-Khan et les autres souverains afghans
sont membres actifs d’une confédération où sont entrés
aussi le Chah de Perse, les chefs béloutches, siks et
mahrattes, hostiles aux Anglais. D’accord sur le fond
des choses, ils n’ont jamais pu s’entendre pour frapper
avec ensemble un coup capable d’ébranler la
grande puissance indo-britannique. Ils ont temporisé
et combattu isolément. Ce système leur est devenu
funeste, car l’Angleterre écrase en ce moment le
plus important de ces confédérés sur les bords du
Sutlège. L’empire fondé par Rindjit-Sing n’existera
bientôt plus que de nom : la puissance des Mahrattes
et des Scindiens expire; et, si les Afghans n’y prennent
garde, enveloppés dans le réseau tendu par les
Anglais contre leur indépendance, ils en seront bientôt
réduits à leurs propres forces et s’épuiseront dans
des luttes ou des intrigues intestines qui amèneront
leur complet asservissement. Kouhendel-Khan le
comprend, aussi ne serait-il pas fâché de se ménager
la sympathie des Anglais à l’insu de ses alliés; mais à
ce double jeu les chances peuvent tourner contre lui.
L’Angleterre pourrait bien accueillir ses avances sans
s’engager en rien vis-à-vis de lu i, et l’abandonner
quand elle y trouverait ses intérêts. Les liens du sang
ne retiendront pas la vengeance de Méhémed-Akbar-
Khan, s’il soupçonne seulement la trahison de son
oncle; et l&Châh de Perse, dont l’influence contribue
puissamment à le maintenir au pouvoir, lui fera
défaut dès qu’il aura abandonné la cause commune.
Dans le cas où, contre nos prévisions, Kouliendel-
Khan ne serait pas dépossédé de son vivant, sa succession
deviendra l’occasion de débats sanglants entre
les différents compétiteurs qui se la disputeront. Ses
fils, ses frères et ses neveux sont tous gens de résolution
et de courage, qui disposent chacun d’un parti
dévoué à leurs intérêts. Dans cette contrée on reconnaît
plus de droits au frère qu’au fils pour succéder
dans le gouvernement, c’est ce qui fait que Kouhendel
a régné après ses deux frères germains, Pour-del-
Khan et Chir-del-Khan ’. Il lui en reste encore deux :
Rahim-del-Khan et Mir-del-Khan, qui aspirent à lui
succéder. Les habitants du Kandahar ont l’opinion
suivante sur leurs trois grands Serdars : 1° Kouhendel
Khan est bon général et n’a jamais été battu;
2° Son frère, Rahim-del-Khan est loyal, éloquent et
persuasif; 3° Mir-del-Khan est sage et bon conseiller.
Tous ces frères ont eu une assez nombreuse postérité;
voici la liste des principaux membres qui la
composent :
Les fils de Pour-del-Khan sont : Mir-Efzel-Khan,
Àbd ul-Waat-Khan, Abd ul-Rassoul-Khan.
Fils de Chir-del-Khan : Mir-Ahmed-Khan, prince
fou et incapable de régner.
Fils de Kouhendel-Khan2 : Méhémed-Sédik-Khan,
1 Pour-del signifie le grand coeur, et Chir-del le lion courageux.
— Ed.
2 Kouhendel-Khan est mort, tout récemment, et le pouvoir est
passé à ses frères.—Ed.