Son fils, Prétab-Sing, jeune enfant de dix ans, présent
à cette scène, fut tué à coups de sabre par d’autres
meurtriers apostés dans les chambres du palais.
Après avoir commis cet horrible crime, Achit-Sing
et son frère, général comme lui, se hâtèrent de s’emparer
de la forteresse de Lahor; étant parvenus à y
attirer le Radjah Dyan-Sing, premier ministre de
Chir-Sing, ils le mirent également à mort, et firent
ensuite un appel au peuple au nom de la liberté, prenant
pour devise : Plus de maîlre et mort aux A n glais!
Un des premiers motifs qui avaient poussé ces
insensés au meurtre et à la révolte était, en effet, les
relations cordiales que leur souverain entretenait avec
la Compagnie des Indes, à laquelle ils attribuaient tous
les maux réels ou imaginaires qui pesaient sur leur nation.
Le peuple se montra peu soucieux de les soutenir
et les troupes cantonnées à deux heures de Lahor,
haranguées par Arak-Sing, fils du Radjah premier
ministre, si malheureusement assassiné, se prononcèrent
contre les meurtriers. Elles arrivèrent le lendemain
dans la ville, commandées par le général
Yentura. Quelques heures d’assaut et de canonnade
suffirent pour faire tomber la forteresse au pouvoir
des assaillants. Achit-Sing et son frère furent pris et
subirent la peine du talion : mais leur mort ne réparait
pas le mal qu’ils avaient fait, car la difficulté de
la situation était de trouver un homme capable de
prendre en main les rênes de l’administration.
On pensa d’abord à un vieux chef montagnard
nommé Goulab-Sing, très-influent dans le pays et
ayant disputé dans le temps le souverain pouvoir à
Rindjit, mais son élévation menaçant de créer de
nouvelles complications et lui-meme ayant décline
cet honneur par suite du refus que firent les Siks d’accepter
ses conditions et des menaces proférées contre
sa vie par une soldatesque en révolte, on lui substitua
un jeune enfant en tutelle, nommé Dhalip-Sing,
dont la mère, Maharani-Chauda, fut chargée d’exercer
le pouvoir en attendant la majorité de son fils.
Celle-ci s’adjoignit en qualité de régent son frère,
Djovaher-Sing, liomme.de peu de valeur et souillé
déjà par plus d’un crime.
Dhalip-Sing n’avait rien du sang du vieux Rindjit,
mais les Siks le placèrent sur le trône parce qu’il était
le prince qui se rattachait du plus près à sa race. Les
deux premières années de son règne furent agitées par
des troubles et des crimes incessants, provoqués par
l’indiscipline des Serdars et des soldats dont le gouvernement
était obligé de subir la loi. Il en résulta une
confusion générale et l’apparition de plusieurs prétendants
au trône, dont l’un, nommé Péchora-Sing,
prince de la race de Rindjit. Appuyé par le vieux
Goulab-Sing, il était parvenu à s’emparer de Chalkout,
d’Attock, de Pechaver, et à attirer la plus grande
partie de l’armée dans son parti. Après ces succès il
était entré en négociation avec l’Émir Dost Mohammed,
de Kaboul, lui promettant de lui céder Pechaver s’il
voulait l’aider à renverser Dhalip-Sing. Dost avait
accepté avec empressement cette avantageuse proposition,
qui faisait rentrer sous sa domination cette
province, cause de tant de sang versé entre les Siks et
les Afghans. C’était, là l’arrangement dont m’avait