
parlé Kouhendel-Khan, en me taisant toutefois que
l’alliance de son frère existait avec le parti qui aspirait
au pouvoir, et non avec celui qui le possédait. Les
choses en étaient là quand je quittai l’Afghanistan.
Depuis, Dost-Mohammed-Khan fut contraint de changer
son plan d’alliance avec les Siks, par suite de la
mort de Péchora-Sing et de quelques autres incidents
sanglants dont voici un résumé succinct.
Maharani-Chauda et son frère, le régent Djova-
her-Sing, voyant la plupart des troupes déserter le
parti de Dhalip-Sing pour passer à celui de son compétiteur,
Péchora-Sing, résolurent de se débarrasser de
ce dernier. Pour atteindre ce but, ils lui dépêchèrent
un individu de bas étage nommé Tchatter-Sing, récemment
promu au grade de colonel, et muni d’un
Ferman royal, contre-signé par la reine et son frère,
qui garantissaient la régence au prince s’il voulait se
rendre à Lahor pour y prendre les rênes du gouvernement
et mettre ainsi fin aux dissensions qui affaiblissaient
l’État. Péchora-Sing, auquel l’envoyé avait
en outre remis une fausse lettre, revêtue du sceau de
Goulab-Sing, l’engageant à accepter la régence, se
rendit à ce conseil, qu’il croyait émané de son protecteur,
et se m it imprudemment en route avec Tchatter-
Sing pour se rendre dans la capitale, accompagné
seulement de quelques serviteurs et laissant à Attock
les troupes qui lui étaient dévouées *.
1 Dans VHistoire des Siks, Cuningham donne un compte rendu
fidèle du meurtre de Péchora. Tout y est digne de foi/sauf les
déductions. Tchatter-Sing était un chef éminent et très-influent
sous le règne de Rindjit. Péchora-Sing fut assassiné à Attock. —L.
Ce fut une malheureuse inspiration, car durant le
voyage Tchatter-Sing s’introduisit dans sa tente, pendant
la nuit du 13 septembre 1845, et lui coupa
la tête au milieu de son sommeil. L’infortuné prince
n’était plus alors qu’à quelques lieues de Lahor,
et les troupes qui y tenaient garnison furent bientôt
informées de ce crime par une vague rumeur, mais
qui suffit pour qu’elles se soulevassent indignées
contre les auteurs présumés du crime. Elles se livrèrent
pendant trois jours aux plus minutieuses investigations
pour savoir ce qu’était devenu Péchora-
Sing, mais n’ayant rien pu découvrir de positif,
le 16, elles se portèrent tumultueusement au logis
de Djovaher-Sing et lui demandèrent impérativement
l’aveu du crime, ainsi que des explications sur la
manière dont il avait été consommé, et enfin la
relaxation immédiate du prince, dans le cas où il
serait vivant et prisonnier. Le régent jura qu’il
était vivant et qu’il arriverait sous peu de jo u rs; il
chercha par mille subterfuges à calmer l’irritation
des esprits. Sa réponse n’ayant satisfait personne, le
lendemain, 17, une députation d’officiers se rendit
auprès de la reine pour obtenir des renseignements
plus certains, la menaçant, en cas de refus, de la
mettre à mort avec toute la famille royale. Maharani
Chauda les fit accompagner à leur camp par
trois de ses ministres chargés, disait-elle, de donner
des explications aux troupes : mais ces. envoyés, au
lieu de satisfaire celles-ci, éludèrent constamment
leurs demandes et tentèrent de les apaiser en leur
offrant de riches présents qui furent refusés avec in