
part établit d’une manière inconlestable sa capacité
administratiye. Après la mort de son maître, il rétablit
la tranquillité inconnue dans le Hérat depuis
bien des années. Ses alliances avec les Hézarèhs et les
Uzbeks, et plus encore le mariage de sa fille aînée
avec Méhémed-Akbar-Khan, de Kaboul, lui ont donné
jusqu’ici une certaine prépondérance dans les affaires
de l’Asie centrale; mais les liens du sang sont si peu
respectés en Afghanistan, que ce mariage serait d’une
bien petite influence dans les décisions du beau-père
ou du gendre, si tel ou tel événement, favorisant les
intérêts de l’un et froissant ceux de l’autre, surgissait
un beau matin.—Si Kouhendel-Khan n’avait pas été
depuis longtemps déjà l ’ennemi déclaré de Yar-
Méhémed, il eût suffi de son alliance avec un prince
de Kaboul pour qu’il se rangeât parmi ses adversaires,
Quant au Chah de Perse, ses rapports avec
le chef du Hérat n’ont rien de sympathique, mais ils
n’ont rien d’ostensiblement hostile. Yar-Méhémed-
Khan reconnaît sa suzeraineté d’une maniéré purement
nominale, et rien n’indique que leur bonne
entente doive s’altérer de si tôt.
Des trois fils de Yar-Méhémed-Khan, un seul, le
Serdar Séyid-Méhémed-Khan, est en âge de gouverner,
mais il n’a pas la capacité nécessaire pour succéder
à son père. Après la mort de celui-ci, un des
Serdars de Kandahar aurait des chances de s’emparer
de Héràt; mais il faudrait que la Perse le lui permît,
et les projets bien connus du Châh laissent supposer
qu’il trouve le lot trop beau poür le céder à un autre.
H sera certainement, en cela, approuvé par la Russie
qui ne saurait voir, sans jalousie, passer cette ville
dans une famille que l’Angleterre peut, d’un moment
à l’autre, gagner par des conditions avantageuses
et intéresser à sa cause1. Un envahissement
du Châh de Perse peut donc ramener de nouveau
les Anglais dans l’Afghanistan. Du reste, de toute manière,
je crois impossible que plus de vingt années
s’écoulent avant qu’ils reviennent dans cette contrée;
fis y seront appelés par les princes qui s’y disputeront
la souveraineté, ou bien ils l’envahiront à propos
d’un de ces motifs que leur politique est si habile à
faire naître, quand leurs flancs et leurs derrières
seront suffisamment appuyés et protégés. Cette extension
de leur domination est certainement inutile en
ce moment pour affermir là sécurité de leurs possessions
des Indes, mais ils préféreront sans doute se
prémunir contre les éventualités d’une invasion russe.
Instruits par leurs désastres passés, ils n’iront point,
comme en 1839, pousser une pointe hardie dans ces
contrées inhospitalières sans assurer d’avance leurs
communications. Ils agissent maintenant plus sûrement
et plus méthodiquement, et d’est en ne s’écartant
d’aucune des règles prescrites par la prudence qu’ils
envahiront les pays situés au delà de l’ïndus. Ils se
sont emparés des deux têtes de pont de Pechaver et
de Chikarpour ; et ce seul fait dénote de leur partdes
i Yar-Méhémed-Klian est mort en 1852, et le pouvoir
est passé à son fils aîné, qui s’est placé sous la protection du
Châh de Perse. Les Serdars de Kandahar ont tenté, comme
nous l’avions prévu, de s'emparer de ce Khanal; mais leur armée
a été obligée de se retirer après avoir été battue.