
fortunée, est venue nous honorer de sa présence
votre lettre pleine d'amitié et dont la lecture m'a
procuré une parfaite joie et des moments agréables.
J’ai été fort peiné en apprenant la conduite et les
actes des habitants de Kandahar à votre égard.
Mais j ’ai éprouvé une grande consolation en apprenant
que vous vous êtes dirigé sain et sauf vers
la province de Ferrah, et que le très-haut placé
gouverneur des frontières n ’a point montré de négligence
à vous faire tous les honneurs d’usage,
car, bien au contraire, il a observé vis-à-vis de
vous toutes les lois de l ’hospitalité. Quant à votre
départ de la province de Ferrah, pour vous rendre
à votre destination, vous êtes le maître de faire ce
que vous voudrez; mais les chemins sont très-dangereux
pour aller à Chikarpour, il serait fâcheux
que—Dieu ne le veuille! — il vous arrivât un accident
déplorable. Cependant, si telle est votre résolution,
que la prospérité puisse vous accompagner !
Je recommanderai au très haut placé gouverneur
des frontières de mettre à votre disposition quelques
hommes à cheval qui vous escorteront jusqu’aux
lieux à eux accessibles, et qui ne vous quitteront
que lorsque vous les aurez congédiés. Dans
le cas où vous voudriez revenir à Hérat, je vous
prie de regarder cette ville comme votre maison,
et retournez-y avec une escorte de cavaliers que le
gouverneur des frontières mettra à votre disposition.
Dieu le voulant, après votre retour à Hérat,
en reprenant la voie du Turkestan, vous parviendrez
cette fois heureusement à Kaboul. J’ai adressé
« des recommandations en votre faveur au très-haut
« placé gardien des frontières, pour l’engager à vous
« être utile dans l’un et l’autre cas. Vous êtes donc le
« maître de faire ce que bon vous semblera. Je n’avais
« rien autre à vous communiquer, si ce n’est de vous
« prier de me donner des nouvelles de votre santé et
« de vous adresser à moi pour les besoins que vous
« pourriez avoir. Je vous souhaite honneur et pros-
« péri té. »
Du 46 au 19 octobre.—Le même Assad-Khan, Ishak-
zéki, qui s’était offert le premier jour de mon arrivée
pour me conduire à Chikarpour, fut choisi par le
Mollah Mahmoud pour m’escorter avec douze cavaliers.
Je ne pouvais être mieux accompagné, car
Assad-Khan était né et avait passé sa vie sur les bords
de l’Hirmend, près de Kouh-Nichine. Il avait été ré-
cemment expulsé du Kandahar par Kouhendel-Khan,
qui n’était pas assez sûr de ses bonnes intentions pour
le laisser maître d’une position qui le rendait l’arbitre
de son sort, dans le cas où il serait de nouveau expulsé
de ses États par les Anglais. Le seul refuge de ce
prince est en Perse, et il faut que la route de ce côté
soit libre ou au pouvoir de chefs dévoués à sa personne;
si un seul lui barre le passage, c’en est assez
pour compromettre sa liberté. Assad-Khan pouvait
être cet ennemi, et il était d’autant plus dangereux,
qu’il possédait la petite, mais forte place de Mala-
Khan, sitüée sur une éminence qui domine la
route. Le Serdar de Kandahar l’avait plusieurs fois
sommé de reconnaître sa suzeraineté; Assad-Khan
avait toujours répondu négativement, et Méhémed