les villages très-rapprochés d’elle qui en dépendent
et en font pour ainsi dire partie intégrante; augmentent
beaucoup le chiffre de sa population arabe
et béloutche; ses habitants ont une grande répu^
talion de bravoure et de turbulence. Cette localité
possède de grands troupeaux de moutons, de chèvres
et de chameaux. Ses chevaux sont bons, très-estimés,
et de race arabe. Ses tapis sont les plus beaux, les
meilleurs et les plus chers de la Perse. Ghaïn est dans
un pays de plaine à environ 20 farsangs de Ferrah,
16 de Lâch-Djouï-waine, et 12 de Nèh-Bindàne.
Je dois encore ajouter que les routes dont je vicus
de donner l’énuméralion, et leurs prolongements
jusqu’aux frontières les plus occidentales de la Perse,
sont battus par les Bakhtiaris et les Béloutches. Les
premiers dévalisent seulement les caravanes ; les seconds
font aussi captifs les voyageurs, et les tuent
quand ils ne peuvent les emmener avec eux. Dans la
partie centrale de la Perse, on court encore un autre
danger : on peut être enseveli vivant dans le sol, qui
cède sous les pieds par suite des cavités souterraines
que forment les infiltrations des eaux de pluie dans ce
terrain, composé en partie de sel qui fond au contact
des eaux.
Pendant les deux jours que je restai encore à Ferrah,
le Mollah Mahmoud fit de nouveau son possible
afin de me déterminer à m’aventurer une seconde fois
dans le Sistan pour gagner l’Inde ; mais les trois tentatives
que je venais dè faire pour y pénétrer, une
par le Nord, deux par le Sud, ayant cruellement
éprouvé mon courage et ma santé, je refusai bien
positivement de souscrire à son désir; et puis mon
but était manqué : cette pensée surtout me porta à
persévérer dans mon idée de retour en Perse.
Khoch-Ava.—10 novembre.—5 farsangs dans une
plaine où se trouvent quelques villages riches, bien
cultivés,’et beaucoup de ruines dont les habitants
ignorent le nom. Quand on s’informe auprès d’eux
des cités qu’elles représentent, ils ont à peu près, dans
toute l’Asie centrale, deux ou trois versions à l’usage
de ces sortes d’explications. C’est toujours une fille
vierge, ou un couple amoureux, ou un barbier,
ou encore un saint personnage, qui ont édifié le
monument en ruine. A défaut de légende, ils se
rejettent sur Roustem, sur Châh-Abbas et même sur
Nader-Châh, quelquefois aussi sur les génies et les
enchanteurs. La route de Ferrah à Khoch-Ava n’est
indiquée que dans la première partie du trajet, par
un étroit sentier ; on fait la deuxième à travers
champs, en se dirigeant vers les montagnes au pied
desquelles est situé ce village, qui se compose d’une
centaine dé huttes en terre. Le Ketkhoda de Khoch-
Ava se trouvait à Ferrah en même temps que moi,
et le Mollah Mahmoud lui avait remismn khalat (robe
d’honneur) en indienne anglaise, pour le bien disposer
en ma faveur ; je m’attendais donc à une large
hospitalité; mais le gaillard prenait de toutes mains
et me fit payer au décuple de leur valeur réelle un
pain et du lait aigre qu’il nous fournit.
Djèdjè.—11 novembre.—7 farsangs. Les deux premières
en plaine ; on traverse ensuite divers canaux
qui dérivent des sources du Khachek-Roud, puis on