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nature mobile d’un terrain sans consislancc, ait exige les précautions
dont les seuls Phéniciens prévirent d’abord la nécessité. Celle circonstance
prouve qu’il rcgiioit de la confusion daus rarméc perse, que ses
opérations étoient bien mal dirigées, puisque cc travail auquel le roi
prenoit un si v if intérêt, n’étoit pas soumis à uu ordre uniforme, ct
que chacune des divisions cxécutoit à sa manière la partie dont elle étoit
chargée.
Cc ne fut point, comme le dit Hérodote, par oslcnlation, ct pour
faire une vaine montre dc sa puissance, que Xcrxcs préféra la construction
d'un canal, au moyen que rinstoricn juge plus facile, et qui oui
entraîné de grands inconvéniens. 11 n’éloit pas impossible, il est vrai,
dc faire passer les galères sur fisthme avec dos rouleaux ct des cabestans.
On m’a montré dans les hccatoiièscs un isthme dc la même nature que
celui dc l’A lhos, mais à la vérité un peu moins large, qu’un corsaire
maltais parvint à francliir dans une nuit, il étoit bloqué par des vaisseaux
turcs qui, au coucher du soleil, avoicnl mouillé à rentrée du port, et
dont les chefs, dans leur indolente sécurité, remirent au lendemain à
s’emparer de leur foible ennemi. Les gens dc l’équipage, nombreux,
déterminés, et n’entrevoyant que cette seule voie pour échapper à une
dure captivité, peut-être aussi, aidés par les habitans tous chrclicns,
parvinrent à faire couler leur léger chébek sur les sables, ct à gagner la
rive opposée : un vent favorable les éloignoit ct les sauvoit déjà, lorsque
les capitaines turcs sc prcparoicnt encore à saisir une proie qu’ils avoient
cru certaine.
S i, dans cc cas particulier, le désespoir a pu faire un effort extraordinaire,
on n’cn peut rien conclure pour une iloltc dc plusieurs milliers
dc bâtimcns , dont un grand nombre eût éprouve des avaries dans une
si pénible manoeuvre. Le canal n’étoit pas d’ailleurs uniquement destiné
au passage momentané de la flotte; des renforts et dc fréqucns convois
dévoient se succéder, ct l’on avoit le même intérêt à les préserver dc
tout danger.
Les vestiges du canal sc distinguent encore, quoique les sables
l’aient comblé cn beaucoup d’endroits : sa direction a été parfaitement
reconnue par M. dc Cbanaleilles ct M. Racord, qui ont levé le plan
dc l’isthme : c’est donc làutc d’avoir cherché avec assez d’iiitclli-
gcncc, que Reion ct Thcvct assurent qu’on n’cn voit plus aucunes
traces ( i) . Je les soupçonne d’avoir partage l’incrédulité dc Juvenal,
qut dit avec peu de ménagement pour les Grecs, ses maîtres eu poésie,
Creditur o!im
Vehficatus Allios, et quidquid Græcia mendax
Audclin hislorià (2) ;
ou d’avoir été trompes par les expressions exagérées des poètes et des
orateurs, qui, prises trop littéralement, lèroicnt croire que les flottes
passoicnt à travers les flancs mêmes du mont Alhos. Ces vovareurs v
aurment en effet cherché vainement les traces de ee fabuleux'ouvrage
Nous apprécierons bientôt ec qn’étoit dans la réalité cette mer nouvelle
sur aquellc, dit Catulle, ou vit l’élite des barbares naviguer ct traverser
1 Alhos;
Quum Mcdi peperevenovummare, qnumqoe jiiventas
Per medium classi barbara navit Alhon (5).
Hérodote, comme on l’a déjà vu , s’exprime avec plus de mesure et
do sagesse; et l’cxamon dc cc passage sera un nouvel hommage rendu
au pore de l’histoire. Il dit que l’isthme avoit douze stades : c’est cn eflèt
son exacte largeur, puisqu’il a neuf cents ct quelques toises, ct (nie les
Sladcs employés par Hérodote, ne sont que dc soixante-seize toises
comme d’AnviIIc l’avoit déjà pensé. Cette évaluation du savant géographe
sc trouve ainsi confirmée par une preuve iiicoiitostahle.
Le canal est uu peu plus long que l’isthme n’est large, parce qu’il n’a
pas etc trileé en ligne directe : pour éviter des terrains qui eussent offert
plus de resistance, ct se maintenir dans la gorge jadis conihlée, on
en a suivi les sinuosités encore apparentes.
Il ne sera pas très-facile d’établir avec une parfaite ccrtiUidc la lar-
y u r cl la profondeur du canal. Dans les parties qui subsistent encore
le loiul est rempli par des sables; les bords sont entièrement éboulés-
nulle part on ne pont avec précision juger quel étoil l’éloigncment
des deux rives. Deux galcres pouvoicnl y passer de front; nous devons
supposer qu’elles n’éloie.u point alors conduites à la rame, el qu’on
tes halo.l dn rivage, cc qui étoit pins prompt ct bien moins pénible-
(1) Atlciré Tiievet, Cosinograpliie üuivmelie, T. II,
L. X\ 111, p. 8,0. Oljservaliüiis dc V. liclou, Liv. I l l ,
chap, 35.
Tonie I I .
(2) Juvenal, Sat. X, v. i ç 3,
( 3) Catul. de Coma Beren. v.
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