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existence, ct mcrilc un honorable avancement, a vu ancanlir le friiil
dc scs travaux, a été forcé dc fuir, et passe sur une lerrc étrangère des
années qu’il eût employées uLileincnL pour son pays.
I l e d e S a m o t i i h a c e .
Cette île d’niie médiocre étendue, peu fertile, n’a élé le théâtre d’aucuns
des faits éclalans qui recommandent à l'histoire tant d’autres lieux
dc la Grèce , mais son nom est consacré par les plus antiques souvenirs ;
et les mystères qui si long-temps y furent célébrés, aLtcslcnt que scs
hautes montagnes avoient été l’asyle du malheur el dc la religion, a ccLlc
grande époque où les eaux du Pout-Euxin sc précipitcrciil clans le passage
que leur ouvroieiiL les feux d'uu volcan.
Il m'est permis dc croire que le premier j’ai reconnu à foiilréc du
Bosphore les preuves sensibles de celte éruption volcanique cjui produisit
de si Icrriblcs désastres ( i) . Je puis croire aussi avoir ('■labli [»ar dos raisons,
au moins Lrès-j)lausiblcs , que ccLLc inondation est celle qui lut
appelée par les Ailiéuleiis le déluge d’O gygcs; événement ([ue les chro-
iiologisles plaeeiiLprès dc dix-huit siècles avant notre ère, et dont jusqu’à
cc jour on n'avoit j)u rendre raison par aucune cause physique (2).
Nous rclrouvcrons les traces de ces feux dcslrucLcurs, lorscjuc nous
remonterons le Bosjiliorc jusqu’aux rivages du Pont-Euxin; mais déjà
les récits des historiens suffisent pour nous faire admettre celte époque
la [»lus reculée do l'hisloirc des Grecs, el [»our montrer à travers les nuages
d'une petite carte levée sur la côte de l’ionie, qui
cxpliquoit coinmenl les sables eliariés par une rivière
avoient obsiriié Feiilrée du golfe de .Latmos, dont je
savois que la perle étoit depuis loiig-leraixs pour d'Aii-
\ ille un vrai sujet de chagrin , el nous allâmes rhez
lu i, l'abbé Barlhélcmy et moi. Celui-ci entra seul dans
son cabinet, mil la cuiivcrsalion sur l’objet dont nous
attendions ma grâce; et lorsqu’il eut réveillé ses regrets
sur la perte du petit golfe, j'en tnii ma carte à la main,
ct j'eii lis hommage à mou illustre cl rigoureux ceii-
.-.eur. Il sc livra à im vif Iransport de jo ie , me serra
long-temps dans ses hras, en s'écriant : il a retrouvé le
l..vT,'irciTS stxrs; n ee jeune homme est fait pour parmoment,
je fus l’objet constant de ses affeclions el dé
seso.spéi-iuicesgéographiques. L'aniiiislie fui conijdcle;
jamais depuis il ne me reparla du l’éiiée.
Le hasard (ear ce n'est que parmi ha.sarci que je puis
avoir eu uisoii eoiitrc d’.tnvillc) a voulu que j'eusse
bien vu le cours du Pénée. Des observations exaeles
ont depuis déterminé l'endroit où ce lleuve se jette à
la mer; el c’est, à une très-légère différenoe près, le
point de l;i cote où je l'avois ])lacé.
La latiuido de la pointe orienude de l’emboueliiire
du fleuve Pénée, déduile de trente observations de.s
hauteurs méridiennes d’étoiles, observées au nord et
an sud du zénith, est de Sg” 5G' 58".
La longitude de ia même pointe conclue ¡lar le
moyen d’cxeellenles horloges marines, est de g' i8"
)ilus oeeidenlale que SaIoiiii|ue. Iji longitude de Salo-
niquc est de 20” é|3' plus orientale que Paris, donc
la longiliidc de la¡loitilc orientale de remhoiicluire dn
Pénée est de 20“ 33' à l'orient d u méridien de Parts.
IJ, .\Iém. lu à l'assemblée publique de l'Institut,
le 22 mars i 8o5.
(2 ) M. Larcher fixe l'époque du déluge d'Ogygès,
l'an 1759 avant Jésus-Chrisl. Trad, d'Hérodote. T. Vü,
n. 291 et 5C8.
qui l’ciivcloppciu, riufliieiicc qu’une telle calaslroplic c.x-crça sur le sort
lies îles el dos riiages de la mer Égée.
Pre.squc lous les auteurs ancieus sc rcuiiisscm cn elTcl pour atlcslcr
cc cataclysme, clout le souvenir s’étoit conserve avec les idées dc terreur
religieuse qu’il dcvoit alors inspirer : Platon noos peint la Troade couverte
par les eaux. . Il est probable, dit-il, qn’il ne put échapper à cc
» flean dcslriictcur que quelques bergers liabilanl les raiitoiis les plus
. clcvés. Long-temps la crainte les empêcha de quitter les liauLeurs; enfin
» ils se décidèrent à cultiver les parties inléricurcs des montagnes (i).»
Pline rapporte également que la Phrygie ct Ja Tcutliraiiic avoient été
sous les eaux (2). iMais le véritable liistoricn dc cette révolution éloil
Slratoii, qui, dans 1111 ouvrage dont nous avons à regrcUer la perle, eu
avoit recueilli tous les détails (3) ; il avoil peint les eaux du PoiU-Eiixin
s’élançant tout-à-coiip dans une mer inférieure, cn rehaussant le niveau,
couvrant pour loujours les terreins les plus bas, cl pour quelque temps
les plateaux plus élevés : ccux-ei reparurent quand le niveau des mers
lut a-peu-près établi, quand la surface du réservoir supérieur , siicecs-
sivement abaissée, cessa dc verser scs immenses torrcns, et ne laissa jilus
au courant qu’une pente modérée, telle qu’elle existe aujourd’liui. A celte
fatale époque dc l’irruplioii des eaux du Pont-Euxln , dos conlrées entières
furent submergées , ct il n’y cul dc salut pour nue partie des
liabilans que sur les sommets des monlagiics. Ils avoient emporté les
objets dc leur culte, ils s’y attachèrent encore davanlagc dansic mallieur.
L ’instant où les eaux cessèrent de monter et de les poursuivre parut un
bitmfiiil de CCS divinités, donl la vengeance èloil cni!» salisfiiile : les
inrorlunès comuiencèrcnl à se rassurer lorsqu’ils virent le pied de leurs
montagnes sc découvrir, et bientôt après des iles reparoitro, el sificier
à la surface des eaux; ils les criirciit sorties du sciii dc la mer : c’est
ainsi que les iles de Délos, d’Anaphé, elc. portent encore les noms
que cette apparition inespérée leur fil donner J ) . Diodorc commence
la description dc la mer Égik par celle de Samotlirace, et nous a
conservé cc que les souvenirs des nations avoient transmis aux écrivains
aiiUà’ii'lirs.
Les Samolliraccs les jikis instruits dc leur histoire, dil cet historien,
(3) ,Str,ib. Lib. I .ji. .',9.
(•il Dckis, AüJ.o;, qui apparoit, qui se manifeste:
Aiiapbé, Avayn, qui reparoit.
(1) Plato. 1)0 U’gilms,
(2) Maro Cl oiroá lliiim, ot Iota Tcuthrauia, quaq
campos miulcrit .Ma-aiuler. Plin. Lib. i l , cap. 88.
Tome 11. 3o