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signale dans la fo u le , ch e z les sauvages on sc ren d h id e u x ; tro p sou vent
ailleurs on s’csL ren d u cou p ab le.
Ce s faits rapporU-s p a r H é ro d o te a p p a r t ien iicn l b ien p ro b ab lem en t
au x ba rba res v a in cu s daus leurs foy ers ; mais lo rsq u ’il a jou te cpi’cn ces
mêmes c o iilrc c s , plusieu rs f em m e s , vouée s sans réserve au sort d ’un
seul é p o u x , am b ilio u n o ien l l’iio n n eu r d c m ou rir avec l u i , c t q u e celle
q u i cn a voil été le p lu s tendrcmciiL c l ié r i c , o b lcu o il d ’etre immolée sur
sa tom b e par le p lu s p ro ch e des p a r c n s , ou recon n o ît lo pc iq )le vaiu-
c ju c u r , c t la sou rce d c c c mêm e u sag e porté dans f ln d e par u n e autre
armée d c S c y lb c s , d o n t les d e sc c iid a iis le con serv en t en core. A in s i, au
milieu des fo r c is , c t dans u n e ré g io n sauvage q u i long -temps ne p ro d u is it
qu e des solda ts e l des g la d ia teu r s , comme dans ces clima ts o ù le courage
s’am o llit au sein des v o lu p té s , o n a vu le se xe t im id e , exalté pa r l'amour
ou par l’em p ire clc l’o p in io n , co u r ir avec ai’d cu r à une m o r t q u e l’iiomme
le p lu s in t rép id e p eu t à pein e braver.
L e s vastes contrée s d é fen d u e s par les monts H æ m u s , R h o d o p c , Paii-
gæ um , O r b c le , é to ien t arrosées par l 'H c b r c , le M ê la s , l e L i s s o s , le Ncs tos
e t le S t r ym o n . C ou ve r te s d e forêts im p én é t rab le s , ces rég ion s sauvages
élüicuL alors fro id e s c t t riste s , e x cep té vers la côte où l’on rc c u c illo it des
vins fo r t es timés ( i ) . A u jo u rd ’h u i toutes les vallées e t d c vastes plain es
su c c es sivem en t d é fr ich é e s o ffren t le sp e c ta c le des p lu s rich e s cu ltu res.
U n e terre fé co n d e ren d cbac|uc ann ée à l’b cu ren x lab o u reu r v in g t fois
ce q u ’elle cn a re çu ; e t les plain es q u e le vo is in a g e des riviè res p e rm e t
d ’in o n d e r , p ro d u isen t d ’immenses récoltes de r i z , l’u n des p lu s utiles
p résen s d c la natu re .
D an s les en v iron s d ’A d r ia n o p lc , ap rè s avoir admiré ce tte fe r tilité qui
lu t te con tre Lous les abu s du gou v e rn em en t , le v o y a g eu r su rpris dé cou vre
to u t à co u p des ch am p s c fun e espèce n ou ve lle : scs reg a rd s enchan tés
s’élcndeiiL à pciTc d c vu e su r des mois sons dc roses.
D é jà les b e au x jo u r s d u p r in tem p s on t mêiri ces récoltes em b aumé es ;
il es t tem p s cVcnlcver les fleu rs épan ouies , c t de faire pla c e au x n ou ve lles
gén é ra tion s d c roses q u i se su c c éd e ron t tou t l’été. De jeun e s f ille s , se
tenant p a r la m a in , a r r iven t cn d a n san t; elles rép è ten t des ch an ts dont
que lqu es-un s on t été conservés à travers les s iè c le s , d o n t les autres
(i) Pomp. Mêla. Lit. II, cap. 2.
U E L A G R È C E . ,o3
ccicbrau dos .smours plus rcccus, mais qui tous rappellent, par des aeccns
barmoutcux , la langue d’Uomère et d’Auaeréou. Los grâces dèeeutes de
ces motssouiicuses, leurs xètcmcus, les longues tresses dc leurs ebeve-
lurcs, et ces voiles qu’elles sc plaisent à livrer au veut qui les soutient
cn vontc snr leurs têtes , tout retrace les scènes décrites par Tbèocrito
ct \ irgilo : il n’est pas une de ces beautés dont vous ne croyiez avoir
dcji vu l’imago sur qucicjuos bas-reliefs , ou sur une pierre antique. Un
vieux berger, semblable à Silène, prend sa musette; il s’anime lui-mcme
des sous sortis defoulrc qu’il cuflc ct presse tour-à-lour ; il croit aussi
danser, ct ses pieds appesantis par l’âge répète,il sur une même place
tous les mouvemens dc la jeunesse folâtre qui Jioudit sur la prairie. Le
vieillard sourit â leurs sauts légers ; ces belles filles applaudissent à sos
cflorts, à sa gaîté, et ue rient qu’en cachette de sa barbe touffue de
ses joues culuminécs : mais lo moment du travail est a rm é , le signal
sc donne ; elles entrent dans ces vastes champs do fleurs ; leurs corbcdlcs
sont bientôt remplies ; des chariots reçoivent ces récoltes odorantes; ct
dc lourds buffles, au pas lent, à l’épaisse encolure, traînent avec gralité
des gerbes dc roses : elles alloicnt périr sans rien laisser d'elles ; fan
inventé dans l’Inde saisit cl fixe leur parfum fugitif; il ks fi.itainsi sur-
vivre à cllcs-mêmcs.
La culture seroit bien plus active encore daus ces vastes ct fertiles
provinces, si les propriétaires n’étoicut décourages par des prohibitions
qui, en leur inlcrdisaiit les moyens dc réaliser le produit dc leurs travaux,
accumulent alors chez eux d’iuulilcs récoltes qu'ils sont forcés d’culbuir,
ct dont souvent une partie se corrompt dans les souterrains qui les recèlent.
Ilcurcuscmcut le despotisme u’a pas acquis daus fOricnt cette
habile prévoyance, cc profond savoir , qui le metlroicnt ailleurs à l’abri
des moindres surprises. Le pouvoir s’endort aussi par Ibis dans ces
belles régions, cl ne réalise pas toutes scs menaces. Les bâtimcns étrangers
vicmicut fréquemment enlever la surabondance des productions sur
les cotes; ou bien, les balcaux du pays les leur portent sur des mouillages
convcmts : les abus, qui ne méritent pas toujours tout le mal qu’on cn
dit, réparent ainsi les torts d'une loi peu rélléchie.
Ce sont les provinces situées entre la mer Égée ct le Danube qui
approvisionnent l’armée turque, lorsqu’elle se rassemble sur les bords
de cc fleuve : quelque lourd que soit le fardeau qui leur est alors imposé,
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