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(,'clal sin- la tcrro, ¡»our visiler les liiiniaiiis. Di; là, saus iloiilo, lo nom
d’ ()l) ?npc (ju’ils doiiiioicnl aux souinicls dc I'lda ; cos sommels éloicnl
consacrés au maîlrc des Dieux que I’oncroyoil venir s’y reposer souvcnl;
on lui avoil dédié sur le Gargare une cnceinlc renlcrmanl ¡»lusieurs auli-ls,
sous les titres dc J u p ilc r dieu P én a le , J u p ilc r p lu v ie u x , J u p ilc r
loiiuant el J up ile r étincelanL (1).
Homère- s’est emparé de ces opinions religieuses, il a su les (aire eiilvcr
arlisteincnl dans son poème et les lier au sujet, d'une manière digne
tle son grand génie. Jupilcr, après avoir déleudu aux Dieux du ciel de
combalLre pour les Grecs el pour les Troyens , sans sa ¡»ermissioii,
descend avec majesté sur le Gargare, dans nu eliar loul brillant tl’or
et tle lumière, alin de conlcmpler de plus près les exjiloits des deux
années. Arrivé dans rencointc (pii lui csl consacrée, il délèlo scs chevaux
cl les environne d'un nuage épais. BieniiA lo ciel s’obscurcit, el
laisse à peine pénétrer les rayons du soleil. Cet astre éloit à moitié de
son cours, lorsipie le maître des Dieux el des hommes, prenant en
main scs Ijalaiiccs d'or, pèse les deslinécs dos Grecs et des Troycus;
les derniers doivent élre vaiiupicurs, mais pour un temps seule-
nicnl. Jupilcr aimoiicc sa volonté par un coup de lonnerrc, la Ibuclro
échue, elle redouble, trois coups sc ibnl enlt-ndre de nouveau, el les
Grecs ciïrayés rentrenl dans leur canq), læs Dieux dans l’élonnemenl,
n’osenl cnlreindrc les ordres du souverain de l’Olympe; mais Junon,
usant de lous ses artifices , va trouver son rcdoulablc époux sur le
Gargare. Le sommeil la suit. Elle descend doucemenl au eap Lcclum,
cl, enveloppée d’un nuage, elle moule kigèrcmeiil la chaîne tle l’itla.
La cime tics arbres est à ¡»eine cfïlcuriic sous les pas de la déesse;
elle arrive sur le sommet (h’-pouilié dc l’Ida, près dc Jupilcr, aiujuel
elle expose le sujet tic son voyage. Ce dieu, épris des charmes de sou
épouse, la reliciil auprès de lui, e l bieulol u n nuage doré vient voiler
leurs amours (2).
On ne peul rei)rf\seiil('r avec plus de v(à-il<' les ajiparenees des monlagncs
dc la Troade. Cc char lout respleiidissaiiL d’or cl de lumière dans
lequel Jupilcr desceud sur le C.argare, ce luiage doré donl il s’cnM-lop})(',
(l'UIonicr. lliad. I..VUl,v. 48-Æsch.ap.Slrnli.L. Xll,
J). 58o. Plali) (le I,. ill, ¡I. 3i)i. I'sdiild-l'liilarcii-
<f). I.iifiaii. Dialdg. Deor. l\, T. I , auy.
i-, lliad. I,il>. VMl Cl XIV,
sont des iniage.s ira[)panles des feux qui brillent sur lo monl Ida. Le
Gargare csl encore aiijouririuii nu et dépouillé comme il l'éloil au
lemps d’Homère, cl la marche tle Junon, depuis le cap Lcclum jusqu’à
la sommité de la monlagne, indique que celte chaîne descend graduelle-
mcnl vers lu mer. Eu cfiel, le docleur Clarko dil ([uc du Gargare il cul
une des vues les plus étendues (pic l’(cil puisse embrasser. 1! découvroil
au midi cl à rorieiil une grande partie de la Mysie, de la Lydie el le
mont Olympe tle la Billiynic. Ses regards sc promcnoieiK sur la Pro-
ponlide, où il eheiTlioit à découvrir la ville de ConsLaiilinoplo; il voyoit
la Thrace ciilièngla Chensonnèse de Thrace el les ctîles scplciilrionalcs de
la mer Egée; il disliiignoil le Monl-Allms, les îles tle Lcmnos, Imbros,
Samolliracc, 1 (-m-dos, Lesbos, cl même au-delà il croyoil ajit-rccvoir les
monlagiies dc l’Eiihéc; la chaîne de l'Ida qui desceud vers le Lcclum, lui
paroissoit chmiiuK.-r de liauleur el s’incliner par gradation, cl il avoil au-
dessous de lui la Troade, qui, semblable à un marais, lui pcrmcLtoil
néaniuüiiis de dislinguer le (Uct argcnlc du Scamandre (i).
L ’exaclilude du tableau que nous a laissé lioincre dos monlagncs de la
Troade est donc encore une preuve dc plus de la connoissance qu’il avoil
(lu Lerram. Elle peul bien ne pas donner pins de cerliludc aux délails de
la guerre dc Troie, mais du moins elle prouve (]uc le ¡»oèle a su habilement
y adajiler ses nààls.
Dans le moyen âge, le monl Ida Cut appelé Ivips, locT, el l'on nc peut
douter que cc ne soil à lui ([ue cc nom doive élre ajipliquc, car
iViiue Comnènc, de (|ui nous lirons cc fait, ajoute que dc ecUc montagne
coulent le Scamandre el doux autres rivières (pi’elle appèlc Angilo -
comitc et lihile{jx). Ces deux rivières soiiL sans doute celles que l’on apjic-
loil plusancicnnomenl Granique cl Esèpc. A celle é-po(|ue 011 avoil déjà
oul>li(' la pluparL des anciens noms, el il rcsloil Incn peu dc souvenir de
la guerre dc Troie. Mais il esl U-mps dc ([uillcr le monl Ida pour retourner
dans la ¡ilaine sur le bord de la mer.
En descimdauL la monlagne, à p(-u dc dislancc do la source dn Simoïs
ou Scamandre vers roiiosl, ou Lronve nue liauleur assez considérable
qui sc lermiuc brus([uemeiil daus la ¡ilaiiic d'Eiiaï, plus connue sous le
(1) C.lurkc, 'IVavcls, clc. Tom. II, pa». i3(> el 1.88. Villoison , dans le Voyage de la Troade. Tom. I l ,
(î) .Viiua Comnena, .Vlexiad. I.ib. XIV, i>ag. 439. page loü.