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détaclicmciis dc lous les corps de l’armce, que l’on conlraignoil à coups
dc l'ouct dc percer le monl Allios, ct qni so succcdoicnt les uns aux
aulres. Les liabilans dc cette montagne aidoiciit aussi à la percer. Rubarcs,
Ills do Mcgabyze, ct Artacliccs, fils d’A rlco, tons deux Perses dc nation,
présidoicnt à cet ouvrage. »
B L ’Athos est une montagne vaste, célèbre ct peuplée, qui avance
dans la mer, et se termine du côté du continciiL, cn forme dc péniiisidc,
dont l’istlmic a environ douze stades. Ce lieu consislc cn une plaine,
avec de petites collines, qni vont de la mer des Acanthicns jusqu’à celle
dc Toronc, qni est vis-à-vis. Dans cet istlimc, où sc tcriniiio le mont
Allios, est line ville grecque nommce Sané. En-deçà de Sané, et dans
l’cnccintc dc cette montagne, on trouve les villes de Dium,d’ülopliyxos,
d’Acrollioon, de Tliyssos, ct de Cléones. Le roi de Perse entreprit alors
dc les séparer dn continent. »
B Voici comment on perça cette montagne. On aligna au cordeau le
terrain près de la ville dc Sané, ct les barbares sc le partagèrent par
nations. Lorsque le canal sc trouva à une certaine proibndcnr, ceux qui
étoient au fond continuoicnl à creuser, les autres rcmcttoient la terre à
ceux qui étoient sur les cclielles : ceux-ci se la passoicnt dc main en main,
jusqu’à cc qu’on fût venu tout au haut du canal; alors ces derniers la
transportoient cl la jetoient ailleurs. Les bords du canal s’éboulèrent,
excepté dans la partie conliée aux Pliénicicns, et donnèrent aux travailleurs
une double peine. Cela devoit arriver nécessairement, parce que
le canal éloil sans talus, et aussi large par haut quo par bas. Si les Phéniciens
ont fait paroître du talent dans tous leurs ouvrages, ce fut surtout
cn cette occasion. Pour creuser la partie qui leur étoit échue, ils
donnèrent à fouvcrturo une fois plus de largeur que le canal ne devoit
en avoir, et à mesure que l’ouvrage avançoit, ils alloicnt toujours en
étrccissant ; dc sorte que lo fond sc trouva égal à l’ouvrage des aulres
nations. 11 y avoit cn ce lien une prairie dont ils firent leur place publique
cl leur marché, et où fon Iransportoil de l’Asie une grande quantité clc
farine. »
« Xerxès, comme je le pense snr dc forts indices, ül percer lo mont
Alhos par orgueil, pour faire monlrc dc sa puissance, el pour un laisser
un monument. On auroit pu, sans aucune peine, transporter les vaisseaux
d’une mer à l’autre, par dessus l’itshmc; mais il aima mieux l’aire creuser
un canal de communication avec la mer, qui fût assez large pour que
deux tnrcmcs pussent y voguer de front ( i) . ,,
Le désastre éprouvé par la floue dc Darius, et qni avoit décidé du
sort d’uno guerre entreprise avec tant d’éclat, dcvoit avoir laissé de pro-
londcs impressions dans les esprits : il n’est pas étrange que Xerxès cn
ait etc vivement frappé; qu’il ail clicrdié les moyens dc soustraire aux
mômes dangers une floue qu. devoit suivre la côte pour soutenir l’armée
et lu. fournir des vivres dans sa marche périlleuse, A travers des nations’
gucmcres : un coup dc vent, en supposant qu’il ne causât pas tous les
malheurs dont le souvenir ctoit encore récent, pouvoit disperser les
vaisseaux, ct les jeter sur des parages enneiiiis, sur les côtes des iles
CjcJadcs ou de l’Euhce.
Un cap avancé est môme aujourd’hui difficile à doubler; il fàul souvent
lutter des semâmes entières avant d’y réussir; les trirèmes des anciens
ainsi que nos galères modernes, étoient en pareil cas forcées dc céder à
la violence d’un vent contraire, et d’aller chercher un refuge dans les
ports on d pouvoit les conduire. Les vents du nord soufflciit quelquefois
deux mois de suite dans les mors de la Grèce; et une si longue absence
de la floue eût pu causer la perte, ou du moins le découragement des
troupes.
L ’Allios est une masse énorme, dont la large base tient au couti.ie.il;
mais originairement la monlagne en étoit, ou plutôt cn paroissoit séparée
par une vallée étroite et peu profonde que rcmplissoicnt les eaux dc la
mer. Cc court détroit faisoit do l’Alhos une île véritable, telle qu’en
offrmil SI souvent les parties saillantes des côlcs; telle quo sur la cote
de France le mont Saiiil-AIicliel, donl les basses marées découvrent
1 isthme sablonneux.
Les terres dont les orages ont dépouillé le mont Alhos, cl celles qu’a
c lances uuc petite rivière, torrent impétueux eu quelques saisons dc
lannee, ont comblé le détroit, ct ont fait dc l’All.os une péninsule ■
cette gorge de nouvelle formation offre une surface assez unie, et presque
par-tout do deux ou trois pieds seulement au-dessus du niveau dc la mer.
Quoiqu’antérieur aux temps historiques, ce ehangemciil n’cn est pas
moms certain. On conçoit donc qu’il ait élé fiicile de creuser daus ces
sables un canal assez large pour laisser passer deux galères, et que la
( 0 llerod. Lib, Vil, c.-ip. a i , et seq. Traduction de M. Litrcher.