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') tics boeufs, ct tle grasses brebis; (¡uc dc vos maisons on apporte tlu
û pain, ct le vin qui réparera vos Corecs. Faites tic iioiiibreux amas de
) bois, aiîn que jusqu’au rclour dc Faurore, nous entrcteiiiojis tics feux
0 dont l’éclat monte jusqu’au c ie l, et que les Grecs , profilant des
> ténèbres, nc puissent nous échapper, cl Fuir sur le vaste dos tics murs:
) ue les laissons pas du moins remoiiLcrsur leurs vaisseaux sans perle et
» sans danger; qu’altcints par nos llèchcs, ou percés dc nos lances, ils
> reportent tlans leur patrie dc douloureuses blessures; et qu’ils Fassent
) craindre, par leur exemple, d’apporter désormais le fléau de la guerre
) chez les redoutables Troyens.
» Vous, hérauts, ministres chéris dc Jupiter, allez ordonner que
) dans llion la jeunesse sortie dc Feiifaiicc, mais encore inhabile aux
) combats , ct les vieillards , malgré leurs cheveux blanchis, se réu-
) nisscnt tous sur les remparts et occupent nos tours, ouvrage des
) Dieux. Les femmes licndroiiL des feux allumes tlans leurs maisons :
> tju’unc vigilance générale préserve des surprises dc l’cniicmi nos murs
> tlé|)Ourvus dc soldats. Tels sonl mes ordres, généreux Troycns; ils
) suffisent pour le moment : demain je vous eu donnerai de nouveaux;
> et j’espère, avec l’aide tic Jupiter et des Dieux que j ’invoque, chasser
> ces monstres qu’un destin funeste apporta sur nos bords. Veillons
) celte nuit : demain, dès Faurorc, nous irons, couverts de nos armes,
> jusque dans leurs vaisseaux, exercer nos vengeances. Je verrai si le
) vaillant fils dc Tydée me repoussera vers nos murs, ou si, le perçant
) dc ma lance, j’enlevcrai sou armure sanglante......................................
» Méditant dc si nobles projets, les Troycns veillent toute la nuit sur
> le terrain qui les sépare de leurs ennemis; des feux sont allumés,
) aussi nombreux (¡uc les astres (jui brillent dans une nuit sereine. . . .
) Ainsi mille feux élincclans brûlent dans la plaine, devant Ilion, entre
) les vaisseaux et le cours du Xantiic ( i) . »
( 0 lliad, Lib. V lll, V. 549, et seq.
Je traduis les passages d'Homère que je suis dans
le cas de citer ; beureuscmenl, le but de mon ouvrage
ne m'impose point k nécessité de ItiUor contre la
Iraductiou lirillanle dont nous jouissons. .Son auteur
a voulu uou.s faire connoître les beautés poéliquc.s
de ITliade : moi , je n’ai d'autre objet que dï-lre
fidèle, dc saisir l'inlenlioii d’un mot en apparence
indifférent , el d’y cliercber rindiealion d'une circonstance
locale. Lorsqu’il est élégant, je n'aspire
qu'à éiro exact, quelquefois mémo minutieux. Dans
une description topograpliique, aucun mot n'est sans
intérêt pour moi; une syllabe jieul in'olre précieuse.
Je recherche des détails (¡ue sa prose liarnionicusc a
pu négliger, ou (juc la délicale.s.se de notre langue
a dû rejeter; et si j ’ai le brmlieur d’obtenir (juclqucs
nolions nouvelles (¡ui lui aieul échappé, je ne les
devrai (ju’à l’aspccl des lieux, (ju’i! n’a jm connoître ;
ce sonl de légèrc.s parcelles d’o r, qui nC pouvoicnt se
rccueillirquo .sur les bords mêmes Uu Scauiandre.
Ce passage prouTC que la ville d’Ilion étoit en face du camp des Grecs,
à l’cxtrcmité do la plaine, et cn arrière des positions que tenoient alors
les Troycns, dans le dessein dc renouveler, à la pointe du jour, l’attaque
des rctranchcmcns.
Relisez actuellement le X V III’ livre, si ctineelant des plus sublimes
fictions, si riche des plus admirables effets auxquels se soil clevd 1e génie
du poète, ct vous trouverez toutes les expressions qu’il prête à Polydamas,
pariaitemcnt d’accord avec cette même disposition des lieux. Achille,
l'uricux de la mort de Patrocle, est enfin sorti dc son camp; il n’a fait
que so montrer, ct son aspect redoutable a suffi pour frapper de terreur
tous les Troyens : ils ont vu sa tête flamboyante jeter une clarté funeste;
il a lance un cri, et tous ont reculé; le sort dc la guerre est changé;
Achille sc lève, il va combattre.
Le sage Polydamas, à qui la suprême prudence fut accordée par les
Dieux, conseille aussitôt de no point attendre faurorc dans la plaine,
près des vaisseaux, mais de s’éloigner promptement ct do regagner la
ville : (. Nous sommes loin, dit-il, de nos murailles : tant qu’a duré le
. ressentiment d’Achille contre Agamemnon, on pouvoit vaincre les
• Grecs; et moi-même j’étois d’avis de passer la nuit près dc leur flotte
s assure dc bientôt la détruire; mais cn ce moment je redoute la force
• indomptable, et la fureur du terrible fils de Péléc. No croyez pas
» qu’il s’arrête ici, dans cette plaine où nous nous sommes tant de fois
» mesurés avec les Grecs; c’cst notre ville môme, ce sont nos femmes
• qu’il nous faudra défendre. Retirons-nous donc dans nos murs; c’est
» l’unique parti qui nous reste; la nuit seule le retient encore ( i) . »
L ’intention de ce discours, et les expressions du poète sont également
d’accord avec les lieux que ma carte présente.
Nous avons déjà reconnu les sources dn Scamandre : elles étoient
voisines d’Ilion ; les femmes y alloicnt laver leurs robes , lorsqu’elles
jouissoicnt do la paix. Ilécubc, du haut des portes Scées, voyant le corps
dc son fils traîné dans la poussière , près des sourccs du Scamandre ,
déchire son voile, et s’arrache les cheveux (2). C’est près de ces mômes
portes, que, mêlant ses larmes à ccUcs de Priam, elle avoit conjuré son
cher Hector de ne point se mesurer avec Achille.
(1) lliad. Lib. XVm. a55, 280.,
Tome I I .
W llù d . L ib .X X I I ,,53.
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