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a/,8 V O Y A G E P I T T O R E S Q U E
ignorer qn’cllc avoil etc la siUiaüon dc la ville ? Les édifices dTllon éloicnl
délrnits, mais le tombeau d’Ajax étoil bien connu, pnisqu’il éloit voisin
d’un temple consacre à ses mânes, célèbre par la veneration des peuples,
ct par la beauté dc la statue qu’il rcnfcruioil. Les rocliers d llcsionc sont
assurément toujours restés les mêmes; ct si les moindres ¡lierres dc celte
contrée avoient un nom, ct des droits â la célébrité, elle ii’etoil donc pas
mccoiiiioissal)lc.
Ces vers dc Lucain semblent an contraire an exposé fidèle, cl nn précis
soigne dc tons les objets qu’on dcsignoit encore dc son temps à l’intérét
ct â la curiosité des étrangers, comme on leur monlrc aujourd’luii les
ruines d’Alhcncs, ou de Rome.
Le poète fait allusion aux bienfaits doul César et scs successeurs
comblèrent les habitans dc la nouvelle llion, lorsqu’il lo suppose arrivé
â travers les ruines dans le temple dc Minerve, ct adressant ces paroles
à la déesse,
Restiluam populos; grata vice moenia rcclclent
Ausoiiiclæ Plirygibus, Romaiiaque Pergama surgent.
. Je tc rcslitnerai tes peuples ; l’Ausonio reconnoissantc rendra aux
» Phrygiens leurs murailles, ct Pergame désormais Romaine sc relèvera
» sur scs ruines ».
Mieux instruits du véritable sens des beaux vers dc Lucain, c’cst avec
plus dc confiance qnc nous achèverons dc parcourir l’cmplaccmoiit
d’Ilion, et que nous rcclicrclicrons tous les lieux indiqués par lo poète.
Andromaque, essayant de retenir Hector, ct le conjurant dc nc point
sc mesurer .avec Achille, lui dit : . Place les troupes près dc iE rùw o s ,
ptiisqucc’est-lâquc la ville esl accessible, ct quo le mur peut être Iraiicl.i :
trois fois, cn clTct , les deux Ajax ct le vaillant lils dc Tydée avoicnl
tente ce passage, soit qu’ils eussent clé avertis par nn oracle divin, soit (¡uc
leur courage seul les y ciit excites ( i) » •
la prolectioii de Jupiter,et tenant uue coupe, se
place au milieu Je la cour de son palais, e ly fait
des libations.
Êsys:’ Ir.a-.x a-.i; piaia hui, dlSs it a'wj
Lorsque Ulysse tue les piéieudaiis, le chaiUre
l'iiémins, qui, malgré lu i, se trouvoit parmi eux ,
oliercl.e à se soustraire aux dangers qui les meiiaceul
tous, et il reste uu moment indécis, ne sachant s’il
doit se jeter au pieds d'Ulysse, ou sortir du palais,
se réfugier près de l’auiol de Jupiter Ilercéeti ;
Slyx ic ypcai uspurlpi^iV,
H hir, ucyxçoio, àik ptycùm mzi ¡iuipiv Epy.ito-J fÇii« TST’ayuévov, M’ üpa 7o)/à
Axcpzyi; Ù iv a a c 'j; ze jSowv èai p r,p " sxxicv.
Odyss. Lih. XXll. V. 333.
(i) Les anciens commentateurs rliffèrenl cropiii
sur ces vers. ].c sclioliasic A, édilloii de Veni.se,
réprouve par cette seule raison, qu'il ne convient
les
D E L A G R E C E . a./|9
I.a muraille (jui ccigiioit la ville eu face clc la jfiaine, le seul côté où la
ualuro u’euL pas pourvu à sa défense, rcjoignoit la liautcur couverte dc
figuiers sauvages, Erinéos; et sans doute c’est à l’endroit de cette
jonction, (juc la muraille, moins élevée, pouvoit être escaladée. Pindarc
dit ([UC cetlc partie des murs, qui devoit faciliter un jour la prise dc
Troie, avoil été bâtie par Télamon, tandis que les autres murs, plus ibrls
ct plus exhaussés, avoicut été coiislruiLs par Neptune et par Apollon (i).
Ceux-ci n’avoieut pu être bâtis (juc par des dieux; la muraille plus foible
étoil l’ouvrage d’un simple mortel.
Diomèdc ct les deux Ajax échouèrent cependant dans leurs tenlatives
répétées; cl saus doute Pindarc, cn disant qne cette jiartic des murs
causa la perle d’Ilion, veut faire ciiLendrc (jue c’est là que fut ouverte
la brèche (pii donna passage au funeste cheval dc bois.
On [)CuL dire saus exagération que l'Erinéos conserve encore aujourd'hui
sou nom, puisque les Turcs qm habitent le village de Bounar-
Bacbi, n’ont fait que le traduire littéralemeul, en nommant cet endroit
TndjirU~dag, montagne des Figuiers (2); dénomination qui devicntune
véritable preuve, lorstju’oii observe qu’il n’y reste plus aucuns de ces arbres.
Il est même trcs-jirobablc que les habitans grecs ont, dans leur langue,
conservé à ccUc éminence son ancien nom, ct que c’esl faute de m’cn êlTo
informé avec assez dcsoin, que je nc puis J’afhrmer. Je me suis conlcnté
à iiDG femme de donner des leçons dc tactique à nn
guerrier;el il observe qu’Ileclor ne lui répondant pas,
c'est une preuve de plus que ces vers ont été ajoutés
¡lar les rapsodes. Le scholiaste B prend la défense de
ces mêmes vers; et convenant ipie les femmes eu général
ne doivent point s'occuper de pareils objets, il
réclame cependanl une exception en faveur de la
veuve d'Hector, qui se plaisoit à nourrir clle niême
les chevaux belliqueux de son époux chéri. Beaucoup
de scliolies ne sont, ni d'un plus grand intérêt, ni
mieux raisoiinées quo celle-ci, mais ou ncpeut cependant
connoilre parfaitement Homère sans les coiisul-
ler : elles eussciil élé hien plus précieu.ses, si leurs
auteurs se fiisseul plus souvent occupés d'éelaircir
les pa.ssage.s relatifs aux moeurs de cette antique
époque, ou au théâtre de ces événcmens, et s'ils
en eussent reeliorehé l’cxplioalion dans les usages
conservés dc leur temp.s, ou sur les cliamps même dc
'ï’roic, 11 est surprenant que les littérateurs, qui,
diirmit plusieurs siècles, .se sont dévoués au culle
d’ilonièrc, el pour qui chaque sy Ilabe de ses ouvrages
deveiiüil l’objet d'une di.soussion presque religieuse,
ii’aienl pas éprouvé le besoin d'aller brùlJr leur
l'oino I I .
encens su
son génie.
•la t , pour toujours, consacrée
(r) Pind. Olymp. Vlll. v. 4 i et seq. 63 el seq.
(a)Èi5i»£o;sigiiiûeici un lieu couvert dc figuiers sauvages,
et non pas un arbre de celte e.spèce; c’est ainsi
que dans la même langue ipk-, exprime un bois de
chênes. Homère nous en fournil la preuve dans le
J£>5’ BvaSa; 59i Tf i p il ; h T .ù :v x-M c i -Zlr,;.
Odyss.Lib. XIV. 353.
1 qu’i i latin , seiUctum est un terrain
¡danté de saules ; i
e qu'en français on indique aus.si
par un seul r
ne saussaie ; le champ planté de
cerisiers est une cerisaie.
-Slrabon désigne parfaitement l'Itrinéosd'Ilion, en
disant, i> c’est un lieu inégal et pierreux, eouveri do
figuiers sauvages, aux pieds des murs de l'ancienne
ville d’Ilion, et très-distant de la nouvelle »,
Slrab. Lib. Xll. pag. 5q8.
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