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lromc-t-0.1 cc prcccplc gravé dans les moeurs do lous les premiers Chrétiens.
Ou croirolt que CCS austères cénobites, qui, fuyant le tumulte des
cités, -alloicnt s’ensevelir dans les déserts, auroient dû négliger, redouter
mémo les pratiques qui les replaçoicnt parmi les hommes : cependant
l’iulimc conviction d'un tel devoir les suivoit dans leurs retraites les plus
sauvages; ct tous les monastères, jusqu’aux plus pauvres 1,ermitages,
étoient dc religieuses hôtelleries.
Alais lo tableau de ces vertus dcmanderoil un langage pins exercé
que le mien à traiter de pareils sujets : c’est aux talons qui savent leur
prêter un cliarmc particulier, et les faire goûter de ceux mémo qui
s’étonnent dc leur rendre hommage, qu’il appartient de faire connoître
les règles antiques et touchantes, qui gouvernoicnt ces belles institutions;
dc redire les lois que promulga, du haut du mont Cassin, le foiidalcur des
pieuses ct savantes congrégations, dont les retraites furent, pendant douze
siècles, tout à la fois l’asyle des sciences ct le refuge du malheur. C’est à eux
dc rappeler les actions des Basyle, des Chrysoslomc, et de cc Grégoire
surnommé le Grand, qui, charge des intérêts du monde clirélicn dans
des temps dc discordes, père commun dc lous les infortunés, accueilloit,
avec une infatigable bonté, les étrangers qui fuyoicnt le glaive ct la
pcrsccution des Lombards ( i) .
Apres dc tels exemples, on ne s’étonnera pas que les successeurs dc
ces courageux ministres dc la religion , lorsqu’ils sc réunissoicnt pour en
ranimer l’esprit, élevassent la voix en faveur dc l’hospitalité, cl menaçassent
du courroux du Ciel les spoliateurs des établisscmcns consacrés à
finfortunc. Ces bienfaits légués aux générations souffrantes, étoient
dus aux largesses des souverains et aux grands de l’empire. Constantin,
devenu chrétien, donna le premier l’exemple. Tout f Orient se remplit,
dans les siècles suivans, d’hôpitaux, dc monastères dont les pieux
habitans observent encore aujourd’hui leurs règles primitives. Places
souvent dans des lieux écartés ct dangereux, ils veillent pour recucillir
Ic vovagcur fatigue; ct l’on peut parcourir toute la Grèce, en se reposant
(i) Un plus grnnil cxcmpln e.st offiTt an soptiènin
.siècle, par le pape Martin, qui, charge île fers et traîné
(lo lUiiiio it Conslanlinople, pat les ordres de l'empereur
Coiislaiil 11, répondit aux juges (¡ui osoienl lui
(leiiiaiider pouixpioi il avoit veru le palriarrlie l'yr-
rhtis, tombé dans la di.sgrare du souverain ; u Mécon-
n nni.s.sez-iotis doiicri-glise Romaine? .Apprenez que
a. l'incouml qui vient y demaiidor riio.spilalilc, voit
-le-cliamp pourvoir ¡\ tous sos besoins : c
pain el du vin choisis sont offerts à lous ; que Saint
l'ici TK ne réprouve personne ; que nul n’est étranger
à ses dons. Et s’il est ainsi à l’égard des liommes les
plus ordinaires, avec quels égards n’avons-nous pas
du recevoir l'évèquo Louorable el mallieuroux qui
venoit y rcelanier a.ssislaiice ! »
liinoMts, Aimai. G.jS, u" iC.
SOUS leurs toits religieux : ils ne sont pas tous savans, mais tous sont
secourablcs; ct si quelques superstitions se sont introduites parmi eux,
elles seront jugces avec indulgence par celui qu’ils auront reçu, nourri,
ou accompagne dans des routes périlleuses. Des pachas, abusant dc leur
pouvoir, souvent les oppriment ct les rançonnent; mais lo gouvernement
turc n’a jamais conçu l’idce dc les anéantir; ct leurs oppresseurs même
ont peine à se défendre de quelque respect pour leur vie fi’ugalc, ct leur
rcpulation dc charité.
Bien peu d'hommes, en effet, rendus à eux-mêmes, cl dans le silence
des passions, refusent un hommage intérieur à d’utiles vertus dont ils
sont témoins; cl si des inslilulions bénies durant des siècles ne sont plus,
on aime à se reporter vers ces temps, où de si généreux sacrifices étoient
prodigués au malheur. On applaudit à l’ccrivain qui, avec réloquencc de
la persuasion, en a si noblement consacré la mémoire, ct qui, par le
charme d'un style à la fois poétique et religieux, sait associer tous les
coeurs à ses regrets : mais quelles impressions de tels souvenirs portent surtout
à l’ame du voj-ageur, qui, dans ses courses pénibles, a chaque soir
demandé l’hospitalité, ou qui, sur les mers, a vu sa liberté menacée
par les brigands d’Afrique! Près d’être atteint par le chebeck algérien,
c’est alors qu’il se rappelle ces héroïques religieux, qui seroicnt accourus
pour rompre scs fers, ou s’offrir à sa place; qu’il rend hommage à ces
ordres guerriers qui, tout à la fois, soignoient les mallicurcux, ct com-
baltoicnt pour leur défense; dont les exploits sans nombre réveillèrent,
el soutînrcnl le courage de l’Europe menacée de sa ruine, ct qui, fidèles à
leurs lois ct à l’esprit dc leur institution jusques dans ces jours tranquilles
où le zèle languit faute d’obstacles, ne cessèrent jamais leurs généreuses
et touchantes fonctions ! De tons ceux qui, sans les connoître, les ont
calomniés, j’aime encore à croire qu’il n’en est pas un seul qui n’cùl éprouvé
une vive émotion en entrant, à Malte, dans ce magnifique hospice, ouvert
à toutes les nations, à tous les cultes, à l’humanité toute entière. C’est là
qu’il auroit appris avec quelles recherches de bonté l’on peut adoucir fiii-
lüiTunc, ct qu’il auroit vu pour la première fois le luxe lui-mcmc revêtir le
saint caractère dc la bicniaisance. Un malheureux paroît; il csl porté sur
un brancard; c’csl un étranger, un inconnu, un pirate peut-être, qui
la veille encore exploit daus les fers ses attentats contre la sociéüi : ceux
dont la valeur le désarma s’empressent eu cc moment au-devant de lui; ce