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Phoccc , en s’emparant île Lcmnos , clc Tcos cl de Colophon. Aiuaquc par
Achæns tpii s’étoil rendu indépendant des Séicucitics , Altaic cvnl alors
devoir s’unir à .Yntioclms, jusque-là son ennemi, pour détruire un rchellc.
Il y parvint ; mais bientôt il eut à redouter uu cnucmi plus dangereux.
Pliilippc, avanl-dernier roi de Macédoine, s’éloit emparé des places les plus
importantes dc la Thrace , ct mcnacoit le royaume dc Pergame. Altaic
saisit tous les moyens d’encourager et do secourir les Etoliens , qm atta-
quoicnt les propres États dc son ennemi. Les Romains, (lue ncifrayoïl
plus Annibal réduit à sortir dc l’Italie, ct qui déjà s’imniiseoicnt dans les
allaircs dc la Grèce pour la subjuguer uu jour , sc joigiiirciit aux Etoile,
is c ta ii roi dc Pergame. Cebn-el contint quelque temps le génie
entreprenant de Philippe , en le forçant dc sc tenir sur la^ défensive ;
cl pour se rendre nécessaire à la Grèce , il aclicla des Elobcns lilc
d'Egine, dont le port devint un asyle et un point d’appui pour les forces
navales des peuples voisins. On le voit constamment l’ame ot le soutien
dc la coalition formée contre Philippe : il le combat sur mer; il le repousse
du coiitineut de l’A sie, où co prince si actif, si fécond en projets, étoit
parvenu à débarquer une armée ; ct passant à Athènes où il est reçu
comme un dieu protecteur , il détermine cette république à sc joindre
aux peuples déjà confédérés pour repousser riiifatigablc ambition du roi
de Macédoine , et déjouer sa dangereuse politique. Il réunit ensuite sa
flotte à celle des Romains, acquit plusieurs iles dc la mer Égée , protégea
efficacement scs alliés , répandit par-tout scs largesses, ct ne cessa de faire
un usage utile cl brillant de son pouvoir ct dc son opulence. Il alloit, dit
Polybe (i ) , e.xécutcr le projet le pins glorieux, celai dc rendre à la Grcce
son’ ancienne liberté , lorsqu’il termina sa carrière après un règne dc
quarante-quatre ans, également regretté dc scs sujets, dosa lamdic ct de
SCS alliés.
Des guerres, des voyages continuels , ci. toujours dc si grands intérêts
à ménager, u’avoiciil pu distraire Atlalc de son goût pour les sciences ([lil
protégea constamment, qu’il cultiva lui-mêmc : il paroît qu’il avoit composé
plusieurs ouvrages, un entr’autrcs sur I Histoire naturelle ; et cc qui étoit
encore plus utile aux progrès des connoissanccs, il jeta les premiers fondcmcns
de cette fameuse bibliothèque , que scs successeurs sc firent un
devoir d’enrichir.
(i) Polyb. Lib. XXIII, cap. 21-
Altaic n’aima pas moins les arts que les sciences ; il leur donna de
grands cncouragemens, en élevant à ïrallcs un palais somptueux , qu’il
orna des ouvrages les plus rares, puisque , suivant Pline, il paya cent
lalens un tableau du peintre Aristide (i).
Les arts dc luxe qui naissent de l’opulence publique , avoient dès-
lors lait les plus grands progrès dans toute l’Asie : on y fabriquoit ,
on y a fabriqué depuis sans interruption , ces riches tapis dont l'Orient
ne nous a que récemment communiqué l’usago , ces étoffes précieuses
et varices que nos plus habiles ouvriers n’imitent pas Loujours parfaitement.
Altale encouragea puissamment ces efforts d’une industrie
née dans l’Inde , ct que le commerce intérieur avoit apportée jusque
sur les côtes de la mer Egée. 11 ajouta un nouveau degré de richesse
aux produits de ces manufactures ; et les prcscns qu’il en fit aux Grecs
ct aux Romains , en répandirent le goût chez ces peuples alors avides
dc se procurer des jouissances long-temps inconnues à leur pauvreté.
Les États du roi de Pergame, déjà si favorisés de la nature, parvinrent
sous son heureuse administration à un point de prospérité , dont le
souvenir se perpétua long-temps , et que célébrèrent les poètes grecs
et latins.
Eumèncs I I , un des quatre fils qu’Altaic I" eut d’Apollonias , lui
succéda (2). 11 préféra l’alhance des Romains contre Antiochus le Grand,
à celle d’Antiochus contre les Romains. 11 pensa que ce roi, vaincu , l’en-
traîncroit dans sa chute , ct que , vainqueur, il scroit un voisin trop
dangereux. Telle fut sa politique , ou plutôt son aveugle foiblessc. Il en
fut d’abord récompense magnifiquement : le Sénat , après la bataille de
Magnésie où Eumèncs eut une grande part à la victoire, l'ayant reçu à
Rome avec des honneurs extraordinaires, malgré l’austère Caton , lui
accorda toutes les contrées dc l’Asie mineure en deçà du mont Taurus,
à l’exception dc la Carie el de la Lycie ( 3 ). Ainsi fut accru le royaume
de Pergame, qui comprit alors la Mysie , la Lydie , la Phrygie et la
Lycaonie. Mais bientôt Eumèncs put connoître ce que valoiciit les
bienfaits des Romains, et ce qu'ils présagcoicnt toujours ; il se vit interdire
rentrée dc Rome , où il venoit sc défendre contre les intrigues de
Prusias; ctc’cstainsi que cc Sénat, constant dans son système oppresseur,
(3) Tit. Liv. Lib. XXXVÏI, cap, 4 5 . Plutarcb. iu
Catoue.
(1)Plin. Lib. VU, iMp.SS. Vitriiv. Lib. ll,c ap .S .
(2) Tit. Liv. Lib, X XXllI,cap. I.
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