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ra p id em e n t encore . P e u t - ê t r e , au r e s te , n ’a u ro is - je pas ose c éd er ii
m a p ro p re c om ic tio n ' c t p ro p o se r ainsi d c eliaiigcr n u e in lc rp ré ta lio n
co n s tam m e n t a dm is e , si je n e m ’élois t u a p p u y é el’imc a u to r ité , q u e l’on
p e u t , saus d o u t e , o p p o s e r avec avantage à la foule des commcuLatcurs.
Virgile, dont le goût s’empara de toutes les beautés créées par I lomcrc,
n’a fait que traduire le combat d’Hector, pour- en appliquer toutes les
circonsianecs à celui dc Tunuis ; cl si l’on compare l’original ct l’imitation
, on reconnoît facilement que Virgile a donné à cc passage de
riUadc ct au mol wef'i, le même sens, dont l’inspcelioii des lieux m’a fait
naître fidée.
Énée, à la tèlc dc sos troupes, s’approche des murailles dc Lau-
rcntum, comme Achille s’étoit avancé sous-les murs d’üioii avec scs
Thcssalicns (i).
La soeur dc Tiirnns essaie, par des prières, de f engager à nc point sc
mesurer avec Énée , comme Andromaque effrayée conjure Hector dc ne
point sortir des murs el’Ilion.
En présence des deux armées , conlcmics par les ordres dc leurs chefs,
Turnus ct Énée veulent décider seuls du sort dc leurs nations , ct se
préciiiilcnt fuii snr l'antre avec une égale ardeur. Si, dans flliadc,
Hector lance sa pique contre Achille sans le blesser; s’il crie vainement à
Déiphohus dc lui donner dc nouvelles armes, Turnus, par une évidente
imitation, voit briser dans scs mains l’cpéc qui trahit sa valeur, ct d'en
demande une autre à scs soldats qu’intimident les menaces d’Encc. Cependant
Jupiter a pesé dans scs balances les destinées des deux héros,
ct la perte de Turnus esl prononcée (2). Désarmé, sans secours, il luit,
cl son ennemi le presse avec ardeur. Les guerriers répètent ainsi cinq
fois la même course, et s’arrêtent enfin près d’un olivier consacre au
dieu Faune , comme les héros Grecs s’ctoicut arrêtés prés des sourccs du
Seamaiidre (3).
¡0 Æneid. Llb. xll.
12 ■ Jupiter ipse duas æquato examine lances
Suslinet, et fata imponit diversa duorum;
Quem damnet labor, et quo vergat pondere letum.
Æneid. Lih. Xll. 725.
(3) Quinqué arbis explentcur.su, Midemque relexunt
Hue iltuc, neque enim levia mit ludiera pelmilur
Pnemia, sed Turni de viui et sanguine cerliiiit-
Æncid. Lib. XII. 7G3.
Kai TÓTÍ ih yyiwa iiazhft izirmve râl.xyza'
Év FéziSii ivo xñp¡ zrm>r/éoi Oavázoto,
Thv piv Axbhòoi, zh,v o' ¡ixropo; ir.xoixp.oto.
iíh.i it piona hxßtiv fixt i ’ Èy.zopo; xToipcv òpxp.
lliad. Lib. XXII. 209.
Ènti ovy hphtov, «uíé ßotir,v
Aprjéyj, à, t« xoooiy âi’àia ■¡iyvt-.xi xvipùv,
Àtjà xepl ij'aziî kriov Ev.topo; ixxoixpoto.
Ibid. i 59-
CcLtccour.se circulaire de Turnus, poursuivi par Éiicc, sc passe, non
pas aulour do Lanrcntum , mais dcvauL Ics murs, toujours du nicmc
cote, et sur un terrain compris entre cette ville, un marais, ct l’armcc
des Troycns ; circonstances locales (juc Virgile semble avoir supjtosêcs,
alili dc nninager à ces combattaiis une arène analogue à celle qu’olïrent
les lieux décrits dans l’IHadc, afin de les contenir sur un même cmplaec-
nient, en jirêsencc des troupes et des habitans; afin de donner, à Texcmple
d’Homcrc , plus d’unité à sa composition , à son laljleau jilus dc
grandeur.
Si \jrgilc a pu donner lieu à ipielqucs légers reproches d’incxacti-
Lude, ec n’est point snr la topograpliie dc Troie; ¡1 n’avoil pas, il est
vrai, vu ces lieux, ([ui eussent (de pour hu d’un si grand intérêt; mais
il a su s’en faire une juste idée d’après les modèles cpi’il imiloit : car Ton
ne peut douter cjuc le second livre de l’Énéide ne soit entièrement
imité de ces poètes grecs, Jescjucls, essayant dc marcher sur les traces
d’Homère, avoient célélné la ruine d’Ilion, chanté tous les événcmens
de cetlc époque «ph n’étoieiit pas entrés dans le plan de Tlliade ou dc
rOdysséc, et complété l’hisloirc de celle fameuse expédition, sujet fécond
dc tant de vers et dc tragédies. Macrobc assure que le livre H de
l’Kuéidc est traduit presque mot à mot du poéme de Pisandrc dc Rhodes;
ct l’on est fondé à croire, d'après un fragment de Proclus, que Virgile
avojt aussi beaucoup imiu^ lo poi'mc d’A rctimis, intitulé 'lAÎcv Tréfxriç, lu
destniction dllion , ainsi (juc celui dcLcschès, lAiàç ¡uiKfd, lu petite
Iliade ; il est certain qu’il a également jirofilc de iilusicurs passages des
Iragifjucs grecs, surtout d'Euripide. Les tragédies d'Ilécube el des
Troyennes Jui ont fourni des détails, cl jusqu'à des expressions qu’il a
transportées dans l'Eiiifidc. Clc poctnc immortel, modèle du goùL le plus
pur , doit donc être regardé comme le ri'sumc des évcnemens transmis
par ia tradition, ct consacrés par les poètes grecs , modèles constans des
Ycrsifieatcurs laliiis. Üu jieiqile exclusivement guerrier envahit le domaine
des arl.s, comme l’empire du monde, el uc sachant rien créer, s’enrichit
également do tontes les dépouilles des vaincus. Il s’eu jiara d’aJiordsaus
eu conuoilrc lotit le ¡>rix ; mais les (ireos , cn jierdaiiL lour liberté, surent
conserver ee genre dc suptu-ioritt' (jui console du moins ramour-propre;
cl les vainqueurs, jiisipic là si grossiers, fureiit forcés d’apprendre des
vaincus , et le mérite des ju-odiieLions qu'ils leur avoicnl ravies, et jus-
Tome 11. (33
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