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332 V O Y A G E P IT T O R E S Q U E
P o u r rciK'Oiitrer u n cap c l u n p o r t su r cc riv ag e, il liiiit ilcscciidrc au
m idi ju sq u 'il l’e x trém ité d c c e t e s c a rp em e n t, o ù Pou tro u v e u u p rom o n to
ire assez avancé en mer , q u e les m arin s uoiuuieilL eap de T ro ie , c t uu
m o u illag e , [irès d 'u n e terre basse c t m aré c ag eu se , q u i p o u v o it ê tre aiitre-
l'üis u u iio rt. S u r la p e iilc dc la h a u te u r , o u voil les ru in e s dc p lu sieu rs
liab ila tio iis a[ipclécs a u jo u rd 'iiu i P a loeo-Cas lro , cc q u i in d iq u e u n e
a iie ieu n e c ité , probableuieiiL celle SAgaiiiia.
Cependant, si nous uous eu raiiportoiis à el’autrcs détails dc la délivrance
d’ilésioue, cc u’cst pas posillvciiicut dans cet endroit qu’cllc
auroit été exposée. Homère, après avoir peint dans l’iliadc l’acliavneiiicill
des Dieux contre Troie, s’exprime ainsi : » Neiiluiie, à la elievelure
, azurée, conduit les divinités qui sont pour les Grecs, vers le rctrauclic-
« ment de terres rajiportécs i[uc les Troycns, avec laide de Pallas,
„ construisirent jadis pour servir dc rd'ugc au divin Ilerculc, lorsqu’il
. poursmvroit le mouslrc marin (pii ravagcoit ces bords cl le ponsscroit
» loin du rivage dans la plaine. C’cst là, ajoulc-t-il, que Neptune ct ces
,1 Dieux se placent, tandis que les divinités qui lavoriseiil Troie se rangent
» sur Callicoloné, [irès du Simoïs, autour d’Apollon ct dc Mars ( i) . »
Nous avons vu plus haut que Callicoloné éloit situé dans la partie
orientale de la plaiuc de Troie, un peu au-dessus d’Ilium-Reccus, vers le
village d'Aktché-Keui (2) ; le rclraiidicniciit d’IIcrculc dcvoit doue se
trouver à l’opposé, vers la mer Égée, comme le conjecture M. Hcyuc(3);
eu effet, c’csl do ce côté qu’a dù être exposée Ilésione, ct que vciioit le
monstre marin, ou le pirate, qu'Hcrculc cul à combattre.
Les Troycus, avec le secours de Pallas, qui vcilloit toujours à la cou-
scrvalioii J’IIcrculc, avoicut élevé uu rclraudicmcul (propugnacidunî),
retraite as.suréc pour ce liciros, dans le cas où, après avoir poursuivi le
pirate daus la plaine, il lo scroit lui-mèmo à sou lour. Cc rctrauclicmcnt
dcvoit être près d’uu passage peu fréquente, connu du mouslrc ou [liratc,
et qui lui permettoit dc pénétrer dans la contrée, au moiiiciit où l’on .s’y
attcndoit le moins. Il étoit, sans doute, destiné à fermer cette issue dc
manière que lo mouslrc ne pût repreiulre le même cbemiu par leiiud il
étoit venu. En df(‘L, au milieu des liautcurs ipii lioi'deiiL la mer Egee,
cuire les villages dc léui-Cliclir ct dc Jéiii-Ivcui, plus jn'ès dc ce dernier, il
(1) Homer-Iliaci. I.ib. XX, v. I'l.l ei
l'î) A u}ez pùge acjG de ce volume.
(3) llcj... Iliii.l. 1.11.. XX. V. i.'iS.
DE L A G R È C E . 333
existe dans 1e terrain une dépression, une coupure ( i ) , qui lYjioud par-
iàitciuciil au passage dont il est ici question. C’est donc près de là, vers
la j.laine, sur la pente des collines qui suivent la côte, que devoit être
lilaeé cc retranclicincut, et l’on iieut croire que c’étoit dans le passage
même que l’on moutroit l’endroit où, suivant l’oiiiiiioii du temps,
Hcsiouc avoil etc alLaclicc.
Ce rctrancliemcnt de forme circulaire, construit eu terres raïqiortécs,
rdxK aaipFimo«. dit Homère (2), éloil fort élevé, selon la remarqu!
du scholiaste (3) , et cela dcvoit être, ,,uisqiie les Dieux, iirotecteurs
des Grecs, s’y réunissoieiil comme ceux qui Jàvorlsoieiit les Tioycus,
sur le Callicoloné, jioiir être témoins des actions qui sc passoicnt
dans la jilaiiie. On nc trouve point aujourd'hui de traces de ce monument,
eiitièrcuieiil détruit, i.cut-ctrc, à moins qu’oii ne le reconnoisso
dans un tumulus situé immédiateiucut au-dessus de Ja coiqiure, el
que (juclqucs voyageurs ont jiris mai à propos pour le tombeau d’An-
liloque (4).
(1) Voyage dans la Troade par Lccbevalier. T. II,
jiag. 174 et 3oç). Gel), the Topography of Troy, p. aS.
Hobhouse, a-Journey through .Albania, etc., letter 29,
pag. 700.
(a) Homer. Iliad. Lib. XX, v. i 4j , Tzetzès ad Lycophr.
V. 34.
(3) Pseudo-Dklym. Ibid. Ilcyn. ad Iliad. Lib- XX,
V. r45.
(4) Ce luimiliis, d’uiie forme distincte, et semblable
à celle du tombeau d'.Æsyétès, est ovale à sa
base. 11 a 160 pieds dans sou grand diamètre el 110
dans le petit. Sou sommet, qui n'est point conique
comme celui des autres lumulus, domine le terrain
d environ 25 pieds, et offre une petite esplanade de
10 pieds dans un sens, sur 3 dans l'autre, ce i|iii annonce
une destination particulière. Par la giaiule élévation
de la cbaîne de collines sur laquelle cc lumulus
est placé, sa ba.se se trouve à enviiou 120 pied' au-
dessus du niveau de la mer. Telles sont les mesures
que M- Kauffcr a prises en 17S7 (Malériaux pour
servir au treizième chapitre du Voyage pittoresque dc
la Grèce, p. GG,', Co monticule pourroit donc fort
bien n’.ivoir jamais été un tombeau, el moins encore
celui d'Aiiiiloque que tle tout autre béro.s Grec mort
devant Trxiic.
Lu effet, Slrabon, parlant des tombeaux ou cénnla-
pbcssituésprcsdiiSigcum,ennommetrüis,leti>mhcau
d'Achille el les cénotaphes de Patrocle et d'Auiiloque,
qu'il désigne comme voisins l'un de l'aulre (I.ib- MU,
pag. 5i)6); or, il existoit, il y a peu de lenqis encore,
près de ce cap, trois tumulus que les anciens voyal'omc
I I .
geurs (Pockocke, Travels, etc. Tom. II, part. H,
pag. io 5 ; Cbamller, A'oyage daus l'Asie Mineure,
cbap. XIII , Tom. I, pag. ya de la Trad. Franc., ont
pris, avec raison, pour les tombeaux mentionnés par
Strabon. D'a,lires, depuis (Le chevalier. A'ovagedans
la Troade, Atlas, carte 11° 1.', et i .5 ; Dallatv®, Constantinople
ancieime ct moderne. Trad. franç.Tom. II,
pag, 18Ü, et carie intitulée Esquis.se de la Troade'!
n'en ayant aperçu que deux, ont rejeté le cenotaphi!
d Aimloquc sur le bord de la mer Egée, et ont cru le
reconnoitre dans le monticule ovale dont il est ici
question (voyez aussi Cell, the Topograpln o f 'J’rov,
pag. 28 et 62. Ce voyageur pen.se néanmoins que ce
pourroit èlre une erreur); mais, comme nous avons
vu, tant i>ar les descriptions de M de Clioiseul qne
par ce que l'ou vient de rapporter, qu'il existoit réellement
Irois tumulus au Sigée, av.ant que celui
fouillé par M. de Choiseul eût été détruit, il n'est
pas besoin d'aller chercher ailleurs ie moyeu d’expliquer
.Slinbon, et l’on peut dire, à cet égard, que
les derniers voyageurs qui ont visité la Troade (Clarke,
Travels, etc. 'l'om. II, p. i 65. llobbouse, a Journey
ibrovigb Albania, etc., letter XL, pag. 729) ue s'y
sont pas trompés.
Cependanl, M. de Choiscul, formanl son opinion
sur celle des .savans qui attribuoient uue antiquité
peu reculée aux objets qui lui ont été donnés, comme
provenant de la fouille du tumulus qu’il a fait creii-
-ser, a pensé qu'il pouvoit faire de ce lumulus,
le tuniboau de Fcslus, affranchi de Caracalla; mais
l’Histoire, en parlant du sacrifice ridicule de cet
Si