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hommage à scs grands hommes , étoient alors aussi connus , aussi protégés
par la gloire nationale, que le seront encore long-temps les images
dc Henri IV ct dc Louis X IV , soustraites aux fureurs qui ont essayé dc
les anéantir.
Cependant si l’on jugcoit lo huste d’Alexandre d’après l’état où il se
trouve aujourd’h ui, on auroit peine à admettre que ce fut la copie exacte
d’un ouvrage des plus beaux temps de la Grèce ; mais en 1 examinant
attentivement, on reconnoît que la surface en a été détruite par l’action
corrosivc des terres dans lesquelles il est resté enfoui pendant douze siècles
au moins ; que par conséquent il a perdu ses véritables formes, et n’offre
plus qu’ime image très-impariiiitc dc cc qu’il fut autrefois. On ne sauroit
douter que ce marbre ne soit amoindri do plusieurs lignes sur toute sa
surface, lorsqu’on y remarque des points plus durs, des espèces de clous
d’nnc matière pyriteusc , qui se trouvent toujours dans le marbre pcnté-
lique , ct qui résistant mieux que les parties qui les entourent, restent
comme des témoins du changement qu’a éprouvé la totalité du marbre.
Les bas-reliefs du temple dc Minerve m’ont depuis long-temps donné
lieu dc faire cette observation : elle démontre que plusieurs de ces précieux
monumcns ont perdu par l’action destructive de l’air atmosphérique
, leur première surface , mais en général assez également pour que
les formes n’y soient que légèrement altérées. L ’influence des sels que
couticnncut les terres est bien plus active que celle de l’air : les substances
qui rccouvroieiit le buste d’Alexandre ont donc pu être dc nature a lui
enlever les finesses ct presque tout lo mérite de l’exécution.
A côté do cc buste , j’ai fait graver une médaille de bronze offrant
la tête d’Alexandre; mais elle est fort postérieure à son siècle, et porte
sur le revers , avec un cavalier, ces mots : KOINON MAKEAONflN B. la
communauté des Macédoniens, de la seconde province. Co no fut qu’à
l’époque du règne dc Caracalla, que la Macédoine replaça snr ses monnoies
la tête du plus grand de ses rois , moins par respect pour sa mémoire que par
aduhtion envers un empereur , qui , dans sa démence , prétendoit s’assimiler
au vainqueur de Darius, Les médailles frappées à cette époque sont
les seules qui présentent , dc l’aveu de tous les antiquaires , l’image
d’Alexandre ; car il est encore incerlain si les médailles frappées sous le
règne même dc cc prince , offrent réellement scs traits. Les uns croient
les y rccoimoîlrc , taudis que les autres y voient un Hercule encore
jeune. Quant aux médailles d’or , la question paroît décidée ; ct fou
convient assez généralement que toutes offrent la tète dc Minerve.
Sur deux petites médailles , l’une d’o r, l’autre d’argent, est la téte
d’Alexandre avec la corne d’Ammon ; la première a excité les soupçons
dc quelques antiquaires ; si elle n’est pas fausse , elle paroit au moins ,
par la nature du travail, être bien postérieure au siècle de cc prince. La
seconde est plus ancienne ct d’une plus belle exécution.
Le beau médaillon d’argent , dont le revers porte le nom de Lysimaque,
devient aujourd’hui un problème nnmismatique , que j’exposerai
sans oser le décider. Les uns regardent cette tête coiffée avec le bandeau
ct les cornes d’Ammon , comme étant celle dc Lysimaquc , tandis que
d’autres antiquaires y rcconiioisscnt la tcte d’Alexandre lui-mômo , auquel
cet hommage fu t, scion eux, rendu long-temps par les dynasties dc souverains
qui lui dévoient leurs couronnes. Cette opinion n’est pas nouvelle ;
c’est celle de Jean Fabcr, ct dc Nonius qui a si savamment commenté les ,
médailles gravées par Goltzius ; elle a été adoptée par Spaiilicim ; elle est
aujourd’hui renouvelée par M. Cousincry, ancien consul dc France dans
le Levant , qui a profité d’un séjour dc vingt ans en Macédoine , pour
recueillir une précieuse collection de médailles ct acquérir de vraies ct
solides connoissanccs. Il prépare un ouvrage dans lequel il cherche à
prouver , que les tôLcs coiffées avec une peau dc lion ou avec les cornes
d’zimmoîi, et qu’oii a cru jusqu’à présent offrir les traits dc Lysiiuaque,
parce que sou nom se lit au revers des médailles, sont toutes des tètes
d’Alexandre plus ou moins ressemblantes , suivant le degré de lalciil de
l’artiste. Cet usage dc placer sur les mouiroics rimagc des fondateurs,
auroit donc , dans cette supposition , fait parlic du culte que l’on rcii-
doit à leur mémoire ; et il en résulteroit que les successeurs immédiats
d’Alcxaiidrc ne sc firent point représenter sur les monnoies. On
rend cette opinion assez plausible , en observant que les généraux d’Alexandre
ne prirent le titre dc rois que plusieurs aimées après la mort
dc cc prince ; que jusqiics-là fidèles , au moins en apparence , à sa
mémoire , ils s’étoieilt Loujours nommés scs lieulciians. Lysimaque étoit
déjà âg é , lorsqu’il ne eraigiiit plus dc ceindre la eouvomic ; ct copeu-
daul cc sont les traits d’un jeune homme que retracent les médailles
sur lesquelles on lit sou nom. Les cornes dc bélier ne sont-elles pas
d'ailleurs un allribul distinctif du héros qui alla consulter l’oracle dc
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