
m
- f S
.-q;.;:
t r i iu in c u r , assez excusable sans cloute, d 'av o ir vu lui è c lia p p c r , cn ma
la v e u r , u n suc cès l)icn m ieu x d ù à sou ra re m é r ite , ot à sa vaste é ru d itio n ?
C’est u n de ces p a sse-droits a u x q u e ls on sc résig n e to u jo u rs d ifiic ilen ien t;
e t celui q u i en p ro fu e s e ro it b ien h a b ile , ou b ien hcureiiX; ’il réu ssisso it
à sc le iaii'c c n llè rcm e n t p a rd o n n e r.
Telles éloicnl sur ia Troade les notions des voyageurs qui l’avoient
appcreue avant tjue je m’en occupasse avec tant dc constance. Il n’étoit
pas facile dc démêler rerreur qui produit cjuclqucs obscurités, cl même
des contradictions appareilles, dans la description d’ailleurs exacte de
Démétrius, ct d'expliquer celte extension du nom dc Scamandre sur le
Simoïs, que je viens d’annoncer dans rarlicle précédent.
Lorsciuc j'aurai présenté successivement, et mes travaux, ct tous les
rapprocbcmens ({u’ds m’ont donné lieu dc làirc, on verra avec surprise
saus doute,mais j’espèrc aussi sans inccrliludc, que Démétrius dc Sccpsis,
décrivant un pays où il étoit né; qu’un des plus grands géograjilies dc
l’antiquité, donnant l’extrait dc cet ouvrage et discutant son opinion;
que Pockockc si savant cl si laborieux, négligeant cjuclqucs recherches
({lii eussent acbevc do l'éclairer; c|ue M ood, voyageur inslruil cl liiié-
ratcur distingué, examinant les lieux sans les rcconnoîtrc, sc sont lous
j)lus ou moins trompés : la vérité s’cst refusée à ceux qui avoient dc si
grands droits sur elle; et ce qui csl inexplicable saus doute, c’est à
moi qu’éloil réservé le bonheur de la saisir : nouveau caprice du
hasard dont les préférences sonl parfois si bizarres. Le résultat des
recherches que je jiublie, est la veine précieuse qui, dans une mine
déjà vainement foiiilhic par d’industrieux propriétaires, s’offre eiiiin aux
efforts dc celui qui leur succède avec moins dc lalens, mais avec plus
dc persévérance.
L o rsq u e j’a n n o n c e le ih é à lrc d e f ll ia d c r e tro u v é su r les c liamp s tro y c n s ,
je n'ai pas b eso in d ’a v e rtir q u e le g e n re des p reu v e s su r Icsquollcs je
m ’a p p u ie , u ’a p o in t, c t n e p e u t av o ir les caractères d ’u n e dcinoiisLralion
maLliémalic|uc. A la d istan c e d c trois mille a n s , lo rsq u e les lieu x o n t tan t
d e lü is é t(' d é v a s té s ,le p rolilêiiic d o it p a ro îtrc r é so lu a u ss i c om p le ltom en t
q u ’il est p o s s ib le , si d ’ab o rd les p rin c ip a le s in d ic a tio n s co nsigné es dans
H om è re s’a c co rd e n t e x a ctem en t avec les sites e t les dciliris q u i su b s is ten t
en c o re ; c t s i, ([uanl aux a u lre s p o in ts d ’u n e m o in d re im p o iia u c c , il se
p rése n te {»our c h a cu n d ’eux uuc ex p lic a tio n p lau s ib le , à d é fa u t des
.les localités quo le temps a fait clisparoîtrc : on ne peut
exiger, 011 uc sauroit même désirer dayanlage.
Ces prcuYes 11c pouxam être exposées que successivement, peut-être
emploierai-je quelquefois à f avance, et pour no pas embarrasser la
discussion, des noms qui ne seront pas entièrement constatés pour le
lecteur; mais ces auliciiiations seront peu nombreuses; et co que j’aurai
d’abord supposé, ue lardera pas à être établi : on verra que les déuomi-
nalioiis n’oiil pas été jetées au hasard; et l’on concevra comment, ayant
à parler des monumcns ct des sites qui les cirviroime.it, je nc puis me
faire entendre, qu’en supposant ces lieux ct ces objets déjà en possession
des lilres que je leur ferai bientôt recouvrer.
Mais je me hâte d’arriver dans les champs troycns. ü n violent vent
de nord m’avoit conduit de Constaiilinople à l’entrée de l’Hellespont, sur
la plage même où ahordèrcnl les Grecs : je no puis la méconiioître. La
haulc monlagne dc Sigéc, qui la termine à l’ouest, est trop bien désignée
par Homère, quoiqu’il nc la nomme pas; et les Grecs la comioissent
encore sous l’antique dénominalion qu’alors elle portoit déjà, ou qu’elle
reçut bicnlôt après. La pointe opposée, quoique moins haute, ct ne se
dcssinanl pas au-dessus de fhorizon, se distingue après un léger examen;
c’cst le cap Rhêlée : ces marais qui entoureiil l’embouchure actuelle du
fleuve, cl cotte suriace dont une partie sc refuse encore à la culture,
pourront indiquer l’élcnduc du goil'e que les sables ont comblé, l.es
voilà donc déployés dcvaiil mo. ces lieux chaulés par Homère : mais
comment eu reeonnoître les détails, cn marquer les limites? comment
discerner ces fleuves et leur assigner leurs noms véritables? comment saisir
leurs caraclcros, rclrouvor leur origine ct leur direction primitive ? où
replacer la ville d’Ilion cl sa hirale citadelle? Ces sites variés, ces restes de
monumcns sont-ils bien les mêmes que consacrent les vers du poète, et
que les anciens onl coiislammciit vciiêrcs eomme tels dnraiu plusieurs
siècles ? Je me demande si je pourrai détcrmiiicr la ]>rofondcur de cc
golfe (pu a disparu; où je dois me figurer le camp des Grecs, et placer
les troupes Iroyenncs prêles à i’allaqucr; si je distinguerai la colline
•ippcléc Cal heoloLic, K aAAixoAfflvn. le T h r o s i i i o s , nSim, ces sources du
ficamaiulre (pfllomèrc nous monlre près d'Ilion; sur-toul les lombcaux
destinés à Iraiismcllre aux siècles futurs le souvenir des héros qui périrent
sur ces bords.
Tome JI.
r à
ï
f
i V
t
' 'I
f