
dans l’ancien idiome des Grecs un lieu élève , qui dominant la suriace
des mers, frappoit dc loin les regards du navigateur ( i) : aussi, cette
dénomination fut-elle commune à plusieurs îles qui offroicnt le mémo
aspect. Lorsque dans la suite on sentit la nécessité dc les distinguer, la
Samos voisine d’Ithaque fut appelée Céphalonie ; 1 île plus célèbre
par son opulence et sa position près de l’ionie, retint le nom seul dc
Samos ; et celle dont les sommets s’élèvent dans les parages de la
Thrace, reçut le nom de Samothrace.
« Placé sur les sommets élevés ct couverts de forêts dc la Samos de
» Thracc, Neptune découvre les armées, contemple les combats; car delà
» s’apperçoivent toute la chaîne de l’Ida, et la ville de Priam et le camp
» des Grecs, etc. » (2)
I LE d’ I m b r o s .
Celle île, un peu plus étendue que celle de Samothrace, s’élève moins
au-dessus de la mer ; et lorsqu’on sort de l’H ellespont, on découvre pardessus
l’île d’Imbros le mont Saoce : il paroît qu’cllc a constamment suivi
le sort des îles voisines : comme celles-ci, elle fut consacrée aux dieux
Cabires (3) , et conquise par des Pélasges qui cn restèrent les maîtres
jusqu’à l’année 5 i i avant J.-C., époque à laquelle un des généraux de
Darius fils d’Hystaspes, subjugua Lemnos et Imbros. Miltiade s’cn empara,
expulsa les chefs Pclasges, ct soumit ces deux îles aux Athéniens. Cc
fut à Imbros qu’il trouva un refuge, lorsqu’il fut poursuivi par les vaisseaux
phéniciens de la flotte de Darius; il ne perdit qu’un*scul bâtiment,
c’ctoit celui qui portoit son fils aîné Mctiochus. Ce jeune homme fut
conduit cn Perse, où son vainqueur le combla de bienfaits, lui donna
une épouse d’une naissance distinguée, ct de riches domaines (4). Quatre
ans après, le peuple d’Athènes et celui de Sparte firent périr les hérauts
que ce même souverain leur eiivoyoit sous la sauvc-gardc des dieux et
des droits des nations (5).
Imbros resta sujette des Athéniens jusque au règne dc Phihjipc qui
s’en rendit maître : Antigone la leur rendit; sans doute elle rentra depuis
(i)D u moLirfaa, que les Dorienspruixonçoient (3) Eustatii. ad Dionys., v. S iif Steph-, verb. Îf43p«;.
d'où vient cmf<aiv!g OU j'indique, je signale: (4) Herodot. Lib. VI, cap. 4 i- M. Larcher place cel
zr.pa , monument, signal, tovit ce qui se remarque de événement 497 ans avant J.-C.
loin. Strab. Lib. X ,p . 701. VII, p. 5aa. Heynii obs. (5)Herodot.Lib. VII,rap. i 33. Voyez la iraductiou
in lliad. Lib. XIII, v. la. T.VI , p. 370. de M. Larcher, ï . V,p, 87, e lla note, p. 35a.
(a) Uiad. Lib. X lll,v . xa.
■sous la doruinaxiondcs rois do Maccdolne, puisque nous voyous les
Romains sUpulor dans le traité qu’ils eouclurcm avec Plulippc, avant-
dcimcr roi, que l’ilc d’Jmbros sera rendue aux Athcnicus (i )
Antioebus le grand relâcha dans cette île , lorsqu’il passa dc l’Asie
dres la Grèce pour faire aux Romains uuc guerre qui, plus heureuse,
eut pose des bornes à leur ambition; mais Antiochus, malgré féncrgie
qui lui fil balancer long-temps la fortune dc Rome , nc put s’élever
jusqua un genre de courage plus rare : il craignit do partager la gloire
qu il sc Hatloit dc saisir toute entière ; et celte foiblesse ie priva du
puissant secours que l’expérience, le génie, et le rcssemirnem d’Annibal
le prcssoienl d’accejiier (2).
Imbros vit reposer quelques instans sur ses rivages le chantre infor-
tune dc Cor,uuc, lorsqu’on Io conduisoit à cet exil, d’où il prodigua
SI ong-temps scs déplorables hommages à l’oppresseur, qui n’cn jouit
que mieux dc sa vengeance (3).
Imhros, Lcmnos et Samothrace furent enlevées aux derniers empereurs
grecs par des princes de la famille Canlalusio , qui déjà
rcgnoit a Lesbos. Avec l’aide des Génois établis à Constantinople, ils
s etoicnt emparés de la ville d’Ænos ; bientôt après ils devinrent maîtres
des lies Yoismes, L ’empire, démembré dc toutes parts, étoit alors presque
rc uit a sa capitale ; cl d’avides étrangers accéleroicnt sa ruine , dans
espoir d’en saisir les derniers débris. Les îles voisines de la Tlirace
bien gouvernées, et protégées par une puissance maritime alors redou-’
table, eussent pu former un étal riche, heureux, ct utile au commerce
general ; mais lo peuple destructeur qui ne connoissoit d’autre droit
que la force dos armes, et d’autre moyen do richesse que Io pillage, ne
dcvoit pas les laisser jouir longtemps des avantages de leur situation
La division, suite presque inévitable dc la mauvaise fortune, sc mil
parmi des princes qui ne pouvoicnt trouver que dans leur union des
moyens dc résistance, Lucius Canlalusio, dernier souverain d’Imbros
7 de Lemuos, partagea les malheurs de son parent alors mailre de
Lesbos, dont il avoit favorisé la cruelle ambition, en l’aidant à usurper
les droits dc son frère : vaincus tous deux par Mahomet J I, ils lurent
emmenés captifs, outragés avec barbarie, ct enfin mis à mort (/,).
M
{i)Thucycîifl, Lib. IV, e.ip. a8, Domoslb Pbilin I
{a)TU, Liv. Lib, XXXUl,aip.3o.
( 3) 0 vid. Trist.Lib. I , Eleg, i
{41 Cbalcoiid. llistor. p. 277.