
pti
i
qui augmente sans cesse scs possessions ct accumule des trésors , continue
à donner le spectacle d’une union si rare , il est difücile dc calculer cc que
peut devenir une puissance d’un genre si particulier.
les Cara-Osmanidcs ont rangé sous leur influence les Agas ct les
grands propriétaires des provinces voisines , moins encore par les armes
que par la persuasion cl par le sentiment dc leurs communs intérêts.
Avertis el favorisés par les premiers symptômes de la dissolution dont
rÉlat est menacé , mais sans se déclarer rebelles an chef dc 1 empire et
de la religion , ils ont formé une ligue en faveur du bon ordre et de la
tranquillité. Les mêmes principes , les mêmes formes d’administration
régissent tous les pays qui leur sont soumis. Ils ont leurs propres
domaines qu’ils fout cultiver , et n’exigent dc leurs vassaux , pour unique
redevance , que la dîme en nature au moment de la récolte. Déjà le
pouvoir de cette famille s’étend dans les deux Mysics, dans toute l’Eolide,
el sur une grande partie de l'ionie ; chaque jour il fait dc nouveaux
progrès ct reçoit de nouvelles actions de graces. Plusieurs fois , lorsque
Smyrne étoit menacée par les excès de la milice , ou par des troubles
intérieurs , on a vu un des cnfans de Cara-Osman y entrer avec une
Ibrcc imposante, soutenir le gouverneur ottoman , punir les coupables ,
assurer le repos public , et rendre la sécurité aux habitans ainsi qu’au
commerce étranger.
Deux fois par semaine, il part dc Smyrne plusieurs mulets chargés dc
piastres , iju'expédient les négociaiis pour acheter les soies ct les cotons
qui se recueillent dans les divers domaines des Cara-Osmanidcs. On
paye d’avance ces productions, pour ne les recevoir souvent que plusieurs
mois après : jamais il n’y a eu dc mécomptes , jamais dc contestations ;
nn seul soldat connu pour appartenir à des maîtres qui savent si bien
se faire respecter, accompagne ct conduit à l’abri de toute insulte ces
convois d'argent, soit à Pergame , soit dans les plaines dc Magnésie , et
jusque dans fintéricur des monts Taurus. L ’on ne peut que souhaiter
de nouveaux succès à une famille qui , après avoir conquis par le courage
une autorité utile à tous , sait la conserver par la modération , ct
jusqu'à présent en a fait bénir la justice.
E x p l i c a t i o n d e la Eignette placée à la tête d e c e Chapitre.
Alexandre peut être regarde comme le premier fondateur du royaume
des Attalidcs, puisque cette contrée fit partie de sc? conquêtes , et devint
après lui le partage d’un de ses généraux. La Vignette placée au commencement
de ce Chapitre offre le buste de ce héros , placé dans le Muséum
dc Paris. Il fut déterré par les soins du chevalier d’A zara, avec seize autres
têtes d’hommes célèbres, dans les jardins de la famille des Pisons , dont
remplacement s’appelle encore i Pisoni : c’est la seule tête connue
d’Alexandre qui porte un véritable caractère d'authenticité; l’inscription
ne permet point dc douter que ce ne soit lui que l’artiste a représenté, et
que cet ouvrage ne soit une dc ces copies que les statuaires grecs multi-
plioient pour satisfaire lo goût des Romains. Lorsque le luxe eut fait
de si rapides progrès sous les premiers empereurs , tous les grands ,
passionnés pour les arts ct pour la littérature grecque , se plurent à
orner leurs bibliothèques , les vestibules de leurs palais , et leurs jardins ,
dc statues ct dc bustes des hommes illustres en tous genres. 11 s’établit
à Athènes dc nombreux ateliers , où l’on répétoit les mêmes figures , où
l’on multiplioit d’excellentes copies des productions les plus célèbres du
ciseau grec , ct ces ouvrages étoient devenus une branche de commerce.
On se permit iiiêmc dc composer à plaisir les images d'un grand nombre
dc princes , de poètes et de philosophes, dont il ne rcstoit aucuns modèles
originaux; cl ces fictions , adoptées ct sans cesse renouvelées , acquirent,
par le temps et l’habitude qui peuvent tout, à-peu-près les incmes droits
que la vérité.
Cette remarque, au reste , n’est pas applicable au buste d’Alexandre
récemment découvert. Si Vomicron carré employé dans l’inscripLion
prouve incontestablement que cc marbre ne peut guère être d’une date
plus ancienne que le siècle d’Auguste , époque à laquelle une semblable
forme dc caractère commença à cire en usage , il n’cn est pas moins très-
probable, que cc buste fut alors exécuté d’après un ouvrage contemporaiu
d’Alexandre : peut-être cst-ce la copie d’un dc ces nombreux portraits
confiés aux lalens do Eysipj)C et de Praxitèle ; leurs ouvrages cxisloient
encore à l'époque qii’indiijuc rinscripliou ; et les traits du héros macédonien
, fidèlemenl transmis à uu peuple qui se plaisoit à rendre
f