
I#h
p à
ir
chantant les exi)loits des vainqueurs d’Ilion, a-t-il adapté à la nature et
aux divers accidens du terrain les faits que lui transmettoit une tradition
encore récente, et même jnsqu’aux hrillans dclails dont il s’est plu à
enrichir ses poétiques récits ? Homère, dans le cours d’un long ouvrage,
oii avec un art admirable il a su consacrer toutes les connoissanccs,
toutes les opinions dc son siècle, ne s’esL-il égaré daus aucun moment
sur les champs Troyens, quo sa musc parcourt en tous sens avec tant
dc rapidité? Les tableaux qu’il fait briller dc couleurs si vives, nc seront-
ils plus désormais pour nous de pures fictions ; et sommes-nous destinés
à trouver dans plusieurs passages dc l’Iliade, au lieu des seuls produits
de sa riche imagination, les ûdèles images des sites que le poète avoit
sous les yeux ? Est-il enfin bien vrai que les voyageurs, qui porteront
à l’avenir leurs hommages sur les ruines d’Ilion , pourront se flatter
d’en retrouver les vestiges , de recomioîlrc, je n’ose encore dire, quelques
uns des monumens nommés par Homère, mais, du moins, les
principaux lieux qu’il a décrits, et sur lesquels il place ses dieux et
scs héros?
Ilâtons-nous d’aborder sur ces rivages sacrés, dont l’aspect peut seul
éclaircir nos doutes et réaliser nos espérances; mais, tandis qu’un vent
favorable nous y conduit des îles de Samothrace el d’Imbros, où nous
étions restés, employons quelques instans à nous rappeler quel fut
l’empire de Priam ; et rapprochons, pour nous en faire une juste idée,
les notions que les anciens nous en ont transmises.
C’étoit chez les Troyens une ancienne tradition que leur plaine avoit
été jadis couverte par les eaux de la mer (1). L ’inspection des lieux
confirme cette opinion; ct si vous embrassez de l’oeil le contour des
hauteurs, qui enferment cette surface égale, et maintenant bien
cultivée, elle vous présente l’aspect d’un de ces golfes profonds qui,
dans l’île de Lesbos, offrent des ports abrités de tous cotés, et semblent
aux navigateurs parvenus dans cet asyle, une petite mer intérieure,
dont ils ne distinguent plus l’étroite entrée (2).
Au momenl de la rupture du Bosphore de Thrace, lorsque les eaux
du Pont-Euxin se précipitèrent dans la longue vallée qui forme aujourd’hui
ri-Iellespont, elles entrèrent avec violence par fouvertuie,
(1) Slrab. Lit). I , pa{5. 5 i. e<)it. Casaub. (2) Voyez pag. 83 cîe ce voluin
quo laissent entre eux les caps S.gée et Rhètée, et remplirent le hassm
qu, se trouvoH prêt à les recevoir; les flots arrivèrent jusqu’aux pieds
dos montagnes 1 mais lorsque le niveau des deux mers se fut éubli, les
eaux se retirèrent de l’extrémité la plus haute de la plaine submergée;
elles n occuperont plus que la haie, dans laquelle les Grecs, plusieurs
siedes après, entrèrent avec leurs vaisseaux, et qui, depuis cette époque
a etc .sucecssivcmeiit comblée par les terres qu'entraincnt les torrcns
descendant des montagnes.
Tcuccr, suivi d’une troupe de Cretois, vint s’établir dans celte
contrée alors presque déserte; mais cette première colonie n’habita que
I Ultérieur dos montagnes, ne cultiva que les vallées assez élevées pou r
n avoir point été atteintes par Pinondation, ct qni, par l e u r p o s iL ,
etoicnt d’ailleurs d’une défense plus facile ( i) .
Dard.anus, sorti d’abord dc fArcadic, et ensuite de l’île de Samothrace
, avec une nouvelle troupe de colons et de fugit.fè, se réunit à
loueer, épousa sa fille, et fut après lui le chef de cet établissement,
qui! consolida, qu’il agrandit, et auquel il donna son nom
Déjà les Curètes, les Cabires ct les Telcbines, car on leur donna ces
différcns noms, sortis originairement de la Phénicie, ct dans la suite
de la Crete par eux civilisée, avoient introduit leurs dogmes religieux
dans quelques îles do la mer Égée, sur les monts Ida, et dans la
haute Phrygie, ils y avoie.it porté, avec leurs bruvantes superstitions,
la connoissance de quelques arts utiles; entre autres, celui de fondre
et de forger le fer, métal plus rébelle que le cuivre, avec lequel longtemps
encore on fabriqua les armes. ”
Dardanus régna, dit-on, soixante ans; son fils Erichthonms qnarante-
six ; f ros a peu près le même nombre d’années; ot ce fut lui qui se
rapprochant de la mer, s’établit le premier sur une des dernières hauteurs
de 1 Ida, a l’entrée dc la plaine. Il y jota les fondemens de la ville
célébré ou son fils Uns construisit une citadelle. Laomédon entoura
la vdle de fortes murailles, qui dans la suite passèrent pour l’ouvrage
de Neptune ct d’Apollon (2). ^
ïro s avoil eu trois fils, Ganymède, enlevé ou tué par Tantale, roi de
v à p “ ■ D'“ !»’'' «. rtè Ovid. I,ib. XI. Lib. ,1. i„.
(.)Ili.dLlb.V.l,«..XX.,4«.Vb8il..ï,„iU.ub. r 'ilb 'p .tg ’'"'- “■
t *
-G
/ . - « 1