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la nature ct peut seul conjurer les orages donl, en celle saison, sont
nicijaccs les navigateurs. I! se voit obligé do ¡»asser sur un baliinenl plus
vaste, quise U'ouvc mouilk'sons le tombeau d’Ajax. II mcl a la voile,
double le cap Sigéc cl longe la côle dc l'Eolidc, pour aller voir le tombeau
dc Palamèdc, mort viclimc de la calomnie; il veuL relever sa slaluc reu-
vcrséc, ainsi (¡ue Fombrc d’Achille le lui a prescrit. Nous avons déjà
rappelé cclLe anecdote, lorsque nous avons passe ¡»res de ces rivages (i).
Apollonius sc dirige cusuilc vers l’Eubée; cL, duraiiL ceUc traversée,
respecté par les vents qui ii’osciit contrarier sa navigation, il salislaiL la
curiosité des passagers, ct dc ses admirateurs, qui lous le conjurent de
lour faire connoître les détails de son entrevue avec Achille. 11 y conseil l;
ce n’est point cn répandant comme Ulysse le sang dos agneaux immoles ,
qu’Apollonius a évoqué l'ombre tlu héros, mais ¡»ar tics formules que
lui apprirent les prêtres dc l’ Inde; à peine il les a ¡»rononcécs que le
tombeau a retenti d'un bruit iiitcricur; et aussitôt un jeune liommc a
paru, haut dc cinq coudées, couvert d’uuc chlaïuvdc llicssalieiinc; sou
extérieur n’étoit pas celui qu’oii attribue au lier ct présouqiLucux Achille;
i! cloil tout-à-la-fois grave cl rassurant. Qu‘Riù à sa beauté, uiillc expression
nc sauroit en donner une juste idée; ct Homère lui-mêmc, malgré
tous les éloges qu’il lui prodigue, n’a su que le peindre foiblemcnt.
Cependant Apollonius a vu l’image du héros grandir successivement
jusqu’à ce qu'elle ait atteint la liautcur de douze coudées (2) : alors
Acbilic, l’appelant par son nom, s’csl félicité dc voir enfin un homme tel
qu’il le désiroit dc¡»u¡s long-temps, il l’a chargé dc menacer Jcs Tlics-
salicns dc sa colère s’ils conLinuciiL à négliger des liommagcs ct des sacrifices
que les Troyens cux-mêmcs s’empressent dc lui ofl'rir, quoiqu'il
ail jadis fait tomber sous scs coups leurs chefs les plus illustres.
Les questions qu Apollonius obticuL ensuite la permission dc làirc au
Jiéros, et <¡u’il auroit pu ce me semble mieux choisir, n’ajiuilcroicnt
rien, pas plus (¡uc les réponses qu’il ¡»rélendoit eu avoir rc(}ucs, aux
preuves que présente cette tharlalaueric; mais le récit dc son bisloncn
atteste cn (juelle vénéraLion éloient à celle <3»0(¡ue les tombeaux rclrouvés
dans la Troade, ct surtout celui d’Achille (3) , niccomiu des voya-
(j) Voyez pag. 88 de ce volume.
(a) Douze coudées reviennent à environ 17 pieds
français. {VEdileur.)
(3) Pliilnsirat. vita Apollon. l,ib, IV, cap. )
i 3 , i 5 ct iC.pag. lAScisctp
gcurs qui, sur mes traces, ont depuis quelques années visité Ja Troade.
Tous ont été égarés par les onvrages incomplets qui oui ¡»récédé le mien,
cl ils ont pris ¡»our le Lombeau d’Acbille celui de Festus, dont nous
ne larderons pas à nous occuper.
Les auteurs Grecs et Latins les ¡»lus dignes dc foi nous altesleal,
comme on vient dele voir, rcxistence dulom]»eauet du tcnqfie d’Acbille,
sur cc même rivage où j’en ai reconnu les vestiges. Ce sont Homère
Hérodote, Cicéron, Diodorc dc Sicile, Horace, Slrabon, Lucain, Pline,
Plutarquc, Arrien, Lucien, Solin, PJnlostraLe, Elieu, Hcrodicn, Ain-
micn-Marcellin, (pu de siècle cn siècle nous ont conservé des titres que
le scepticisme Je ¡»lus déterminé ne sauroit nv-oqucr cn doute; el nous nc
devons ¡»as être embarrassés de ré¡»étcr avec l'aimable làvori de Ylécène;
T c nianct Assaihici tcllus, qiiam frigida parvi
l'iudunt Scamandri iliimiua,
Liibriciis ct Simoïs :
ü iid e libi rcdituiH ceno sidileminc Parcæ
Rupère : nec miuer dotiimn
Cærulea tc revebcc. Hor.\t. Epod. X lll.
Piii.sqnc 1.1 gloire l'appelle
Sons les remparis d'Ilion,
Accours, vole, va répandre
L ’éjtonvanlc dans ces lieii.x
Qii’arrosenl le l'roki Scamaiulre
E t le Xiintlie impétueux;
â la is , songe qu’un Dieu sévère
Ne pennet jias loii rctoii.-,
Que de la ebariname mère
Tu ne verras plus la cour.
Trad. de M. D.veu. { l’A u te u r .)
P T , W C I I E X X V T U ,
V u e du tombeau de Pati'ocle.
A 120 toises environ de rcmjilacemcnt du monument d’A chillc, sc
voit un monliculc ^oui(¡uc recouvert dc gazon. Eehappt^ à la fureur destructive
des hommes, il n’a eu à souffrir que des frcqucns orages (¡ni
depuis tant dc siècles frappent son sommet; les tempêtes ct les pluies ont
du le diminuer de (¡uehjucs pieds, cn même temps qu’elles cxhaussoieut
le terrain tpii renlourc, dc ia terre même qu’elles lui enlevoieiU (r).
(i) Ce tombeau est ua peu aplati k sou sounuol, pondre .à la description d'Homère; il peut avoir 12
sans doute par l’effet des eaux qui nul emporté la pieds de li.-iuicur perpendiculaire sur environ 40 de
lcrre supérieure; il iic.st pas très-élevé ct semble ré- diamètre à sa base. {l’Editeur.)
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