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et ils justifioicnt, à leurs jiropres yeux, ccltc petite foiblessc, par la
supposition si commode, que le texte du poiaiie est altéré, et que pour
cil dissijicr robsciirilé, l’on ne feroit que d’iiiulilcs efforts (i) . 11 y a,
ec me scmlile, deux manières dc comprendre, dont l’une csl rare parce
qu’elle est parfaite; l’aulrc Irès-défcctucusc, ct par eonséqucnt d ’uu
usage assez général. Bien des gens, même dc beaucoup d’cspi it, se coii-
teiitent d’enlcndrc à-jieu-près; el souvent ils n’eu Iraitcnl pas moins
bien, en apparence, les objcls dont ils n’ont ainsi (pi’elïleuré la siqicr-
ficic. La peine qu’ils ont refusé dc sc donner, les indifféreus qui les
écoulent ou les lisent, sc l’imposent encore moins. Le [dus sévère
examen, provoqué par un vif intérêt, sentiment toujours assez, rare en
pareille matière, peut seul faire rcconnoîtrc que l’on ii’ciiteiidoit pas
réellement tout-à-liiit ce dont jusque là on avoil cependant assez jias-
sablcmcnt parlé. 11 y a »» assez grand nombre d’endroits do flliadc,
sur lesquels des interprétations fort erronées ont été trop légèrement
admises par ceux qni admiroicnt les grandes bc.aulcs du poème, sans
chercher à se rendre un compte exact, scrupuleux, do sa marche
générale, et encore moins dc lous les détails susceptibles dc diffieiillés.
Les traductions, tant latines que françaises, lorsque les passages sont
lus isolément, nlTrent. toujours un sens raisonnable; il étoit donc assez
naturel de les recevoir sans opjiosition. Les erreurs ue pouvoicnt être
sonjK oniiécs que par celui dont elles conlrariolent le vif désir de tout
entendre, dc toul expliquer dans l’iliadc. Encouragé [lar quelques légers
succès, il n’a pas désespéré dc trouver soiiauteui toujours exact, toujours
d ’accord .avec lul-même, seul genre dc vérité qni soit un devoir pour
la poésie, mais aussi qu’on a toujours droit d’en exiger rigoureusement.
Mais revenons au vaisseau de Protésilas. 11 faut convenir que le vers
6 8 1 du livre XIII a dù embarrasser les critiques: ils n’avoiciit pas eu
soin, comme je viens de l’observer, do rapprocher tous les passages
dont l’intention complète la confiance duc au catalogue. Ce vers, pris
isolement, semble cn effet oflfir un sens opposé à celui que diverses
circonstances du poème lui imposent nécessairement:
i / f iaa'j Ai'aSTo; rs Z££ç z.at UpozEmlâov.
(l'A)ax le Locricu (lliad- Lil). XIII, v. 68i ) ; Eustallie
croit qu’elle cloil près d’Ajax , fils dc Télamon ( Ibid.) ;
ainsi, les anciens n’éloiciil pas là-dessus plus d’accord
que les modernes. Voyez aussi à ce sujci Strabon , livre
IX , page 5g4.
(i) M. Ilcync ne pouvaoi parvenir à fixer sou opiriiûii
sur ccltc difficullé, finit par la laisser ù la volonlc
du leclcur ; de quibus sigillalim conleudere cl pnmuu-
ciare velie, aul ineplum aul superbum esset ; consulet
sensum quisque suurn, dil-il (llcyii. ad- llomcr. Iliad.
Lib. XIII, V. 68 i, vol. V I , pag. 486 ).
On avoit jusqu’à présent traduit : .. Là étoicnt les vaisseaux d’Ajax ct
B do Protésilas », el j’avoue que, dans tout antre cas, il eût été naturel
de donner un pareil sens à ces expressions. Pour juger ccltc question,
ct saisir le véritable sens du vers qui eu feit la difficulté, relisons le
passage entier.
Homère, après avoir peint la détresse où se trouve l’aile gauche dc
l’armée troyeunc, lors dc l’assaut général, revient au centre, où Hector
comballoit; et le poète dit :
' a - ot fà£V fj.a pva'jz o S t fia q xvpôq aiSoixénoio.
"Ey.zup ^’oyy. ¿xézvGZO At't yD.oq, o'joÉ xi 'r § r
OTTt pa oi vr,(2v ¿-'dpiaxtpd $r,ïooivxo
Iccoi Oir’ 'kpyîiu-j. ■/.. t. X.
« Ccst ainsi qu’à l’attaque d’Asius, le combat se prolongeoit avec
• une égale ardeur. iMais Hector ignoroit ce qui so passoit à cette
» gauche de son armée ( extrémité occidentale de la ligne ennemie),
B et quelles portes y éprouvoient ses troupes, prêtes à succomber sous
B les coups des Grecs, quo Neptune lui-même encourage. Le héros
■> troycn continuoit de combattre à l’endroit où il avoit forcé la
B porte cl dépassé la muraille, après avoir rompu ct divisé le front
» des redoutables phalanges. Là se déploie, tirée sur le sable, la
» première ligne des vaisseaux, qui s’étend depuis la flotte d 'A ja x
» ju s q u à celle de P rotésilas, à l’abri de la muraille peu élevée. Là, le
» combat est le plus animé; les guerriers cl les chars so mêlent et se
» choquent avec fureur; là, les Béotiens, les Athéniens, les Locriens,
» les Phtbiotcs ct les Epéens s’opposent à Hector, et ne peuvent par-
» venir à le repousser ( i) ».
On voit qne je donne un sens tout nouveau au vors 6 8 i ; mais je
nc crains pas d’assurer que c’cst le seul raisonnable, dont, après un
mûr examen, ce vers demeure susceptible. Homère dit qu’Hcctor vient
d’eiil'oiicer le centre de l’armée, qu’il a coupé, séparé les deux ailes;
il veut, eu nommant les flottes les plus distantes cntr’clles, désigner
le front dans toute son étendue, précisément comme les géomètres
indiquent une ligne par les signes attachés à ses deux extrémités, et
disent la ligne A B.
Les traducteurs, cn donnant à ce vers le sens plus naturel qu’il
( i) IIoBlCr. I l i i , t u . , X I I I , , '.6 7 5 - 6
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