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les images devinrent le type dc quelques monnoics de Pergame sous les
empereurs romains. Cc genre d’hommages rendus aux fondateurs auxquels
011 avoit élevé des monumcns , étoit d’un usage assez commun en
Asie. Pellcrin ct Eckel en fournissent plusieurs preuves.
La siUialioii dc Pergame a quehiuc ressemblance avec celle d Athènes.
Daus l’une et l’autre dc ces villes, une citadelle construite sur une liau-
tcur , et couronnée par un Lcmiile dc Minerve, domine la plaine , enrichie
de monumcns : dans toutes les deux, une foiblc rivière fournil des eaux
trop peu abondantes; ct le port où s’embarquent les productions dc chaque
contrée est à quelque distance dc la ville, avec cette seule différence, que
Pergame est plus éloignée d’Elæa , (¡u’Alhcncs ne lest du Pyréc.
Le palais du maître actuel de Pergame est le premier édifice que l’on
trouve en arrivanl, ct quoiqu’il ne réponde pas à I’exlrcmc opulence du
possesseur , il est cependant vaste ct imposant ; scs avenues sans défenses
annoncent la sécurité , ct 1 on sait grc à celui qui l'habile de pouvoir jouir
sans crainte de cette belle plaine couverte de moissons et d arbustes fleuris;
de n’étrc pas réduit à s’cmprisomier sur le sommet d’une montagne aride,
où ses prédécesseurs eberchoient , entourés d une garde formidable, un
asyle contre les dangers de leur puissance.
Plusieurs sentiers conduisent jusqu’au sommet de la montagne , ct
à l’cnccintc de la forteresse dont l’intérieur est rempli des plus riches
débris. On reconnoît facilement ceux du temple dc Minerve victorieuse ,
A0HNA2 NIKHi)OPOT , légende d’un grand nombre de médailles que l’on
trouve souvent à Pergame , ct que l’on a jusqu’à présent cru appartenir
à Athènes. Cc temple n’est pas vaste , mais tous ses vestiges portent l’cm-
prcinte du plus beau style ; scs chapiteaux corinthiens , ainsi que la
précieuse exécution dc tous les orncmens , attestent qu’il fut élevé à la
plus brillante époque des arts. Pour en assurer la solidité , on ne
sc contenta point d’écrèter le sommet de la montagne , on soutint le
talus du terrein par un mur de terrasse construit avec d’énormes blocs
de granit; et c’est sur cette masse indestructible que s’offroit à tous les
regards le temple dc la divinité tutélairc. Dans celle meme citadelle
existent encore plusieurs belles citernes dc construction antique , souvent
réparées, et presque Loujours entretenues pour les besoins des soldats
dc tant de nations , q u i, depuis le petit-üls d’Achille jusqu’à nous , ont
successivement gardé ce poste important.
D E L A G R E C E . 33
En descendant de la citadelle , je laissai à ma gauche les ruines d’un
édifice ; et me rapprochant du premier mur antique el flanqué de tours,
je me trouvai sur une vaste terrasse qui forme une saillie soutenue par
le revêtement le plus solide ; des contrc-foiTs l’appuient dans toute sa
liautcur. Sur cette place, qui offre quelque ressemblance avec le Pnyx
d’Athènes, sont des débris dc colonnes; maison ne pourroit former que des
conjectures vagues et hasardées sur le monument auquel elles appartc-
noicnt. Celte première enceinte indique rélenduc qu’avolt la forteresse,
lorsque Lysimaquc en confia la garde à Philctærus. Depuis, scs opulens successeurs
bâtirent plus bas, sur la pente dc la montagne , leurs somptueux
palais , et une seconde muraille forma une nouvelle enceinte. Nous
retrouverons bientôt dans Alexandria-Troas , des accroissemens successifs
(.¡ui ont une origine semblable. De quel intérêt ne seroicnt pas des fouilles
faites à Pergame, parmi ces amas de belles ruines, ct dans ces fondcmcns
qui , peut-être , rccélciil des voûtes ignorées et des souterrains fermés
depuis tant de siècles ! Un long aqueduc portoit dans lo palais les eaux
du Celius, prises à une hauteur égale dans ic ravin par lequel elles descendent
, pour aller sc jeter dans le Caïcus , à une petite lieue vers le
sud-csL.
Hors de la citadelle , on rencontre les ruines d’un temple et celles
d’un grand édifice. L’on peut présumer , d'après un fragment sur lequel
sc lisent les Ictlrcs n P T T . . . , que c’est le Prytanée , où s’assembloient
les magistrats civils et sacnis qui , au commencement dc chaque
année , étoient renouvelés par le peuple , ct présidés par le stratège ,
S r p a rn y o ç .
Mais les restes du temple d’Esculape appellent la curiosité du voyageur.
Ce monument fut daus sou origine ¡»lacé sur le bord du Seliiius :
lorsque dans les siècles suivans on voulut lui donner plus dc magnificence
et plus d’étendue, on imagina de couvrir le lit du fleuve par une
superbe esplanade ou terrasse carrée , sous laquelle deux longs canaux
voûtés en briques donnent aujourd’hui encore , un double passage aux
eaux du Solinus : clic étoit enfermée entre des murailles ornées de
niches et dc colonnes , dont on reconnoît des parties au milieu des maisons
ot des jardins qui les recouvrent. Celte place étoit le temenos-,
reuceintc sacrée, que l’on pratiquoit autour de la plupart des temples;
et il est à remarquer (¡uc celle-ci ressemble beaucoup à l’cucciute du
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