
(l’aillenrs qvi’unc designation assez nalitrelle de. la ville dVEnos possédée
par Polh s. C’est ainsi qnc plus d’une fois de simples épithctcs ont paru
dc véritables noms, ont fait croire à l’cxistcncc dc i|uel(jucs villes de jilus,
et embarrassé lo géographe qui n’a pour guide que les passages dont i!
Lire scs inductions.
On retrouve Pollys régnant encore au temps de la guerre de Troie,
ct recevant des ambassadeurs grecs cl trovcns (i) . Si l'on ne consciil
pas il lui accorder une si longue carrière, on pourra supposer que scs
eiifaus portèrent le même nom que lui.
Entre .Enos et la roche Sarpédonionnc, éloit le tombeau dc Poly-
dore, qu’oii moutroit du ti'inps dc Pline, ct qui peut-être n’est pas
encore d(àruil; car on a retrouvé sur ces mêmes lieux uu dc ces monticules
dc terres rapj)oiTécs, qui sont tous des monumens consacrés aux
morts.
Ænos avoit reçu Irès-ancicnncmcnt des colons grecs, d’abord établis
il Alopcconcsos daus la Cliersoucse dc Tlirace ; ct sa population s’étoil
ensuite accrue dc nouveaux citoyens que lui avoient envoyés les villes
éollcnnes dc Mitvlèiic cl dc Cyme (2) : clic fut conquise par les Perses
avec toutes les autres villes de Thracc (3) , devint tributaire des Athéniens,
ct passa ensuite sous la dominalion de Philippe, père d’Alexandre:
après la mort de celui-ci, elle appartint successivement aux rois d’Egypte,
dc Syrie, dc Macédoine, et devint ciiiîn, lors dc la destruction dc celle
dernière monarchie, la proie des Romains, qui, tout cn lui donnant des
fers, ne l’appoloient pas moins une ville libre (4) ; clic étoit alors déjà
célèbre par des pêiReries qui font encore sa principale richesse (5).
L ’IIèbre., qui descend de la partie la plus élevée des monts lïoemus, cl
dont plusieurs fois dans l’année le cours sc grossit des eaux dc Lous les lorrens
voisins, pousse sans cesse à la merles saldcs qu’il entraîne. Ces sables
ont presque entièrement comblé le golfe au fond duquel sc jette le fleuve,
cn y formant une île considéralile, ct cn exhaussant coiilinuellemcnl le
sol d’an vaste bassin appelé par les anciens le lac ou le port StcnLoris (G).
Sur l i a banc couvert dc cinq à six pieds d’eau , abondent des poissons
de toute espèce , et leurs innombrables f'gions affluent et sc rcnouvellenl
(i)Plutarrli. Apoplit.. p. 171. (/,) Oppidum Ænos lilieruni. l'Hn. Lib. IV, cap. 2.
(a) llarpocral. .Suid. , et Slcpli. , vpri.. Max. (5) Ubci). Lib. III. cap. i3.
(3 , Herüdoi. Lib. VU, cap. 58. Tliiicyd. Lib. VU, (ü^ llcrodol. Lib. IV. cap. 58. Win. Lib. IV , cap.
.Laque jour. Cc lac ou cc port, daus lequel o.t uc pouclrc que par rule
.'iroilc ouverture, sera uu jotir entiéreiucnt eoiuldc; mais ce ehaugemeut
u’cst pas prochain, et plusieurs g.mératious jouiront encore des ressources
que la pèche procure au.x hahUaus : ses produits ahoudans ue douueut
pas seuls quelque importance i la ville d’Æuos : elle est rciitrcpèl du
eomincrce d’Adriai.opIc; c’est la qii’oii débarque les marebaiidiscs étrangères
: 011 les charge ensuite dans des bateaux, qu’ou fait remonter sur
fllébro jusqu’à cette capitale de la Tlirace : ou eu rapporte eu retour,
des lames, .les grains, du riz, el des p.aux de lièvre, liranelie dc coiii-
meree assez récente, el qu’a fait uaitre le besoin dc suppléer daus nos
(abri.iucs à la rarcK; des peaux dc castor.
Les bakaux peuveiil seuls entrer daus le lac Sle.noris, ct mouiller
au-dcla d’uiio barre dc sable qui eu gène fciilréc, cl sur la.piclle il ii’y
a que .leuxffi-asses d’eau. Les navires restent .ai dehors, sur uuc rade
abritée du eôl.i dc l’est, mais exposée à lous les autres vents. Î B I . Truguet
et Racord établirent un observatoire sur la pointe qui la ferme au midi,
cl ils cn d.dermincrcnt la latitude à .jo"/, i' 58*, ot la loiigilude à ad” 38'
•ag' à l’orient .lu m.iridieu de Fans. Au-dessus de file basse et saliloimcusc,
qui s’est formée dans celle baie jadis vaslc el profonde, nous relro.ivons
la pos.lion dc Doriscos, château près duquel Xcrxès lit le dénombrement
dc scs troupes, par uu moyeu assez étrange, du moins si l'on doit
en croire les historiens grecs, toujours soigiiciix d'c.xagcrcr les forces
<ie leurs ennemis ( i) . Le grand roi fil sueeessiveinent passer loule son
armée, siuvmit les mis, dans la plaine dc Doriscos .pu ne pouvoit eon-
leiur que dix mille liommes; suivaiil d’aulrcs, dans nue cucciiilc qui
oiiroil avec précision la surface nécessaire à ce même nomlire do soldais*
et il vérifia ainsi en cent soixaiue-.lix .’preuves, que scs forces nioiuoieni
a un million sept cent mille comballaus. Ammicn Marecllin range cette
aiiccdolc parmi les coules que nous a laissés Ja fabuleuse (irèce (a ),
quoique Pline cl l ’ompoiiius Mêla feusseiit rapportée, sans paroîtrc en’
sentir riiivraisemlilaacc (3).
Au-.lelà de Doriscos .doit la ville de Sala, d.qicudantc des liabitaus
lie Samolliraee, cl celle dc Zona, jadis célèbre par uuc planlatioii do
( i l Siepb. Verb, àopimo;.
(2i Vmmiaii. Marodl. l.tb. XI III,.
(3 -. Horn,-a»,,,!,i Xarxon oo[,ias .sm.;
non jiulfnii , s|«iU,. nicusum fcnml
T o / n e U .
^ Llb. II. cap. 2. Pline a cru que la plaine no pmi-
■'l'- '»• 'Oit foiiloiiir que dix mille hommes : ïum locus
.qtii.i nuiucro ODii.scus dcccm luillia honiiuuui capax ; iui Xcixcs
Pomp. Meia. ibi dinuiucravit excrciUim. Plin. Lib. I\ . c.ip. 2,
nS
îî’U